L'existence est-elle d'un ordre qui ne se prête pas à un traitement logique ?
Publié le 30/08/2014
Extrait du document
Vouloir démontrer une existence, c'est prétendre réduire le réel à son traitement logique, c'est-à-dire confondre notre relation au monde et nos capacités logiques à formuler des vérités, qui ne peuvent être conçues comme coïncidant avec le « réel «.
Autres sujets — Est-il nécessaire que l'histoire de l'humanité ait un sens pour que la vie d'un homme en ait un ? (ES, 1987). — Faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ? (L, 1981). — Exister, est-ce simplement vivre ? (S, 1982). |
«
rigueur : c'est précisément dans la mesure où l'hypothèse à partir de
laquelle se construit la démonstration
n'a pas à être éprouvée que le rai
sonnement peut
se déployer sous l'aspect d'une nécessité dont c'est bien
la raison elle-même qui décide.
Descartes soulignera à son tour que la certitude que
1' on rencontre en
mathématiques provient très précisément du fait que la pensée
n'y est
aucunement freinée par l'expérience, et c'est finalement Kant qui préci
sera dans son propre vocabulaire, ensuite massivement repris, que les
mathématiques se distinguent des autres modes de savoir par leur carac
tère entièrement
a priori.
Il notera même que ce caractère confère aux
jugements logico-mathématiques une dimension apparemment para
doxale, puisqu'ils sont qualifiables comme
« synthétiques a priori ».
Lorsque Spinoza rédige L'Éthique «more geometrico », il s'agit pour
la philosophie de se rapprocher au maximum de ce modèle démonstratif
dont les mathématiques montrent l'incontestable efficacité.
Aussi
isole-t
il, comme dans tout système hypothético-déductif, ses postulats, axiomes
et définitions initiaux, puisqu'il faut bien que la pensée et la démonstra
tion trouvent leurs points de départ.
La tentative spinoziste a sans doute
l'avantage de révéler que tout système philosophique repose comme le
sien sur des propositions premières plus ou moins explicitées : il
y a des
postulats fondateurs du platonisme comme de l'aristotélisme, à partir des
quels des systèmes différents peuvent s'élaborer par déduction.
Ainsi, lorsque Platon affirme, qu'au-delà du raisonnement
« par hypo
thèse
», l'esprit doit se déployer de manière « anhypothétique » pour
entrer en contact avec
les« Idées» par une pure intuition rationnelle, c'est
l'existence même de ces «Idées» qui est hors de portée d'une démonstra
tion dans la mesure
où elle est affirmée comme résultant d'une« croyance»
ou d'une« intuition» de la part du philosophe lui-même.
Dans ce cas, on
est amené à constater que c'est ce dont l'existence fonde le système dans
sa totalité qui reste indémontrable.
S'agit-il
d'un «défaut» particulier à
Platon, ou est-ce parce que l'existence de ces
« Idées », comme toute exis
tence, serait en effet radicalement indémontrable ?
[Il- L'existence se constate]
Un premier élément de réponse est évidemment suggéré par les objets
mathématiques eux-mêmes : plus on les inscrit dans des démarches
démonstratives, plus on souligne leur nature
a priori, c'est-à-dire indépen
dante de toute expérience.
Autrement dit,
1' ensemble des argumentations
qui les concernent ne leur confère qu'une existence théorique, à titre d'ob
jets purement rationnels, mais jamais susceptibles d'être empiriquement
perçus..
»
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