l'existence a-t-elle un sens si l'histoire n'en a pas ?
Publié le 17/11/2005
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L'expression « notre existence « englobe l'ensemble des vies humaines, considérées du point de vue de leur raison d'être, de leur destination, de leur justification, puisque le soupçon est ici porté sur le « sens «, c'est-à-dire à la fois sur la signification et la destination, de ces existences.
La question du sens de l'existence humaine est ici posée dans le cadre d'un problème précis, celui de l'existence ou de la non existence d'un sens de l'histoire. L'histoire est à la fois l'ensemble des événements humains qui sont advenus dans le temps et la science que l'on a de ces événements. La question du sens de l'histoire porte plutôt sur la première définition de celle-ci, elle pose le problème du sens de l'existence humaine en tant qu'elle est collective et qu'elle se déroule dans le temps, bien au-delà de la durée d'une vie humaine. Le problème est donc celui des sens respectifs de l'existence individuelle et de l'existence collective, considérées dans leurs relations l'une à l'autre.
La question posée englobe une supposition : celle que l'histoire n'a pas de sens. Cette supposition constitue le premier élément problématique. Il ne s'agit pas pour autant de faire de la question du sens de l'histoire l'élément central du sujet, puisque le sujet porte bien plutôt sur les conditions auxquelles notre existence humaine a un sens, le sens ou le non-sens de l'histoire faisant partie de ces conditions. Le second élément problématique, essentiel, est donc celui du sens de l'existence, sur lequel l'on fait porter le soupçon. Ce soupçon provient d'un constat selon lequel le sens de l'existence est difficile, voire impossible à discerner, et participe donc d'un sentiment d'absurdité de la vie. Cette position pessimiste quant au sens de la vie constitue le présupposé essentiel du sujet.
Ainsi, le sujet pose une question qui est déjà conditionnée par une certaine position sur le sens de l'existence et sur le sens de l'histoire. Il faudra interroger cette position dans ce qui la fonde comme dans les éléments qui entrent dans sa composition, afin de définir le rapport qu'il faut établir entre l'existence individuelle, l'existence collective, historique, et les sens ou les non-sens à leur assigner. Ce travail prend en charge un enjeu important de l'interrogation philosophique générale sur le sens de l'existence.
«
B.
Alain, Propos sur le bonheur
Tant que l'on n'a pas bien compris la liaison de toutes choses et l'enchaînement des causes et des effets, on estaccablé par l'avenir.
Un rêve ou la parole d'un sorcier tuent nos espérances ; le présage est dans toutes lesavenues.
Idée théologique.
Chacun connaît la fable de ce poète à qui il avait été prédit qu'il mourrait de la chuted'une maison ; il se mit à la belle étoile ; mais les dieux n'en voulurent point démordre, et un aigle laissa tomber unetortue sur sa tête chauve, la prenant pour une pierre.
On conte aussi l'histoire d'un fils de roi qui selon l'oracle,devait périr par un lion ; on le garda au logis avec les femmes ; mais il se fâcha contre une tapisserie quireprésentait un lion, s'écorcha le poing sur un mauvais clou, et mourut de gangrène.
L'idée qui sort de ces contes, c'est la prédestination que des théologiens mirent plus tard en doctrine ; et celas'exprime ainsi : la destinée de chacun est fixée quoi qu'il fasse.
Ce qui n'est point scientifique du tout ; car cefatalisme revient à dire : « Quelles que soient les causes, le même effet en résultera ».
Transition : A la question de la possibilité du constat d'un sens de l'existence compte tenu de l'existence ou de la non existence d'un sens de l'histoire on peut peut-être préférer celle de la construction rationnelle, par l'individud'un sens de l'histoire comme d'un sens de l'existence.
L'homme ne subit alors plus l'absurde, mais peut le dépasser.
II.
La possibilité d'une construction intellectuelle conjointe du sens de l'histoire et du sens de l'existencede l'individu
Dans cette perspective l'homme devient responsable devant le sens de son existence, de même qu'il est responsablede la manière dont il participe au sens de l'histoire.
La question posée par le sujet se trouve alors invalidée dans saformulation, qui supposait une passivité de l'homme devant le sens de l'histoire.
Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale
Des hommes, qui n'ont pas simplement l'être en tant que réalités de fait dansle monde des réalités de fait, en tant que réalités psycho-physiques, mais quiont aussi un autre être, leur être de personnes dans une totalité depersonnes, et en tant que tels n'ont pas seulement des attaches extérieures,mais des liens qui les unissent sur quelque chose.
Nous présupposons déjà laforme la plus haute de normalité de l'existence humaine, en tant qu'existencedans un peuple normalement uni dans les liens d'un Etat, dans un régimeétatique qui possède une ordonnance de la volonté d'après des relations dedomination et de servitude.
Dans cette normalité chaque personne adulte asa fonction, chacune a ses tâches et vit dans leur remplissement actif ; ettoutes les tâches et tous les remplissements de tâches ont leur unitésynthétique, qui est présente dans chaque personne même comme un horizonde conscience, même si elle n'est pas donnée dans une conscience expliciteni thématisée comme une totalité.
C'est plutôt l'horizon permanent qui donne à tout thème subordonné, à toutbut particulier, le sens d'un thème dans cet horizon thématique, d'unremplissement de tâches partielles dans l'ensemble de la tâche, remplissementqui est pour chaque personne son devoir et auquel elle est obligée.
Dans cet ensemble nous trouvons aussi la philosophie comme tâche, comme métier personnel.
Mais nous remarquons ici uneparticularité de ce métier, une particularité en tout cas qui ne s'attache pas à tous les métiers dans la totaliténormale du peuple et de l'Etat (la totalité de la communauté).
Le travailleur manuel, le cadre et le travailleur dansles métiers sociaux de l'activité industrielle, le fonctionnaire au service de l'Etat, s'il lui arrive de méditer sur le« sens » de son existence dans ce métier, n'a besoin pour cela d'aucune méditation historique.
Mais le philosophe,lui, en a besoin.
Son existence comme philosophe est historique en un sens bien particulier, en un sens autre quecelui dans lequel tout métier, et le tout des métiers, qui appartiennent à la structure de l'existence dans un peupleet un Etat, sont historiques.Tout homme, en tant que personne, se trouve pris dans le contexte de sa génération, lequel, compris au sensspirituel personnel, est pris dans l'unité d'une historicité ; celle-ci n'est pas seulement une série de faits passés, elleest au contraire implicitement dans tout présent, dans sa factualité, comme un acquis spirituel caché, comme lepassé qui a formé la personne actuelle et, en tant que formation de celle-ci, est impliquée en elleintentionnellement.
C'est à quoi se rattache le vague savoir que tout homme possède sur son être et sur sagénération ; mais celle-ci n'est pas pour lui en général comme un enchaînement de personnes présentes et depersonnes mortes depuis longtemps, puisque celles-ci bien que mortes, existent encore actuellement maintenant(...), fécondant les idées des contemporains toujours à nouveau, les produisant ou éventuellement les empêchant,et qu'en tout cas elles motivent dans leur existence professionnelle.
Transition : Si l'on peut envisager un dynamisme de l'homme face au sens de l'histoire et au sens de l'existence, onpeut peut-être envisager également la possibilité de la construction d'un sens de l'existence qui disqualifierait la.
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