L'expérience en morale. Comparaison avec l'expérience scientifique.

« ~lüf\ALE l.

--- MonALE ET SCIEXCE.

li con,·ient d ·abord de rappeler ce qu ïl faut entendre par morale cl par science, précisant ainsi les caractères qui distinguent ces deux discipline$.

La morale doit répondre à deux questions.

D'ahord : quelle est la fin de la vie humaine, le but vers lequel il faut tendre, l'idéal à réaliser ? Ensuite : par quels moyens pourrons-nous atteindre cette fin, nous rappro­ cher de cet idéal P Ln partie de la morale qui répond à la première ques­ tion est appelée morale générale ou théorique; la réponse à la seconde con$­ !itue la morale sp•~ciale ou morale pratique.

Ma:s il ne faudrait pas rn laisser induire en erreur par le terme de morale théorique : la morale théorique elle-même est pratique; son but essentiel et dernier est de diriger l'action et non de faire comprendre 011 connaitre; seule la généralité des principes ù 'action auxquels elle aboutit justifie le qualificatif de " thr;orique ,, qui lui est parfois attribué.

Au contraire.

la science est essentiellement théorique : elle a pour rôle essentiel de faire connaitre et de faire comprendre.

Sans doute, c'est en vue ùe son utilisation pratique qu ·elle est recherchée par la majorité de ceux qui lui consacrent.

les meilleures années de leur jeunesse; il n'en reste pas moins vrai que l'objet propre de la science est le savoir lui-même : les applications industrielles des découvertes auxquelles elle a abouti ue ren­ trent pas dans le domaine du travail scientifique.

Mais ce n'est pas i1 la science en général que nous avons à comparer la morale.

Cette comparaison n'ayant ici pour but que de préparer celle que nous devons instituer entre l'expérience en morale et l'expérience scien - tifique, nous n'avons à considérer que les sciences dans lesquelles intervient \'expérience, les sciences expérimentales.

Les sciences expérimentales ont pour objet la connaissance et 1 'intel­ ligence de ce qui est, du réel; elles portent des jugements d'existence ou de réalité : la terre est aplatie aux pôles; le phosphore fond à H0 ; la peur trouble les fonctions digestives, etc.

La morale, au contraire, a pour objet essentiel ce qui doit être; elle mon­ tre un idéal; prenant cet idéal comme norme, elle porte de:" jugements de valeur : il faut établir en soi la maîtrise de l'esprit; il est beau de se sacrifier pour le hicn commun et vulgaire de ne songer qu'à soi, etc.

''fous avons là une nouvelle opposition bien nette entre la morale et la science fondée sur l 'cxpérience.

Nous pouvons la formuler en deux mot;o la science est positive tandis que la morale est normative.

Il nous sera plus facile maintenant de comparer ] 'expérience en moralP et l'expérience scientifique.

Il.

- CE QUI EST CO}DIUN AUX DEUX SORTES D'EXPÉf\IE:'ICES.

Partons du genre d'expérience qui nous est le plus connu, sinon le plus familier, l'expérience scientifique ou, pour plus de précision, l'expérience de physlque ou de chimie.

En définitive, toute la technique méticuleuse en usage dans les labo­ ratoires scientifiques n'a qu'un but : assurer une observation ou une consta­ lation aussi pGrfoite que possible.

Sans doute, le lnngagc onlirrnire cl même k lon1w1Ze. »