L'Etat-Providence ?
Publié le 17/12/2009
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Pour cela, il convient de maîtriser les relations nouées entre la société civile et le pouvoir politique. 1. Nécessité d'une image idéale de soi Tocqueville pose le postulat suivant : l'homme est moral par nature mais il peut se laisser abuser par ses deux passions, la liberté et l'égalité, et exercer un pouvoir inique sur autrui. Pour lui, il faut adopter une attitude critique vis-à-vis de soi et de la société. Il ne suffit pas d'exiger une augmentation quantitative des libertés collectives : il faut exploiter les contradictions du système et surtout son fonctionnement. Tout d'abord, il ne faut pas considérer la liberté comme utopique ou dangereuse mais exiger une augmentation qualitative des libertés. Il convient de ne référer à son modèle privé, à son idéal privé, et non à une nuage collective. Il faut articuler au mieux l'indépendance de la personne et la liberté formelle du citoyen. Pour Tocqueville, en effet, il existe un dépassement virtuellement métaphysique de la nature inscrit au c?ur même de la nature humaine. La nature de l'homme exige son propre dépassement.
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besoins, va forger une culture de masse, qui privilégie les normes institutionnalisées au détriment de l'esprit critique,fondement de la liberté individuelle : «Je serais, pour ma part, porté à croire la liberté moins nécessaire dans lesgrandes choses que dans les moindres, si je pensais qu'on pût jamais être assuré de l'une sans posséder l'autre.
»
3.
Les idées reçues de l'opinionSi tous les citoyens peuvent avancer des opinions toutes valables en soi, qui donnera la référence absolue enfonction de quoi penser la réalité? En démocratie, l'opinion générale impose ses Représentations collectives.
«Je neconnais pas de pays où il règne en général moins d'indépendance d'esprit et de véritable discussion qu 'en Amérique.» (Tocqueville, De la démocratie en Amérique) Là se trouve le principe de la déviation totalitaire du régimedémocratique.
La société civile affaiblit l'esprit critique des citoyens et promeut des idées générales.
Transition
Si la société civile se révèle incapable de recomposer le tissu associatif comme cela se produit en Amérique, lepouvoir démocratique centralisateur détruit le corps social.
La conscience nouvelle de l'homme démocratique intègrecomme un de ses fondements le principe de l'intervention étatique.
L'Etat se trouve alors en mesure de modifier laconscience que l'individu a de sa nature en pesant sur ses facultés critiques.
II.
Redéfinir une liberté individuelle face au pouvoir
Il existe un conflit à l'œuvre dans l'histoire entre la nature humaine, conçue comme progressant vers le déploiementde ses virtualités au prix de révolutions sanglantes, et une démocratie qui tendrait à araser toutes les potentialitésréelles des citoyens.
Pour Tocqueville, il faut accroître sa conscience lucide des relations de pouvoir qui se nouenten démocratie.
Pour cela, il convient de maîtriser les relations nouées entre la société civile et le pouvoir politique.
1.
Nécessité d'une image idéale de soiTocqueville pose le postulat suivant : l'homme est moral par nature mais il peut se laisser abuser par ses deuxpassions, la liberté et l'égalité, et exercer un pouvoir inique sur autrui.
Pour lui, il faut adopter une attitude critiquevis-à-vis de soi et de la société.
Il ne suffit pas d'exiger une augmentation quantitative des libertés collectives : ilfaut exploiter les contradictions du système et surtout son fonctionnement.
Tout d'abord, il ne faut pas considérerla liberté comme utopique ou dangereuse mais exiger une augmentation qualitative des libertés.
Il convient de neréférer à son modèle privé, à son idéal privé, et non à une nuage collective.
Il faut articuler au mieux l'indépendancede la personne et la liberté formelle du citoyen.
Pour Tocqueville, en effet, il existe un dépassement virtuellementmétaphysique de la nature inscrit au cœur même de la nature humaine.
La nature de l'homme exige son propredépassement.C'est ce dont, conséquence des inégalités naturelles, certains individus ont plus conscience que d'autres.
Et ilsdoivent faire entendre leur point de vue dans la cité.
Ce développement de la conscience devient l'affaire du citoyendans la société organisée pour assurer son éducation.
La dimension politique n'épuise pas l'essence humaine.
Dans lasociété civile, l'homme doit continuer à se civiliser en se référant à l'idéal du moi.
L'humanité de l'homme trouverason épanouissement en vertu d'une morale supérieure, exigeante.
Tocqueville identifie cette représentation dudépassement avec l'idéal aristocratique qui vient contrebalancer le modèle démocratique dans la mesure où ilrelativise le principe égalitaire.
2.
Redéfinir le progrès humainPour Tocqueville, le pouvoir démocratique ne peut faire l'économie de «la notion juste de la liberté» dont il est issu,sous peine d'interdire le processus de réalisation permanente des individus et de conduire à la stagnation, voire larégression.
I homme est perfectible mais ses progrès ne s'effectuent pas forcément de manière constante avec desétapes allant vers la réalisation finale de l'histoire.
Rien n'est déterminé mais il faut lavoir orienter le processus deréalisation de soi en toute lucidité.Tocqueville est un libéral ; il ne démonte pas les mécanismes économiques générant l'Etat capitaliste dont Marxprédit la mort lente alors que, au terme d'une praxis révolutionnaire, la socialisation des moyens de productionrendra possible l'instauration d'une société de camarades « libres et égaux ».Son œuvre fournit une alternative à la théorie marxiste.
Elle suggère que, pour maintenir la souveraineté du peuple,il ne suffit pas de renverser les relations de pouvoir économiques, il faut que la société civile maîtrise sa relation aupouvoir politique.
Elle ne peut le faire qu'en accomplissant une manière de « saut » d'un système de référence àl'autre, qu'en changeant de point de repère.
Renonçant à la norme commune, elle doit admettre l'aspiration à unautre type de réalisation.En démocratie, la marche indéfinie du progrès viserait à l'égalisation totale des conditions, qui ne correspond pas àla réalisation totale de la nature humaine.
Pour satisfaire l'exigence démocratique d'où sont issues les révolutions, ladémocratie ne peut se concevoir en fonction d'une fin, d'un but à atteindre qui serait la réalisation de l'humanitéréelle, définitive, absolue, de la nature humaine.C'est là la difficulté que doit affronter l'homme démocratique : l'effondrement d'une vision du monde qui pourrait luidonner des certitudes et l'assurer d'un développement légitime de l'état social et politique.
Il ne peut se reposer surl'état d'évolution où la démocratie est parvenue à tel ou tel moment de son histoire.
Il doit, constamment, corrigerles effets pervers de la déresponsabilisation politique induite par le principe démocratique.
Son véritable point deréférence se situe là : dans la nécessité d'une action permanente : d'un point de vue individuel, l'exercice de l'espritcritique; d'un point de vue collectif, la recomposition du tissu social par la création d'associations ou d'organes deliaison entre la société civile et le pouvoir politique..
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