L'examen de l'histoire vous permet-il d’affirmer l'existence du progrès ?
Publié le 07/10/2012
Extrait du document
«
dégénérescence.
Il recouvre selon son expression « les chaines de fers à nos yeux de guirlandes de
fleurs ».
Ce que l’histoire manifeste à nos yeux comme progrès ne serait -il pas toujours ce vain fantôme
traqué par Rousseau ?
Ne faut -il pas alors aller jusqu’à affirmer avec Rousseau que l’histoire loin d’être le lien d’un
progrès est, pour l’homme, celui de sa chute e t de son obsolescence ? On n’envisage plus ici le progrès
comme celui des productions humaines mais comme celui de l’homme lui -même.
Le Discours sur
l’origine et l’inégalité parmi les hommes analyse l’historicité comme éloignement des origines qui brise
le s liens du l’homme avec la nature et avec sa propre nature.
La médiation, intérieure et extérieure, prend
la place de l’immédiateté originelle.
Pour Rousseau donc, le progrès ne peut consister que dans un retour,
individuellement et non collectivement poss ible vers ce que les hommes ont coutume d’appeler
« progrès ».
Ce que propose en fait Rousseau, c’est une tentative pour l’homme de s’arracher de l’ histoire
ou de l’historicité.
Nul paradoxe ici puisque pour Rousseau l’Histoire de l’ homme est elle-même
continge nte : des « hasard s funest es » qui auraient pu ne pas s e produire sont à son comm encem ent.
L’examen de l’histoire suffit- il pour remonter au sens caché de l’histoire ?
Ce premier moment de l’analyse montre à quelles difficultés on se heurte si l ’on veut s’en t enir au
témoigna ge de l’histoire des faits.
Si l’examen de l’histoir e pe rmet de conclure l’exist ence du progrès,
celui -ci peut être dénoncé comme pure app arence.
L’histoire ne dit rien.
Si l’on s’en tie nt à l’expérience,
un exemple a toujours son contraire.
Aucune décision n’est possible.
Le premier problèm e qui se pose est
donc méthodologique.
Un parti pris d’ empirisme laiss e l’histoire demeurer un donné sans clarté.
Pour
éclairer celui- ci, il est nécessaire d e trouve r un « fil conducteur » semblable au fil d’Ariane qui aut orise de
sortir du labyrinthe.
Néanmoins, ce fil conducteur, l’expérience ne saurait le fournir.
Ainsi que l’écrit Kant : « On ne
peut immédiatement résoudre l e problème par l’e xpérience.
» De même Rousseau ne pr éte ndait pas avoir
écrit son histoire d e l’homme d’après des documents : il a fait des hypothèses, has ardé des conj ectures.
Ainsi l’e xamen de l’histoire, c’ est -à -dire le point de vue qui veut considér er l’histoire comm e une suite
d’événem ents dont on cons erv e plus ou moins la trace par des docum ents, ne peut guère parvenir qu’à
établir et déterminer leurs caus es et leurs effets.
L’exam en d e l’histoire s’e n tient à un dét erminisme.
Il
explique et fait compre ndre.
Mais le progrès est -il de l’ordre d e ce qui s’explique ? L’idée du progrès,
c’ est -à -dire l’idée que l’histoire ait un sens, dépasse le terrain de l’expéri ence.
L’idée de progrès suppose
en dernier li eu un point de vue finaliste sur l’histoire.
L’histoire est lien d’un progrès si elle t end à une fin,
qu’on ne do it pas assimiler à un terme fix é.
L’idée de finalité est au cœur d u sujet.
La fin ordonne et
orie nte l’ensemble du cours de l’ histoire et dans ses grandes lignes et dans ses événements particuliers.
Ainsi Kant envisage l’histoire comme « conforme à un plan dét erminé de la nature ».
« On peut e nvisager
l’histoire de l’espè ce humaine en gros comme la réalisation d’un plan caché de la nature.
» Le
déterminism e même s’en trouve éclairé.
Doit-on rejeter alors to talement l’expérie nce ? On s ait maint enant ce que l’on peut
raisonnablement demander à l’ examen de l’histoire.
On ne peut en attendre des pr euves de l’existence ou
de la non- existence du progrès.
Le fait ne prouve pas.
Mais on peut y chercher des si gnes ou des indices
de cette e xistence.
Aucun même des progrès particuliers qu’on peut y r encontr er n’est autre chose qu’une
de s e s marques.
L’utilisation de l’ expérience est donc médiatisée.
Kant re cherche ainsi un événem ent qui
sans être la cause du progrès, puisse ê tre re gardé comme une « indication », un signe historique.
Il doit
montrer l’existenc e en l’homme d’une tend ance au progrès, vers le Bien politique et moral.
C’est
événement c’est pour Kant la Révolution française : un phénomène qui « ne s’oublie plus ».
Cet
événement n’est pas le progrès lui -même mais il rend possible l’affirmation de l’existence du progrès et d.
»
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