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L'étude de l'histoire nous conduit-elle à désespérer de l'humain ?

Publié le 26/03/2005

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Les expropriateurs sont à leur tour expropriés. L'appropriation capitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constitue la première négation de cette propriété, privée qui n'est que le corollaire du travail indépendant et individuel. Mais la production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature. C'est la négation de la négation » [Le Capital, 1. I, t. 3, p. 205]. La démonstration par la négation de la négation de la nécessité historique de la fin du capitalisme (d'ailleurs annoncée dans le même texte comme plus rapide que sa genèse, en raison du caractère collectif de la production) peut laisser perplexe en cette fin de siècle. Si la loi conserve sa validité, l'application qu'en fait Marx à l'échelle macrohistorique ne tient pas compte des tendances et des capacités que possède le capitalisme A ri provisoirement ses crises. Marx avait pourtant fait état de celles-ci, comme à propos de la baisse tendancielle du taux de prolo, en insistant sur le fait qu'il ne s'agissait que d'une tendance puisque existaient des solutions limitées et provisoires à cette baisse du taux de profit.
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« Histoire et désespoir"La vraie philosophie de l'histoire revient à voir que sous tous ces changements infinis, et au milieu de toutce chaos, on n'a jamais devant soi que le même être, identique et immuable, occupé aujourd'hui des mêmesintrigues qu'hier et que de tout temps : elle doit donc reconnaître le fond identique de tous ces faits anciensou modernes, survenus en Orient comme en Occident ; elle doit découvrir partout la même humanité, endépit de la diversité des circonstances, des costumes et des moeurs.

Cet élément identique, et qui persisteà travers tous les changements, est fourni par les qualités premières du coeur et de l'esprit humain —beaucoup de mauvaises et peu de bonnes.

La devise générale de l'histoire devrait être : Eadem sed aliter(les mêmes choses, mais d'une autre manière).

Celui qui a lu Hérodote' a étudié assez l'histoire pour en fairela philosophie ; car il y trouve déjà tout ce qui constitue l'histoire postérieure du monde : agitations, actions,souffrances et destinée de la race humaine, telles qu'elles ressortent des qualités en question et du sort detoute vie sur terre." SCHOPENHAUER [Introduction] Parce que l'homme vit de manière spécifique la temporalité, il a conscience de l'histoire et des multiplesévénements qui la composent.

Faut-il, les restaurant en récit, considérer qu'ils ont en eux-mêmes du sens etqu'ils témoignent de changements intervenant dans l'humanité ? Doit-on au contraire admettre que cettedernière reste toujours semblable à elle-même, avec ses passions constantes auxquelles obéissent tous lesévénements, si divers puissent-ils d'abord sembler ? Schopenhauer est partisan de cette deuxième solution,qu'il affirme comme une évidence assez sombre et dont il déduit une conséquence, concernant l'étude mêmede l'histoire, qui mérite d'être analysée. [I - Permanence de l'humanité] [A.

Le chaos apparent] L'histoire paraît se présenter comme un ensemble d'éléments dont la variété le dispute à l'incohérence :succession ininterrompue de conflits et de conquêtes, drames collectifs qui escortent à travers les siècles unehumanité qui semble livrée au déchaînement de toutes les passions – qu'elles soient nobles ou viles importantpeu puisqu'elles se soldent toutes par des événements plus ou moins catastrophiques.Schopenhauer n'envisage d'ailleurs, semble-t-il, que les événements quirelèvent de la responsabilité humaine.

Mais, si l'on y adjoint lesphénomènes naturels, la liste des tremblements de terre, éruptionsvolcaniques et autres raz-de-marée, le panorama n'est que pluschaotique. [B.

Un chaos durable et universel] L'énumération des événements que l'on peut effectuer recense desfaits anciens aussi bien que modernes : les conflits existent entre lescollectivités depuis le début de la mémoire humaine.

Et ils sontsurvenus « en Orient comme en Occident » les chroniques anciennes dela Chine ou du Japon ne se distinguent pas, de ce point de vue, decelles du Moyen Âge européen.

Seuls changent les noms des acteurs etdes combattants, la forme des armures, les armements.Si l'on prétend s'intéresser aux événements moins belliqueux et à la viequotidienne (comme le font les historiens plus récents), le mêmeconstat s'impose : les règles de mariage sont diverses, mais il y apartout des unions ; la nourriture est variable d'un continent ou d'unerégion à l'autre, mais on doit se nourrir partout ; la forme deshabitations n'est pas universelle, mais ce qui l'est, c'est la fonctiond'habiter, etc. [C.

L'humanité est partout la même] Ce qui fait le « fond identique » de tous les événements que l'on peut ainsi archiver à l'infini (et l'on peut déjàse demander en quoi un tel archivage serait utile : qu'apporte-t-il d'autre qu'un certain plaisir de la variété, cequi n'est peut-être pas d'un immense profit intellectuel), c'est une humanité qui est « partout la même » et seprésente comme « un même être, identique et immuable ».Cette identité provient des « qualités premières du coeur et de l'esprit humains », ce qui signifienécessairement pour Schopenhauer « beaucoup de mauvaises et peu de bonnes », dans la mesure où lechaos historique nous montre effectivement plus de malheurs que d'éléments fastes : il est bien connu que «les gens heureux n'ont pas d'histoire » ! [II - Inefficacité de l'histoire] [A.

Objections immédiates]. »

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