L'Ethnie et la Nation
Publié le 04/02/2021
Extrait du document
«
Ainsi, l’ethnisme ou le tribalisme reposent sur une subjectivité arbitraire au fondement de laquelle se font
jour des attitudes perverses consistant à la négation et au rejet de la différence.
Dans son article intitulé : De
la critique postmoderne de la modernité en Afrique.
Essai sur les ‘’racines’’ postmodernes de l’anomie
sociopolitique (in L’Envol n°7-2015), Landry NDOUNOU considère que l’ethnisme ou le tribalisme
consistent dans « le culte de la différence », c’est-à-dire « le particularisme culturel ; la culture de la haine de
l’Autre ; la détermination systématique de l’altérité sous le sceau exclusif du différend, du contentieux, de
l’antagonisme ou de l’ennemi (…), de l’inéluctable affrontement ».
Rappelons que l’ethnisme s’identifie à l’ethnocentrisme qui est cette tendance à ériger l’ethnie ou la
culture dont on est issu comme modèle de référence, et à juger l’autre, le différent, à l’aune de ses propres
référents culturels.
Elle est la négation, le rejet du droit à la différence, le refus d’une positivité possible de
l’autre.
Dans ce cadre, l’ethnisme consiste dans la manipulation d’un ensemble de préjugés et d’idées reçues
sur fond de stigmatisation et de discrimination de l’autre, notamment dans ce qu’il est fondamentalement,
dans son être culturel.
En niant le droit à la différence culturelle , l’ethnocentrisme, l’ethnisme constituent
un parti pris dangereux source de racisme et de xénophobie .
Nous donnons alors raison à Jean Paul Sartre
qui a écrit, dans Réflexion sur la question juive (1954) , que « L’ethnisme est une modalité du racisme ».
A ce
titre, les expériences historiques de la ségrégation raciale, ségrégation des Noirs aux Etats-Unis d’Amérique,
ou de l’Apartheid en Afrique du Sud, édifient, à n’en point douter, sur les conséquences de l’ethnisme, de la
xénophobie ou du racisme, et de la difficulté subséquente à fonder une nation ou à faire régner la paix civile
dans l’Etat.
Comme quoi, l’ethnisme, qui suscite souvent le repli identitaire, représente un réel danger pour
la construction d’une nation.
En somme, La diversité ethnique, semble poser le problème de l’intégration, du vivre ensemble, de la
cohésion ou de l’unité nationale.
Toutefois, la cohésion nationale n’est-elle pas, malgré tout possible ?
II.
Compatibilité entre ethnies et nation
Des ethnies différentes ont partagé historiquement, partagent encore les mêmes espaces vitaux et sont
souvent parvenues à vivre ensemble.
Une coexistence détribalisée est alors envisageable.
1.
Progrès de l’identité et coexistence pacifique
Considérer l’identité comme une substance fixe, achevée, rendrait irrémédiablement les hommes
prisonniers de leur passé.
Toutes choses qui contrastent avec la vocation de l’humain au changement
permanent, au progrès.
L’homme, disait Sartre, n’est pas une essence a priori, c’est un être de projet, un être
toujours en projet, un projet d’être, une liberté en situation ; l’homme n’est que ce qu’il se fait : « l’existence
précède l’essence ».
L’identité est donc toujours à reconstruire et rien ne condamnerait l’humain à se figer et
à ressasser un passé dont il serait irrémédiablement nostalgique.
Alain Finkielkraut (1987) note dans cet
esprit : « Il y a en l’homme un pouvoir de rupture : il peut s’arracher à son contexte, s’évader de la sphère
nationale, parler, penser et créer sans témoigner aussitôt de la totalité dont il émane » .
Sans parodier Hegel, nous pensons que tout homme est fils de son temps.
L’environnement sociétal de
façon générale impacte sur le vécu, sur l’être social de chaque individu.
En ce sens, l’identité se façonne
progressivement avec les autres, parmi les autres, grâce aux expériences partagées : à l’école, au travail, dans
la vie de tous les jours, dans les joies comme dans les peines.
Et lors de tous ces instants de vie partagée, la
donne ethnique n’est pas primordiale.
D’autres repères cimentent nos relations.
Toutes choses qui créent une
affectivité nouvelle sur la base de laquelle le vivre ensemble s’enracine.
Par conséquent, une autre
expérience partagée, une autre vision de l’avenir peuvent légitimement fonder une nation, au-delà des
référents ethniques.
C’est à ce titre que nous donnons raison à RENAN lorsqu’il affirme qu’« une nation est
donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a fait et de ce qu’on est disposé
à faire encore.
Elle suppose un passé, elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le
consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune.
L’existence d’une nation est,
(pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une
Ethnie et Nation Page 2.
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