l'existence d'un inconscient est-elle nécessaire a la vie de la pensée ?
Publié le 18/11/2005
Extrait du document
Remarque d’introduction :
· La formulation du sujet est du type « X suffit-il à rendre compte de Y « ; autrement dit, ne pouvons-nous connaître Y que si et seulement si nous connaissons d’abord X ?
· La difficulté vient du fait que X et Y sont ici « l’existence de la matière « et de l’autre, « l’existence de la pensée «, soit deux ordres distincts aux propriétés distinctes.
Ø En effet, est matériel, ce qui est étendu (ou occupe un certain espace), sensible (ou perceptible), qui obéit globalement au régime de la causalité. Matériel = objectif et physique.
Ø Au contraire, ce qui relève de la pensée, est spirituel, n’est observable que d’un point de vue individuel (personne ne peut dire pour moi à quoi ou à qui je pense à tel instant), n’est ni spatial, ni étendu (je ne peux pas dénombrer les feuilles de l’arbre que j’imagine comme je le ferais de cet arbre que je regarde). Pensée = subjectif et mental.
· Cependant, le présupposé du sujet indique que ces 2 ordres ne sont pas opposés : on peut partir de la matière pou rendre compte de la pensée (Cf. l’entreprise actuelle des Neurosciences : le cerveau est un dispositif matériel à partir duquel on peut rendre compte des phénomènes mentaux).
· Il faut donc discuter ce présupposé et examiner dans quelle mesure il est tenable : l’existence de la pensée est-elle exclusivement fondée sur l’existence de la matière ? [une fois de plus, elle l’est (= présupposé) mais tout le problème est de savoir si la matière est le seul fondement, si elle suffit]
· Enjeu : comment concevoir la nature humaine (l’homme = système matériel et/ou autre chose ?)
Problématique : Les neurosciences contemporaines définissent la pensée comme une propriété émergente de certains processus cérébraux, et donc matériels. Mais, si matière et esprit sont bien 2 ordres distincts aux propriétés distinctes, ne risque-t-on pas de manquer ce qui fait la spécificité des phénomènes mentaux ? L’existence de la matière suffit-elle à rendre compte de l’existence de la pensée ou bien, peut-on poser qu’une partie de la pensée est irréductible à la matière ?
«
nécessaire, et pour la science, suffisante . 2- L'EXISTENCE DE LA MATIÈRE EST LA CONDITION DE POSSIBILITÉ DE L 'EXISTENCE DE LA PENSÉE a) deux ordres homogènes l'un à l'autre Que j'éprouve subjectivement ma pensée ne prouve pas encore qu'elle existe objectivement .
C'est pourquoi, toute doctrine matérialiste pose qu'il faut, pour rendre compte de l'existence de la pensée, partir de l'existence de lamatière en considérant celle-ci comme le fondement de la pensée : matière = ce sans quoi la pensée ne pourrait exister. C'est la philosophie de Lucrèce qui fournit la première illustration du matérialisme.
Pour l'auteur du De natura rerum , l'âme, tout comme les choses, est composée d'atomes en mouvement ; la seule spécificité de l'âme tient à ce que les atomes qui la composent sont beaucoup plus subtils et plus mobiles que ceux qui composent les corpsextérieurs.
Dans cette logique, tous les produits de la pensée sont des phénomènes physiques : les degrés d'abstraction et de complexité des idées dans la pensée n'attestent pas d'une essence spirituelle radicalementdistincte de la matière ; ils correspondent seulement aux degrés de subtilité et de mobilité des corpuscules dematières qui les constituent. Avec Lucrèce qui pose les bases ontologiques du matérialisme (l'univers est composé de particules en mouvements), on voit qu'il existe une continuité entre la matière et l'esprit.
En effet, on ne peut rendre compte de la pensée en termes objectifs et scientifiques, si on n'admet pas que pensée et matière sont homogènes. b) La pensée est une propriété émergente de processus physiques On retrouve chez Hume, une logique analogue à celle exposée.
Seulement le rapport entre la matière et la pensée se trouve transposé à l'intérieur de l'entendement où il devient rapport de l'impression à l'idée.
En effet, pourHume, il n'y a aucune différence de nature entre l'impression (ou sensation première et singulière d'une chose) et l'idée (la même impression mais pensée) : si la pensée n'a affaire qu'à des idées et non à des impressions, elle ne sedistingue des sensations que par un moindre degré de vivacité (l'idée = impression copiée et donc d'une force < àl'original). Enjeu de l'empirisme : montrer contre Descartes, qu'il n'existe pas de rupture entre le corps et l'âme et que la pensée est un fait du monde.
Conséquence : comme telle, on peut la connaître .
Au contraire, la thèse Descartes est métaphysique : elle ne rend pas compte de ce qui existe (voir les « repères » du programme : « abstrait/concret » ; l' existence est du domaine du concret : de ce qui est physiquement observable) Transition :· On vient de voir, contre l'idéalisme qui postule une existence séparée de la pensée, que matière et pensée doivent être homogènes : la pensée résulte de certains processus matériels· Cependant , s'il existe une continuité entre matière et esprit, à quoi bon maintenir encore la différence ? Ne sommes-nous pas amenés à nous engager dans la stratégie contemporaine des Neurosciences qui cherche à réduire l'ordre des phénomènes mentaux à celui des phénomènes physiques ? On sait cependant le genre d'impassesauxquelles conduit cette démarche (rappel 1-a).· Problème : Comment conserver la continuité matière/esprit, et avec elle la possibilité d'une science de la pensée, sans nier leur différence ? 3- L'ÂME ET LE CORPS : LES DEUX ATTRIBUTS D 'UNE MÊME SUBSTANCE Pour Spinoza, la distinction âme corps et donc, la différence matière et esprit est fonction du point de vue que l'on a sur l'être.
En effet, la pensée et l'étendue ne sont que deux des infinis attributs de la substance unique qu'est la nature . L'existence de la matière et l'existence de la pensée ont un même fondement et leur différence ne vient que de ce que l'on conçoit un même individu « tantôt sous l'attribut de la pensée, tantôt l'attribut de l'étendue ».Du coup, on a certes aucune hétérogénéité mais une hétérogénéité qui n'interdit pas un monisme ontologique : matière et esprit sont également deux manifestations de la substance divine mais, ils sont aussi distincts puisque l'appartenance à la substance divine est leur seul dénominateur commun.
Conséquence : leparallélisme des attributs (thèse selon laquelle pensée et étendue interagissent parallèlement ou réciproquement etnon causalement) fait que physicalisme aussi bien que spiritualisme sont tenables à condition de préciser de quel point de vue ils se placent et de s'y tenir .
[La physique n'est pas une psychologie, la psychologie n'est pas une science exacte].
[1] Il existe cependant d'autres zones cérébrales impliquées dans le langage, notamment, l'aire de Wernicke..
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