L'existence est-elle absurde?
Publié le 11/04/2005
Extrait du document
Analyse du sujet :
- Dans son acception commune, l’existence désigne la manière dont les choses sont présentes effectivement : ce qui est réel existe et ce qui n’est pas réel n’existe pas.
- Il faut encore, parmi ce qui n’est pas réel, distinguer ce qui n’est absolument rien du tout de ce qui est tout de même quelque chose mais n’existe pas. Ainsi l’existence s’oppose-t-elle premièrement au pur néant, et deuxièmement à la simple possibilité.
- L’existence n’est pas non plus l’essence : lorsque nous disons ce qu’une chose est, nous tentons de définir son essence (par exemple : « la fleur est rouge «). En revanche, si nous simplement d’une chose qu’elle est, nous voulons dire qu’elle existe effectivement, réellement (par exemple : « la fleur est «).
- L’existence désigne encore, d’une part l’existence humaine en générale, c'est-à-dire le simple fait pour nous d’être là ; d’autre part notre existence individuelle, particulière, c'est-à-dire notre vie dans toute sa singularité.
- Le deuxième concept qui nous intéresse est celui de sens (ou signification), puisque ce qui est absurde est précisément ce qui est dénué de sens.
- Le sens (ou signification) est d’abord celui des mots et des phrases qui en sont composés : le sens est ce que nous voulons dire et comprenons lorsque nous les utilisons. En comprenant ce qu’un mot ou une phrase signifie, nous savons à quoi ils renvoient, ce qu’ils désignent : une chose, une action, une idée, etc. Les mots et phrases font donc signe vers quelque chose. C’est en tant que signes que précisément ils signifient.
- Mais le sens des mots et des phrases varie en fonction des contextes, à partir desquels seuls il nous est possible de déterminer ce à quoi les mots et phrases renvoient. Aussi ne renvoient-ils pas en eux-mêmes à des idées ou choses, mais n’existent qu’en tant qu’ils appartiennent à un système organisé.
Problématisation :
Si l’existence d’une chose désigne pour elle le fait d’être là, et si de plus l’essence de cette chose n’apprend rien sur son existence, alors déterminer le sens de son existence, c’est seulement dire pourquoi elle est là, bien réelle plutôt qu’absente. C’est donc répondre à la question « pourquoi une chose existe-t-elle ? «, qui peut être interprétée de deux manières : la question « pourquoi « invite à fournir ou bien une raison, ou bien une destination (« pour quoi ? «). Par exemple, je peux dire que je suis ici pour faire telle ou telle chose ou alors parce qu’on m’y a envoyé… Il nous faut donc envisager deux problèmes :
I – Pour quelle raison quelque chose existe-t-il ?
II – En vue de quoi quelque chose existe-t-il ?
«
possibles dont il compare l'essence à cent Thalers réels : on peut dans les deux définir entièrement ce qu'ils sont etles deux définitions seront les mêmes.
Par conséquent, l'existence n'est pas un prédicat de la chose.
Autrement dit,l'essence n'enveloppe pas l'existence.
Pour Kant , les preuves de l'existence de Dieu sont des niaiseries.
Il n'est pas possible de prouver l'existence d'un être transcendant.
Il est impossible de connaître un être qui nous dépasse.
Dansl'argument ontologique, le premier concept, ce n'est pas Dieu mais l'idée de Dieu .
Si nous disons Dieu , nous supposons qu'il existe avant même de le démontrer.
L'idée de Dieu est l'idée d'un être qui possède toutes les perfections.
Or, un être parfait est un être qui existe, donc l'idée de Dieu existe.
Il s'agit pour Kant d'un jugement analytique du type : un tri-angle a trois angles.
Un tel jugement n'ajoute rien à l'idée de triangle.
Le prédicat est contenu dans le sujet.
Les propriétés dutriangle sont contenues dans le concept même de triangle.
L'argumentation de Descartes reste donc au niveau des idées.
La preuve ontologique n'est qu'une misérable tautologie.
Pour Kant le concept n'est qu'une possibilité logique mais on ne peut pas conclure de la possibilité logique desconcepts à la possibilité réelles des choses.
Autrement dit, de l'idée d'un Etre parfait, j'ai bien ledroit de conclure à l'idée que l'existence doit lui appartenir, mais nullement à son existence elle-même.
Dans la preuve cartésienne, le passage à l'existence, du Logique à l'Ontologique est indu.Le concept est toujours possible quand il n'est pas contradictoire.
Ainsi, par exemple, le conceptde carré est possible si je ne lui attribue pas deux prédicats contradictoires.
A contrario, « poser un triangle en en supprimant les trois angles est contradictoire », mais si je fais disparaître à la fois le triangle et les trois angles, « il n'y a plus là de contradiction ».
Il en est exactement de même du concept d'un être absolument nécessaire.
Si vous lui ôtez l'existence, vous supprimez la choseavec tous ses prédicats : « Si je supprime le prédicat d'un jugement en même temps que le sujet, il ne peut jamais en résulter une contradiction interne ».
Ainsi , pour Kant , l'existence ne peut se constater que par la voie empirique et non par la Raison.
Il faut distinguer le niveau des idées decelui de la vie.
Existe-t-il un Dieu réel ? Nous ne pouvons pas répondre en nous appuyant sur les principes de la Raison. Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant , l'illusion est portée au cœur même de la raison.
Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.
C'est le sens de l'illusion transcendantale : laraison prétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans unphénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu ). Dans notre perspective, l'hypothèse d'un sens de l'existence qui serait sa cause ne peut alors pas être maintenue.
Ilnous faut envisager une autre hypothèse et répondre à la question : III – En vue de quoi quelque chose existe-t-il ? On voit immédiatement qu'en remplaçant la cause par le but, on retombe dans le même écueil que précédemment :un problème va à nouveau se poser lorsqu'il s'agira de déterminer le but dernier.
Autant dire que le sens del'existence en général n'est ni le but, ni la cause du fait qu'il y ait quelque chose.Nous ne pouvons alors que nous tenir au fait qu'il y ait quelque chose, sans jamais se poser la question « pourquoi ? » à laquelle il est impossible de répondre.
Si l'existence a un sens, alors celui-ci est pur surgissement (« il y a »).
Lesens ne l'existence ne peut pas être un surgissement qu'il faudrait penser par rapport à un néant qui serait premieret auquel l'existence viendrait s'opposer.
Il s'agit bien d'un pur surgissement : il faut en rester au fait pur et simpleque nous sommes là.
Autrement dit, l'existence est un fait ; son caractère est donc la facticité, comme lesoulignera Heidegger dans Etre et Temps .
Il déterminera plus précisément l'existence humaine (ou dans ses termes, l'existence du Dasein ), comme être-jeté.
Nous sommes à chaque instant extérieurs à nous même, jeté au monde. Comme le reprendra Sartre dans l'Etre et le néant, notre existence est première et précède notre essence ; elle a lesens d'un projet..
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