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l'examen de l'histoire nous permet-il d'affirmer l'existence du progrès de l'humanité ?

Publié le 17/11/2005

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histoire
  Hegel, par exemple, voit dans l'histoire "la marche graduelle" par laquelle l'esprit acquiert le savoir de ce qu'il est; elle est réalisation de la liberté de l'esprit. L'histoire aurait donc une fin qui correspondrait au savoir absolu. HEGEL: « [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.»  Le déroulement de l'histoire est rationnel. « [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.» Hegel, La Raison dans l'histoire (1830).* Pour Hegel, l'histoire humaine est un processus rationnel dont il est possible de donner une vision systématique. Ainsi, chaque peuple exprime une étape du déploiement de l'Esprit du monde, dans un vaste mouvement qui va de l'Est (Babylone, La Grèce antique) à l'Ouest (l'Europe moderne). Ce processus est dialectique: de la rencontre et de la confrontation entre les cultures adviennent de nouvelles cultures qui dépassent les oppositions de l'époque précédente. C'est un processus téléologique (c'est-à-dire orienté vers un but) qui mène, selon Hegel, à la prise de conscience de soi de l'Esprit du monde.

La notion d'histoire prend des sens multiples et est donc ambiguë. L'histoire désigne en effet tout à la fois le devenir historique et la connaissance qu'on en prend. Mais ici le sujet semble exclusivement parler du devenir historique, du passage du temps. L'existence humaine tout entière est historique : elle est tendue entre souvenirs du passé et la tentation d'avenir. C'est pourquoi on admet généralement qu'il n'y a d'histoire véritable qu'humaine. La nature en effet agit au hasard, alors que les hommes délibèrent, agissent en fonction d'un but, réalisent des projets et peuvent se perfectionner.  Le progrès renvoie le plus souvent au mouvement d'un moins vers un plus. Il s'agit ici alors de savoir si l'histoire montre que l'homme accumule de plus en plus de connaissance, devient meilleur. Il semble dans un premier temps que les conditions de vie et les moeurs ont évolué depuis le début de l'histoire. Pourtant peut-on dire que l'homme s'améliore? Les guerres du XXème siècle ne sont-elles pas un cinglant démenti de l'idée de progrès? Comment penser l'histoire pour penser l'amélioration de l'homme?

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« Schopenhauer montrera que ce sont toujours les mêmes passions qui sont àl'oeuvre dans l'histoire et qu'il est impossible, contrairement à l'optimismehégélien, d'en déceler le moindre progrès: " La vraie philosophie de l'histoire revient à voir que sous tous ces changements infinis, et aumilieu de tout ce chaos, on n'a jamais devant soi que le même être,identique et immuable, occupé aujourd'hui des mêmes intrigues qu'hieret que de tout temps : elle doit donc reconnaître le fond identique detous ces faits anciens ou modernes, survenus en Orient comme enOccident ; elle doit découvrir partout la même humanité, en dépit de ladiversité des circonstances, des costumes et des moeurs.

Cet élémentidentique, et qui persiste à travers tous les changements, est fournipar les qualités premières du coeur et de l'esprit humain — beaucoupde mauvaises et peu de bonnes.

La devise générale de l'histoiredevrait être : Eadem sed aliter (les mêmes choses, mais d'une autremanière).

Celui qui a lu Hérodote' a étudié assez l'histoire pour en fairela philosophie ; car il y trouve déjà tout ce qui constitue l'histoirepostérieure du monde : agitations, actions, souffrances et destinée dela race humaine, telles qu'elles ressortent des qualités en question etdu sort de toute vie sur terre." [Introduction] Parce que l'homme vit de manière spécifique la temporalité, il a conscience de l'histoire et des multiples événementsqui la composent.

Faut-il, les restaurant en récit, considérer qu'ils ont en eux-mêmes du sens et qu'ils témoignentde changements intervenant dans l'humanité ? Doit-on au contraire admettre que cette dernière reste toujourssemblable à elle-même, avec ses passions constantes auxquelles obéissent tous les événements, si divers puissent-ils d'abord sembler ? Schopenhauer est partisan de cette deuxième solution, qu'il affirme comme une évidence assezsombre et dont il déduit une conséquence, concernant l'étude même de l'histoire, qui mérite d'être analysée. [1- Permanence de l'humanité] [A.

Le chaos apparent]L'histoire paraît se présenter comme un ensemble d'éléments dont la variété le dispute à l'incohérence : successionininterrompue de conflits et de conquêtes, drames collectifs qui escortent à travers les siècles une humanité quisemble livrée au déchaînement de toutes les passions – qu'elles soient nobles ou viles important peu puisqu'elles sesoldent toutes par des événements plus ou moins catastrophiques.Schopenhauer n'envisage d'ailleurs, semble-t-il, que les événements qui relèvent de la responsabilité humaine.

Mais,si l'on y adjoint les phénomènes naturels, la liste des tremblements de terre, éruptions volcaniques et autres raz-de-marée, le panorama n'est que plus chaotique.[B.

Un chaos durable et universel]L'énumération des événements que l'on peut effectuer recense des faits anciens aussi bien que modernes : lesconflits existent entre les collectivités depuis le début de la mémoire humaine.

Et ils sont survenus « en Orientcomme en Occident » les chroniques anciennes de la Chine ou du Japon ne se distinguent pas, de ce point de vue,de celles du Moyen Âge européen.

Seuls changent les noms des acteurs et des combattants, la forme des armures,les armements.Si l'on prétend s'intéresser aux événements moins belliqueux et à la vie quotidienne (comme le font les historiensplus récents), le même constat s'impose : les règles de mariage sont diverses, mais il y a partout des unions ; lanourriture est variable d'un continent ou d'une région à l'autre, mais on doit se nourrir partout ; la forme deshabitations n'est pas universelle, mais ce qui l'est, c'est la fonction d'habiter, etc.[C.

L'humanité est partout la même]Ce qui fait le « fond identique » de tous les événements que l'on peut ainsi archiver à l'infini (et l'on peut déjà sedemander en quoi un tel archivage serait utile : qu'apporte-t-il d'autre qu'un certain plaisir de la variété, ce qui n'estpeut-être pas d'un immense profit intellectuel), c'est une humanité qui est « partout la même » et se présentecomme « un même être, identique et immuable ».Cette identité provient des « qualités premières du coeur et de l'esprit humains », ce qui signifie nécessairementpour Schopenhauer « beaucoup de mauvaises et peu de bonnes », dans la mesure où le chaos historique nousmontre effectivement plus de malheurs que d'éléments fastes : il est bien connu que « les gens heureux n'ont pasd'histoire » ! [II - Inefficacité de l'histoire] [A.

Objections immédiates] En affirmant ainsi le caractère anhistorique de l'humanité, Schopenhauer se distingue brutalement de tous lesphilosophes modernes qui considèrent au contraire que l'humanité se transforme au cours de l'histoire et qu'ellemodifie sa propre « nature ».Cette historicité de l'homme est considérée dès la philosophie des Lumières, notamment chez Kant : si les Lumièresconstituent précisément le moment où l'humanité accède à sa maturité rationnelle, on est en droit d'attendre qu'ellese comporte de plus en plus rationnellement, et que les événements historiques eux-mêmes affirment la réalité d'unprogrès.

Cette. »

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