L'évaluation morale est-elle affaire de sentiment ?
Publié le 18/02/2004
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B. - Elle le peut encore moins quand il s'agit d'un jugement de valeur.
L'ordre des valeurs est essentiellement
normatif. Or, comme l'a fait
observer E. BRÉHIER (dans la Revue de Métaphysique et de Morale, juill.
1939, p. 409), « la norme ne dérive pas du sentiment lui-même, mais d'un
principe étranger au sentiment et qui, seul, peut le qualifier... La
sensibilité n'est pas une norme, mais elle a une norme; elle cherche à se
justifier par cette norme plus qu'elle ne justifie la norme ». Seule, la
raison, en tant que faculté normative et hiérarchisante, peut être
constitutive de valeurs; seule, elle est capable de leur donner cette
consistance, comme a dit E. DUPRÉEL, qui les rend indépendantes des
particularités individuelles et qui tient à ce qu'un ordre idéal, le Bien,
est reconnu comme tel et maintient la conscience affranchie de ses
impulsions égoïstes et des sollicitations souvent incohérentes de la
sensibilité.
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