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L'exigence morale conduit-elle l'homme au-delà de lui-même ?

Publié le 09/09/2009

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morale

L'exigence morale conduit-elle l'homme au-delà de lui-même ?

 1. Différence entre l'homme et l'animal : l'animal « est là où il est « (Gusdorf) et ne peut dépasser ce que la nature lui impose ; l'homme est capable de dépasser le simple besoin, et par là, de s'engager sur la voie du dépassement de soi : les désirs et les passions en sont l'illustration. Les limites naturelles imposent à l'animal des besoins et des instincts ; l'homme a des sentiments et des désirs dont l'expression est culturelle et historique. Or, cette sensibilité, qui peut prendre la forme excessive des passions, apparaît comme essentielle dans l'accession au bonheur, à l'épanouissement de soi, à l'expression d'une personnalité. Et, liés à une origine sociale, la forme des sentiments (de plaisir et de déplaisir), le contenu des désirs (ainsi que des craintes), sont intimement liés aux rapports avec autrui. L'éducation joue un rôle fondamental dans l'avènement de cet aspect essentiel de la nature humaine. De plus, le bonheur semble ne tenir qu'à la réalisation effective des désirs menant à des plaisirs irremplaçables. Or, l'éducation, tout en révélant les désirs, les limite, les frustre. En effet, elle exige le respect de règles morales. Une exigence, c'est ce qui est demandé, réclamé, voire commandé, ordonné, dans la mesure où cela apparaît nécessaire au regard de la raison. Une exigence oblige, voire contraint. Les préceptes moraux sont ainsi vécus par l'enfant comme autant de barrières : ce qui est exigé de lui, non seulement ne le conduit pas au-delà de lui-même, mais l'empêche plutôt de devenir lui-même ! (cf. aussi le surmoi chez Freud ; ou encore le principe du plaisir opposé au principe de réalité).  De même, le passionné, qui vit sa passion comme la possibilité d'accéder à une dimension extraordinaire de l'existence, voit-il dans les exigences sociales, les impératifs de la morale, des moeurs, une amputation de son destin, de son existence. Il lui semble au contraire qu'il serait bénéfique de laisser être cette puissance de sa passion qui, alors seulement, lui permettrait d'aller au-delà de lui-même, en un domaine inaccessible aux autres, échappant ainsi au monde quotidien, bas, monotone. La loi n'est qu'un fardeau dont il faut savoir se défaire, qui n'est au service que des faibles et coupe les ailes des forts (cf. Calliclès, Nietzsche). Alors, il semble que l'exigence morale ne conduise pas l'homme au-delà de lui-même, bien plus : elle l'empêche de révéler sa subjectivité, sa nature propre, son originalité, d'accéder à lui-même.

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