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l'Etat restreint-il la liberté individuelle ?

Publié le 17/11/2005

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La recherche du profit, de la sécurité, voire de la réputation nous font prendre les armes. Or, en l'absence d'un pouvoir commun, l'égalité des hommes fait que ce combat ne peut connaître ni vainqueur, ni vaincu définitif, qu'à chaque moment chacun craint pour sa vie, que l'état de nature est un état misérable d'insécurité et de peur de la mort violente. Cet état catastrophique, où nulle activité agricole, industrielle ou sociale n'est  possible, où chacun craint constamment pour sa vie, correspond à l'expérience de la guerre civile. A ceux qui refusent d'admettre que « L'homme est un loup pour l'homme », Hobbes répond et par l'exemple de la guerre civile, et par celui des rapports entre Etats ; et surtout par celui de notre propre attitude, peu confiante, quand nous quittons notre domicile ou partons en voyage. Il s'ensuit que le premier souci des hommes, vivant en société, est d'éviter la violence. Le ressort de l'Etat, le fondement du pouvoir, est l'angoisse sécuritaire. Or, comme l'état de guerre provient de deux causes, l'égalité des hommes et la divergence de leurs appétits, la solution réside dans la création d'un pouvoir fort, capable d'inspirer l'effroi, et qui unifie les volontés. Une république bien fondée repose implicitement sur un contrat de soumission. Chaque citoyen promet aux autres d'obéir à la même instance (monarque ou assemblée) qui leur ordonne que faire, c'est-à-dire qui représente leur volonté. L'angoisse sécuritaire, la hantise de se maintenir en vie ne trouvent de remèdes que dans l'érection d'un pouvoir fort, d'une autorité absolue qui s'exerce sur les hommes qu'elle  est censée représenter.

« L'État n'a pas de nécessité absolue éternellePour Marx et Engels, l'État est une «superstructure», c'est-à-dire uneinstitution inventée par la classe dominante (la bourgeoisie) pour assurer sadomination sur la classe des prolétaires.

Selon la conception marxiste du de venir historique, l'État ne sera plus nécessaire après l'instauration de la«société sans classes».

Lénine reprend cette thèse en la complétant.

Aprèsune phase de «dictature du prolétariat» visant à éclairer et éduquer lesprolétaires, la fin de la lutte des classes doit entraîner le «dépérissement del'État». L'État de la domination d'une classe sociale chez Marx « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe.Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris parla violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotisme absolu d'une classe sur les autresclasses.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bien plutôt un produit de la société à unstade déterminé de son développement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans une insolublecontradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas — elles etla société — en une lutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de lasociété, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, maisqui se place au-dessus d'elle et lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de lapropriété privée et de l'État, p.

156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmesraisons, l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la dominationd'une classe sur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] —l'ordre social.

D'où l'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avecquelques difficultés sur les moyens d'y parvenir. Contre l'Etat: l'anarchisme A.

L'État, cimetière des libertés Les anarchistes – les russes Bakounine et Kropotkine, les français Élisée Reclus et Jean Grave – voient tout aucontraire dans l'État le mal radical et dans l'Individu la valeur suprême.

Pour eux, l'obéissance du citoyen est uneabdication, une destruction de sa personnalité.

La révolte est permise contre toute autorité : « Ni Dieu ni Maître ! »,s'écrie Jean Grave (1854-1939).

L'État est condamné parce qu'il est le fossoyeur des libertés ou, comme le ditBakounine (1814-1876), « un immense cimetière où viennent s'enterrer toutes les manifestations de la vieindividuelle ».

Non seulement l'État détruit la liberté des individus vivants, mais l'État, parce qu'il rompt la solidaritéuniverselle, parce qu'il ne se pose qu'en s'opposant à d'autres États – ce qui engendre la guerre et ses souffrances–, apparaît comme le plus grand obstacle à l'épanouissement de valeurs réellement universelles. B.

Un optimisme naïf Comprenons bien que les anarchistes ne sont pas pour autant des immoralistes antisociaux.

Ils sont au contrairepersuadés que l'individu ne peut s'épanouir que dans les relations de la vie communautaire.

Mais il s'agit pour eux deliens sociaux librement consentis.

L'État, avec ses contraintes artificielles, n'est qu'une caricature de la sociéténaturelle.

Les anarchistes réclament donc une révolution qui abattra l'État, ses juges, ses policiers, ses armées.

Surles ruines de l'État pourront alors s'établir de libres associations.La doctrine anarchiste implique un postulat tout à fait opposé à celui des absolutistes, ou des partisans de l'Étattotalitaire.

Pour ces derniers en effet, les hommes sont bêtes et méchants ; il faut donc les soumettre à unediscipline sévère.

A ce pessimisme foncier, les anarchistes opposent un optimisme naïf ; pour eux, l'homme est bonpar nature, il ne demande qu'à aider son semblable, il n'a pas besoin de l'organisation artificielle, contraignante etrépressive de l'État.. »

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