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L'évolution scientifique et technique remet-elle en cause la réflexion philosophique ?

Publié le 27/02/2008

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La philosophie se veut scientifique. Elle recherche à développer un modèle ou un paradigme scientifique. La science se comprend dans la modernité, dans l'évolution technique et permet le renouveau des théories scientifiques. La science semble se poser dans une modernité, dans l'actualité de la recherche, tandis que la philosophie en s'étant développée depuis près de 23 siècles semble reposer incessamment les mêmes questions. Même si la philosophie revendique une scientificité dans le traitement de ses questions semble pourtant remise en cause par les révolutions scientifiques comme ce fut le cas avec la théorie des quanta remettant en cause la notion de nécessité de la nature suivant l'interprétation de Bohr-Heisenberg. Mais surtout la réflexion philosophique évoque une réflexion qui cherche à atteindre l'être même, la vérité, éternelle, identique et universelle. Dès lors une réflexion philosophique propre une lecture et une approche de la vérité qu'elle considère comme définitive. La réflexion philosophique se comprendrait alors dans une certaine fixité de la vérité suivant un modèle platonicien. Pourtant, le progrès scientifique interroge et remet en cause la conception des philosophes comme le montre l'histoire des idées. Et c'est dès lors que peut se comprendre l'interrogation : « l'évolution scientifique et technique remet-elle en cause la réflexion philosophique ? » Il s'agit donc d'interroger non seulement la compétence scientifique de la réflexion philosophique mais surtout sa rigueur scientifique c'est-à-dire le statut de la philosophie face à la modernité et l'actualité de la science, de la technique dans leur progrès. Il s'agit donc d'une confrontation entre deux types de discours. Mais est-il légitime de les opposer ?           Ainsi, si nous montrerons en quoi il peut y avoir une remise en cause de la réflexion philosophique par l'évolution scientifique et technique (1ère partie), il nous sera pourtant nécessaire de remarquer l'importance voire la nécessité de la réflexion philosophique dans le développement du discours scientifique et technique (2nd partie), ce qui nous amènera alors à questionner le fondement même de cette dichotomie notamment à l'aune de l'histoire de la philosophie, c'est-à-dire comprendre la synergie entre progrès scientifique, technique et philosophique et leur communion (3ème partie).

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« tradition philosophique ne peuvent pas pour autant abolir toute réflexion sur la science.

Plus précisément, on peutvoir émerger notamment la notion d'épistémologie qui engage en effet une réflexion sur l'évolution même dessciences, c'est-à-dire sur ses fondements, ses idées, ses méthodes etc.

La philosophie malgré le progrèsscientifique n'est pas déconnectée du tout de toute réflexion et c'est notamment ce qu'on peut voir à traversl'œuvre de Bachelard notamment dans la Formation de l'esprit scientifique .

Son approche de la science et de son évolution se montre dans le cœur même de l'actualité afin de comprendre justement le progrès et les obstacles quisont sous-jacents au développement scientifique.

Ainsi dit-il dans cet ouvrage que : « L'esprit scientifique doit seformer contre la nature, contre ce qui est, en nous et hors de nous, l'impulsion et l'intuition de la nature, contrel'entraînement naturel, contre le fait coloré et divers.

L'esprit scientifique doit se former en se réformant.

[…] C'estdans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurset des troubles.

C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même stagnation et même de régression,c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques.

[…]« Lapsychanalyse qu'il faudrait instituer pour guérir du substantialisme est la psychanalyse du sentiment de l'avoir.

Lecomplexe qu'il faudrait dissoudre est le complexe du petit profit qu'on pourrait appeler, pour être bref, le complexed'Harpagon.

C'est le complexe du petit profit qui attire l'attention sur les petites choses qui ne doivent pas seperdre.

Car on ne les retrouve pas si on les perd.

»b) Plus fondamentalement alors il apparaît que l'évolution scientifique et technique ne peut pas faire l'économied'une réflexion sur elle-même, d'un introspection qui est le propre de la philosophie des sciences.

Et c'est cettevolonté d'ancrer le discours philosophique dans l'évolution des sciences qui explique sans doute que Bachelard développera le Nouvel esprit scientifique en prenant en compte la révolution des quanta.

La réflexion philosophique est en effet nécessaire notamment en tant que histoire des idées comme on peut le voir chez Foucault dans l'Archéologie du savoir puisque l'histoire des idées se propre de remontrer et retrouver l'origine, ou la généalogie de la formation des idées fondatrices des systèmes de pensée et de leur évolution.

