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L'exigence de la vérité est-elle compatible avec le souci d'être tolérant?

Publié le 22/03/2005

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La symétrie du sujet autour de l'idée de compatibilité est évidente : il faudra donc comparer terme à terme « exigence « et « souci «, « vérité « et « tolérant «. Mais on commencera par définir chaque expression ainsi que la notion de compatibilité. - « exigence de la vérité « : cette expression s'inscrit dans le registre de l'objectivité, voire de l'activité scientifique. Elle indique l'idéal du chercheur, mais aussi, dans un sens plus large, celui du juge (un procès doit servir « la manifestation de la vérité « ) ou du philosophe. - « souci d'être tolérant « : ici le registre est plus pratique que théorique, l'idéal est de nature morale. On peut dire qu'il s'agit d'un précepte déontologique qui n'indique pas un but pour notre activité mais une qualité qui rend l'activité légitime et justifiable. La tolérance semble requise pour permettre la coexistence pacifique d'opinions ou de positions différentes ou divergentes, voire antagonistes, notamment en politique, en morale, entre les religions. - La compatibilité : le problème peut se poser soit pour des termes antagonistes qui ne peuvent coexister en même temps, soit pour des termes hétérogènes, sans rapport entre eux, qui concernent des domaines radicalement distincts. Ici on pourra se demander si l'exigence de la vérité rend intolérant, ou si le souci de tolérance intervient seulement dans les domaines où l'on ne peut exiger « la vérité «.

« [Tout être humain a droit au respect, même celui qui se trompe ou qui ne se soucie pas de la vérité.Il faut tolérer le fait qu'il y ait des esprits moins puissants que d'autres.

L'intolérance nie la liberté.] Le respect de la personne fonde toute moraleLa vérité ne doit pas avoir une valeur absolue.

Penser détenir dogmatiquement la vérité peut conduire aufanatisme le plus aveugle.

La condition première de toute vie sociale harmonieuse est de reconnaître etrespecter l'existence d'autrui.

Qu'il se trompe, il n'en demeure pas moins un être humain à part entière.

Lamorale du respect de la différence d'autrui doit primer sur la vérité.

Kant, lui-même, montrera que le respectdû à la personne humaine est l'impératif absolu de toute existence authentique juste et humaine. La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin se distingue des moyens.

Tout être dontl'existence ne dépend pas de la libre volonté, mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire enrapport avec autre chose que lui-même.

Les êtres naturels sont des choses.

Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi.

Ils ne peuvent servirsimplement comme moyens, et par suite limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnelrespect.

La personne est une fin objective, dont l'existence même est une fin en soi, qui ne peut êtreremplacée par aucune autre.

Étant fin en soi, on lui doit un absolu respect.

La personne humaine est la seulevaleur absolue existante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique.

L'impératif catégorique pour toutevolonté humaine repose donc sur le principe que : "La nature raisonnable existe comme fin en soi." C'est ainsique nous devons nous représenter notre propreexistence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions.

La moralité, soit l'usagede la raison dans le domaine pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle sorte quetu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en mêmetemps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen." Il ne faut pas oublier que l'on est soi-même faillibleMême les plus grands génies se sont trompés.

Ils ne sont pas des dieux, mais des êtres humains.

En tant quetels, ils doivent reconnaître, d'une part, qu'ils ne possèdent pas le savoir absolu, et, d'autre part, quel'ensemble de l'humanité a le droit d'exister, même si les membres qui le composent ne sont pas tous, tant s'enfaut, des génies. Le souci de la vérité ne doit pas contredire la liberté d'expression« Si tous les hommes moins un partageaient la même opinion, écrit John Stuart Mill, ils n'en auraient pas pourautant le droit d'imposer silence à cette personne, pas plus que celle-ci d'imposer silence aux hommes, si elleen avait le pouvoir» (De la liberté).

Ce n'est pas parce qu'une personne vit pour l'amour de la vérité qu'elledoit se montrer intolérante vis-à-vis de celles qui ne partagent pas cet amour.

[Ce ne sont pas les ignorants et les insensés qui ont rendu les plus grands services à l'humanité.Une trop grande tolérance à l'égard de ceux qui font fi de la vérité est chose nuisible.] La vérité n'a pas à être toléranteA quoi bon tolérer les propos de celui qui affirme qu'un triangle est une figure possédant quatre côtés ? Ou iladmet qu'il se trompe, ou il reste sur ses positions.

En ce cas, il faut lui imposer silence.

L'erreur a toujours nuiaux hommes.

C'est au nom du bien commun qu'il faut faire preuve d'intolérance à l'égard de ceux qui ignorentla vérité.. »

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