LEVI-STRAUSS: Diversité des peuples sans histoire
Publié le 22/02/2012
Extrait du document


«
principe ethnologique.
Parfois Sartre semble tenté de distinguer deux dialectiques...
Ou bien Sartre se rési gne...
deux voies, deux impasses, que Lévi-Strauss reconnaît successivement pour revenir enfin à sa méthode.
Parfois...
mais où? Dans une note en bas de page, Sartre manifeste un embarras sensible au sujet de « l'historicité » des sociétés sans histoire.
Il écrit : « Il ne faudrait pas définir l'homme par l'historicité — puisqu'il y a des sociétés sans histoire — mais par la possibilité permanente de vivre historiquement lesruptures qui bouleversent parfois les sociétés de répétition.
Cette définition est nécessairement a posteriori, c'est-à-dire qu'elle naît au sein d'une société historique et qu'elle est en elle-même le résultat de transformations sociales.
Mais elle revient s'appliquer sur les sociétés sans histoire de la même manièreque l'histoire elle-même revient sur celles-ci pour les transformer — d'abord par l'extérieur et ensuite danset par l'intériorisation de l'extériorité.
»
La pensée sauvage semble ici constituer la riposte à cette note qui l'appelait, ainsi qu'à la page 203 du même ouvrage, qui présente comme trait d'une « nature humaine » acquise les séquelles physiologiquesde la rareté.
Il expose ainsi tout son système peut être pris en un sens ambigu : il le déploie, mais aussi il le met enpéril, puisque tout repose sur la coupure tranchée entre nature et histoire, abolie en une phrase(l'homme, c'est cet être rabougri...).
L'alternative ne vaut guère mieux : si l'homme est cela, toutes sociétés confondues au risque de perdre le critère de l'historicité, c'est que la société à histoire prend lesautres en charge et les « historise » en les colonisant (triste définition de l'histoire), soit que cette «colonisation » culturelle prend la forme plus sophistiquée de...
l'ethnologie elle-même, qui donne sens àson objet de l'extérieur (c'est un aspect du « paradoxe anthropologique » auquel Lévi-Strauss peutdifficilement rester insensible).
Il demeure à riposter, pour prouver que ces antinomies ou apories tiennent bien à la pensée de Sartre et non àl'histoire contemporaine elle-même.
4.
Trois arguments se succèdent pour prendre en faute le « matérialisme dialectique » du pape de l'existentialisme : la pluralité irréductible des moeurs et coutumes : l'ethnocentrisme universel et, enfin, laquestion de méthode, la place d'un comparatisme dans l'anthropologie.
Le premier point accentue la diversité synchronique ou géographique, quand Sartre privilégiait le changementdiachronique propre à l'histoire.
Est-ce là la richesse des pauvres, toujours est-il que, sans ce postulat, le voyageethnologique perdrait de son prix.Le second porte sur le caractère général et non spécifiquement occidental de la croyance à constituer la référenceuniverselle : pour être parfaitement convaincant, il faudrait encore expliquer pourquoi la particularité occidentale estla seule à présenter un projet d'ethnologie comparée, et ceci depuis, au bas mot, la Renaissance (Montaigne), sinondepuis Pline l'Ancien.
La liaison de la « raison graphique » et du projet ethnographique a depuis intéressé desanthropologues de l'anthropologie, tel Jack Goody.
L'aspect de méthode récapitule et conclut : on ne peut savoir « ce qu'est l'homme » (de fait, Sartre récuse laquestion), sans discerner les points communs et les différences, ce que la zoologie comparée a déjà compris poursaisir « le vivant » ou « l'espèce ».
On revient au point de départ : étudie-t-on l'homme comme une fourmi, etd'ailleurs, étudie-t-on l'homme?.
»
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