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L'existence de l'inconscient est-elle une hypothèse ou une certitude ?

Publié le 10/01/2004

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Prouver suppose un raisonnement, et l'existence semble bien échapper au raisonnement. Ne doit-on pas néanmoins conserver l'existence de l'inconscient comme idée féconde et hypothèse éclairante ?   

 

HTML clipboardLe concept d’inconscient a été théorisé au début du XXème siècle par S. Freud, fondateur de la psychanalyse, qui s’origine justement dans l’existence de l’inconscient. Freud se pose donc en « découvreur « de l’inconscient, et pour lui son existence ne fait aucun doute. Avant lui, certains philosophes de la perception, tel J. Locke, avaient remarqué que nous pouvons être inconscient de certaines choses, que nous percevons cependant sans y être attentif. L’inconscient ne semble certes pas inventé de toute pièce, et la psychanalyse issue de Freud a prouvé grandement sa réussite. Pourtant, l’inconscient, parce qu’il est par définition un mystère, ne pourrait-il pas être qu’une abstraction conceptuelle dont l’effectivité ne serait qu’hypothétique ? L’existence de l’inconscient est-elle une hypothèse ou une certitude ?

« expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui nous viennent sans que nous enconnaissons l'origine, et de résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée.

Tous ces actesconscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu'il faut bien percevoirpar la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d'actes psychiques ; mais ils s'ordonnent dans un ensembledont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés.

Or, nous trouvons dans cegain de sens et de cohérence une raison pleinement justifiées, d'aller au-delà de l'expérience immédiate.

Et s'ils'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnée de succès, parlaquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis,avec ce succès, une preuve incontestable de l'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse.

» FREUD, « Métapsychologie ». Introduction. Concernant l'inconscient, et en réponse à des objections, Freud : 1) considère que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire.

Il en donne les raisons (actes manqués, rêves,symptômes psychiques). 2) Considère que l'hypothèse de l'inconscient est légitime parce qu'il est possible de fonder sur elle une pratiqueefficace. Le texte de Freud est une réponse à des critiques nombreuses opposées à la notion de « psychique inconscient », plus simplement d'inconscient, compris comme une composante de l'appareil psychique. La formulation de la réponse de Freud est très ordonnée et commande les deux partie du texte : d'une part l'hypothèse est nécessaire ; d'autre part, elle est légitime. En même temps, la volonté d'une démarche scientifique est nettement affirmée : emploi de la notion d'inconscientcomme hypothèse, recours à l'observation de faits (actes manqués…), capacité d'aller au-delà de l'expérienceimmédiate, constitution d'une théorie (« gain de sens, cohérence »), vérification expérimentale par le recours à une pratique programmée qui, de manière ultime, valide l'hypothèse initiale. 1) Nécessité de l'hypothèse.

Jusqu'à Freud , l'idée de psychisme était strictement analogue à celle de conscience. Freud rappelle lui-même la portée de cette interprétation : tout acte psychique bénéficie du témoignage de la conscience. 2) La position de Freud , au contraire, est la suivante : il y a des actes psychologiques conscients qui ne peuvent être expliqués que par des actes psychiques qui, eux, échappent « au témoignage de la conscience ».

La conscience n'a pas de valeur explicative totale, mais seulement partielle.

Dans bien des cas, un acte psychiquene « bénéficie pas du témoignage de la conscience » , mais s'explique par un autre acte psychique : d'où l'idée d'enchaînement continu (et sous-jacent) des actes psychiques.

Alors que la conscience est un phénomène desurface dont « les données sont lacunaires » (et non pas continues), et même, souligne Freud , le plus souvent « extrêmement » lacunaires.

Autrement dit, il n'y a pas identité entre conscience et états psychiques, mais un champ plus large des états psychiques que celui de la conscience. Freud fournit des preuves.

On pourrait « contester » l'existence d'un inconscient chez l'homme sain.

Contre cette thèse, Freud argumente sur le principe du « aussi bien » : aussi bien l'homme bien portant, que le patient.

Avec des exemples facile à reconnaître pour soi-même, en ce qui concerne « l'homme sain » : les actes manqués, les rêves. Domaine immense, constamment présent dans notre vie quotidienne. Pour ce qui concerne le malade, Freud simplifie le vocabulaire médical en utilisant le terme générique : « tout ce qu'on appelle symptômes psychiques », quitte à employer aussi le terme plus technique de « phénomène compulsionnel ».

Mais les deux expressions renvoient bien à l'idée d'inconscient.

Tout symptôme est symptôme de quelque chose d'autre (un état psychique qui renvoie à un autre état psychique…) Quant à la compulsion, elle estcette tendance forte à répéter des situations névrotiques qui ne peut s'expliquer que par référence à uninconscient. Freud apporte aussi son témoignage de praticien : « notre expérience quitidienne la plus personnelle ».

En se référant au même modèle que précédemment : d'une part, des idées qui nous viennent sans que l'origine soitconsciente (et qui ne peuvent donc s'expliquer que par un autre rattachement : le rattachement à l'inconscient).D'autre part des « résultats de pensées » qui sont ces « actes psychiques » dont l'élaboration nous demeure cachée, sauf à les rapporter à d'autres actes psychiques, qui ne peuvent s'expliquer que par le recours àl'inconscient. Enfin, Freud résume les conséquences des deux hypothèses.

D'abord celle de ses adversaires, relativement disqualifiée au moment même de sa présentation (« si nous nous obstinons à…. »), puisqu'elle fait songer à une crispation sur une théorie ancienne & dépassée.

En bref, si l'on ne recourt pas à l'hypothèse de l'inconscient, lesactes conscients qu'on peut rassembler (et puisqu'on rejette l'hypothèse de l'inconscient, ce sont les seuls actesqu'on peut mettre bout à bout), compte tenu de leur caractère lacunaire, « demeurent incohérents et incompréhensibles ».

On voit comment Freud met en cause le privilège classique de la conscience : alors que la. »

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