Mais peut-être plus essentielc'est dans le domaine éthique et politique qu'il faut poursuivre la nécessité de la réflexion philosophique.c) Et c'est bien ce que montre notamment Foucault dans son article « les intellectuels et le pouvoir » dans Dits et écrits tome IV.

En effet, il faut voir une évolution dans la définition de l'intellectuel.

Ce dernier n'est plus l'intellectuel universel prônant des valeurs transcendantes et universellement vraies de justice, de sagesse etc., telun Voltaire, mais il est un intellectuel spécifique, c'est-à-dire une personne développant un point de vue techniqueet réfléchie prenant la forme d'une critique philosophique.

On peut le voir notamment avec le cas d'Oppenheimer,tristement célèbre après la seconde guerre mondiale et la bombe.

Ce qui est essentiel c'est la nécessité dedévelopper ce que Hans Jonas appelle le principe de responsabilité qui est d'essence éthique et philosophique.

Mais ici non plus en prônant de idées qui seraient universelles mais bien en tant que spécialiste d'une question c'est-à-dire comprenant les enjeux scientifiques et les constructions techniques sous-jacentes.

De là l'existence de comitébio-éthique dont les philosophes font partie etc.

Transition : Ainsi, la réflexion philosophique est-elle nécessaire au développement de la science comme le montre notammentl'existence de l'éthique, de la bioéthique et des codes de déontologie ; ainsi que de l'épistémologie ; quiapparaissent alors comme des « gardes fous » de la science.

Mais si l'on entend cette remise en cause commel'affirmation d'une valeur scientifique et de son utilité pratique de la philosophie c'est ici sans doute faire une erreurgrossière signe d'une méconnaissance de l'histoire de la philosophie.

Et en ce sens peut-on sans doute dire quel'évolution scientifique et technique ne remet pas en cause la réflexion philosophique en tant que tel mais fait plutôtcorps avec elle.

III – Apologie de l'incertitude en philosophie et architectonique a) En effet, remettre en cause la réflexion philosophique en l'opposant dans sa prétention scientifique à la vraierigueur scientifique arrivant à des solutions à des données est comme le montre Russell dans Problèmes de philosophie un non-sens.

En effet, il ne faut pas voir entre l'évolution de la science et de la technique et la réflexion philosophie une dichotomie d'objet et une rupture historique dans le traitement des problèmes, comme si laphilosophie était toujours figé.

En effet, la réflexion philosophique se développe avec les questions de la science.

Orà travers ces questionnements que lui propose la science, si la réflexion philosophique est remise en cause face àl'émergence de nouvelles questions, il n'en reste pas moins que cette remise en cause est salutaire et rend comptede son exigence de scientificité.

Mais si l'on pense ici une remise en cause radicale ce signifie que l'on considère quela philosophie n'est pas apte à saisir les enjeux de la science et du progrès, c'est-à-dire qu'elle ne comprend pas laconcrétude et l'urgence de la question scientifique.

Mais faut-il vraiment sacrifier la réflexion philosophique surl'autel de « l'esprit d'utilité » qui voit dans la science et le progrès un objet nécessaire pour demain et dans laphilosophie le royaume de l'incertain et du trouble ? Ce serait ici méconnaître l'histoire des sciences et celle de laphilosophie.b) Comme le montre Russell dans Problèmes de philosophie dans le dernier chapitre de l'ouvrage : la philosophie est effectivement dans le royaume de l'incertain car elle propose des réponses hypothétiques sur laquelle rien d'autre nepeut nous apporter de réponse.

En ce sens, il faut voir que la séparation de la philosophie d'avec la science quenous appelons science dure comme la physique ou les mathématiques n'est qu'une invention récente.

En effet, ilsuffit de remonter à Descartes par exemples, pour voir que tout philosophe est un mathématicien D'Alembert , un physicien comme Pascal , un féru d'astronomie et de cosmologie etc.

Et le cas de Descartes est exemplaire qu'il ne proposera pas moins un traité d'optique ( Dioptrique ), un traité de cosmologie (Le Monde ) un traité de biologie ( De l'homme ), de méthode ( Discours de la méthode ), sachant qu'il a résolu aussi le problème de Papus et que dire encore d'Aristote … En ce sens, si les discours scientifiques dans leur évolution se sont séparés de la philosophie. »

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