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L'exigence de justice a t-elle sa place dans les rapports économiques?

Publié le 30/03/2005

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  • 1) Il y aurait, contre toute apparence, une place naturelle de l'exigence de justice au sein des rapports économiques, sans que l'homme y soit pour rien. Cela tiendrait à l'essence même de l'économie et à ses lois propres.

a) Les rapports économiques comme satisfaction des besoins sont naturellement justes :S'il est juste que chacun voie ses besoins satisfaits, la division du travail - en fonction des principaux besoins - et les échanges des produits du travail sont justes dans leur principe. Chacun ne parvient en effet à la satisfaction de ses besoins qu'en procurant en même temps aux autres leur propre satisfaction. Ce principe de réciprocité satisfait bien à l'exigence de justice.

b) Les rapports économiques comme jeu des intérêts assurant le bien-être collectif :Certes, chacun ne travaille que par intérêt et pour son profit égoïste. Mais tout se passe comme si une «main invisible« (A. Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations) harmonisait les intérêts des uns et des autres par autorégulation des échanges marchands, pour produire une richesse profitant à tous. LA MAIN INVISIBLE (Smith) Comment expliquer que, malgré la compétition généralisée, une harmonie se dégage entre les hommes ? Pour Smith, tout se passe comme si une "main invisible" dirigeait l'ensemble des égoïsmes dans l'intérêt de tous: tout en ne cherchant que son intérêt personnel, l'individu oeuvre souvent d'une manière efficace pour l'intérêt de la communauté toute entière.

La loi du marché repose sur l'offre et la demande. La morale n'y a donc pas sa place. Mais ces lois peuvent aboutir à des injustices. Une réflexion morale, relayée par le droit, doit jouer ici le rôle de garde-fou.

Nous vous conseillons un plan dialectique, par thèse (la régulation naturelle du marché), antithèse (l'économie privilégiant totalement l'égalité) et synthèse (favoriser les plus démunis tout en conservant le principe de la liberté économique).

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« La justice selon Aristote. S'il y a lieu de distinguer les vertus morales et les vertus intellectuelles (oudianoétiques, de discernement), la justice s'apparente aux premières (la vertuéthique et la justice supposent même disposition) et aux secondes (un actede l'intelligence intervient, qui évalue, rectifie, met en relation).

Elle a trait ànotre conduite envers les autres hommes.

On ne saurait être « juste » ou «injuste » envers soi-même (Éthique à Nicomaque, V, 15, 1138 a 26).

Commel'a vu Platon, c'est la vertu toute entière.

Mais en un sens plus spécial, c'estelle qui préside aux partages (justice « distributive ») ; c'est elle aussi quiredresse (justice « réparatrice ») ce qui a été faussé lorsqu'un tort a étécausé ; enfin elle intervient pour régler les échanges et les transactionscommerciales.La justice distributive préside à la répartition des charges, des biens et deshonneurs dans la cité.

Elle ne procède pas selon l'égalité arithmétique, car elletient compte des inégalités effectives de mérite.

Le juste, alors, estproportionnel aux services rendus et aux qualités manifestées par lesmembres de la communauté politique, à leur degré de participation à laréalisation du bien commun (Éthique à Nicomaque, V, 5, 1130 b 30).En revanche la justice réparatrice ou corrective repose sur la stricte égalité.On ne demandera pas si l'homme qui a subi un préjudice est un misérable et s'il a été lésé par un homme de bien.

Ici, la justice doit procéder au rétablissement d'une égalité que le délit (vol,coup, meurtre) a rompue ; le jugement ne fait pas acception des personnes.

Il ne s'agit pas de considérer la qualitédes parties, mais le délit.

Or le code ne s'applique pas tout seul ; il faut, pour appliquer l'universalité de la loi à lasingularité du cas, l'acte de juger, de rectifier (selon l'image implicite du droit) en tenant compte des circonstances,en appréciant.

Aussi, venir devant le juge, est-ce venir devant la justice vivante.

La peine prononcée a quelquechose d'une indemnité réparant autant que faire se peut l'échange injuste imposé à la victime.La justice dans les échanges économiques a quelque chose de la justesse.

On échange des choses utiles, desservices.

L'échange peut-il tendre à la justice, quand les circonstances sont hétérogènes ? Comment rendre égauxdes biens échangés qui diffèrent qualitativement ? Le cordonnier devra-t-il fournir au maçon une quantité dechaussures dont celui-ci n'aura pas l'usage en toute une vie ? La monnaie est instituée ; son nom le dit bien,nomisma signifie la « chose légale », mais aussi « ce qui assure le partage » (de némô, partager).

Elle a pourfonction d'assurer l'échange économique ; unité de mesure conventionnelle, elle n'est pas arbitraire : il faut quetoutes choses soient évaluées pour que chacun, alors qu'il est encore en possession de ses produits, puisseéchanger.

La monnaie permet de passer du troc (échange d'une marchandise contre une autre) à l'échangeproprement économique.

Cette région ne constitue pas le plus haut de la vie humaine, mais sans échanges, il n'y apas de vie sociale (ibid., V, 8). Transition : Mais cette dernière affirmation ne suppose-t-elle pas que les chances soient égales au départ? Comme telle, elle paraît trop abstraite.

Peut-on de même voir une juste Providence réglant les rapports économiques, engommant leur dimension conflictuelle, historiquement avérée? 2) Loin que l'exigence de justice ait naturellement sa place dans les rapports économiques, l'histoire nousmontre ces rapports comme injustes, décevant notre exigence de justice, qui n'y trouve pas sa place. a) Illusion que les rapports économiques soient des rapports d'échange naturels : Ils sont les produits, non de lanature, mais de l'histoire.

Ils sont, comme le montre Marx, des rapports concrets, datés et historiquement marquéspar le conflit.

En effet, les rapports économiques ne sont pas d'abord des rapports d'échange, des rapportsmarchands, mais des rapports de production devenus injustes : ainsi, certains détiennent les moyens de production,d'autres ne possèdent que leur force de travail, ce qui conduit à des rapports d'exploitation de l'homme par l'homme.. »

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