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l'Etat n'a-t-il pour but que d'assurer la sécurité des citoyens ?

Publié le 12/03/2005

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L'Etat doit garantir aussi la liberté des citoyens A. Les hommes aspirent à vivre libresPeut-on se satisfaire de l'idée que les hommes n'ont comme aspiration essentielle dans leur existence que le souci de vivre ? N'attendent-ils vraiment des lois que la paix ? Certaines paix sont fondées sur un ordre révoltant. La paix règne, en général, sous les dictatures les plus répressives. Faire de la sécurité la fin ultime du politique, c'est se résoudre à accepter n'importe quelle loi, pourvu qu'elle apporte l'ordre. Si une paix peut être reconnue comme inacceptable, c'est que l'homme n'aspire pas seulement à vivre en sécurité. L'instinct de conservation, chez l'homme, n'est pas semble-t-il un simple désir animal de vivre à tout prix ; il vise à préserver une vie indépendante et libre. La loi doit pour être juste non seulement protéger les vies mais aussi garantir les libertés.B.

Ce sujet invite le candidat à réfléchir sur le rôle et la finalité de l'État. L'erreur serait ici d'énumérer les différents rôles de l'État, en disant, par exemple, que l'État n'a pas pour seul but de maintenir l'ordre, mais qu'il a aussi pour but de faire ceci, puis cela...    On pourra envisager la problématique suivante : l'État (c'est-à-dire la société structurée par une organisation politique et juridique) a-t-il pour but de maintenir (faire perdurer) l'ordre (paix civile, absence de troubles) ou bien d'établir (fonder, bâtir) la justice ?    Le candidat montrera que l'ordre ne peut se maintenir longtemps s'il n'est pas légitime, autrement dit s'il n'est fondé que sur la domination et la violence du plus fort. Comme le souligne Rousseau, « le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir « (Contrat social, I, 3). Il n'y a donc pas d'ordre, c'est-à-dire de disposition rationnelle vraie, sans justice. Seules les lois qui émanent de la volonté générale et qui garantissent donc la liberté des sujets sont dignes et par conséquent susceptibles d'être respectées. On ne saurait donc supprimer toute liberté au nom de la sécurité. Mais s'il n'y a pas d'ordre sans justice, il n'y a pas non plus de justice sans ordre. Il appartient donc à l'État de faire respecter l'ordre, autrement dit d'avoir recours à la répression quand la loi est bafouée. La répression doit être elle-même juste. Il s'agit non pas de se venger, mais de restaurer la loi. Il n'y a d'ordre véritable que dans le cadre d'une législation juste qui permette l'accord de la liberté de chacun avec celle de tous - législation qui doit être respectée par tous.    Mais bâtir la justice, cela justifie aussi veiller à une répartition équitable des richesses produites. L'État doit donc favoriser une plus grande justice sociale, en évitant toutefois la logique totalitaire.

  • I) Les hommes s'associent pour assurer leur sécurité.

a) La guerre de tous contre tous de l'état de nature. b) La fin de l'Etat c'est la paix. c) L'Etat c'est la réalisation du désir naturel de sécurité.

  • II) Les hommes s'associent pour vivre libre.

a) La société politique est conforme à la raison. b) L'Etat doit développer l'intelligence et le bonheur des hommes. c) L'homme libre est celui qui vit sous la conduite de la raison.

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« «Tout être s'efforce de persévérer dans son être»Cet effort, c'est ce que Spinoza, dans l'Éthique, appelle le Conatus .

Or, dans l'hypothèse d'un état de nature,le Conatus de chacun y est contrarié par les Conatus des autres.

Les pouvoirs de chaque individu, en tant qu'ilest abandonné à lui-même, sont des pouvoirs fictifs parce que inefficaces.

L'État, en assurant la sécurité,permet à l'homme de «persévérer dans son être»: c'est là sa fonction essentielle. Pour Spinoza, « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elleest conçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose ».

Le désir est le terme génériqueenglobant tous « les efforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme».

Il constitue l'essence de l'homme parce qu'il est le mouvement mêmepar lequel ce dernier s'efforce de persévérer dans son être.

Chacundésire ce qu'il juge utile à la conservation de son être et susceptibled'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui lui semble bon, ce qu'ilaime.

En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui lui paraît faireobstacle au maintien de son être ou entraîner son amoindrissement.

Ainsi« chacun désire ou tient en aversion nécessairement par les lois de sanature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».

Le désir est donc unedisposition naturelle, et tout désir est en soi légitime.

Cependant ce quel'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pasnécessairement ce qui lui est vraiment utile.

C'est que communément «chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui estmauvais », non selon sa droite raison.

Or le sentiment, en tant quepassion de l'âme, est une « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée etconfuse, et qui est donc cause d'erreur et de fausseté.

C'est pourquoiles hommes, en croyant observer leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en fait nuisible. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissanceinfinie : « Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nousne pouvons rien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce depersévérer dans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même del'homme ; de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsil'homme est déterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulledifférence, sinon que le désir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscientsde leurs tendances et c'est pourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendanceaccompagnée de la conscience de cette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vuede quelque chose, la voulons, tendons vers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle estbonne : au contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, lavoulons, tendons vers elle et la désirons.

» (Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute laphilosophie comme le dynamisme immanent à la nature, exprime directement l'essence de l'être fini, oupuissance finie. La fin de l'État, c'est la paixLa paix, c'est le moment où chaque homme renonce à étendre ses pouvoirs aux dépens des autres.

Or, nousdit Spinoza, nul ne renonce à un bien que par l'espoir d'un bien plus grand, ou n'accepte un mal que par lacrainte d'un mal plus grand.

Ce n'est que parce que l'État assure la sécurité qu'il est préférable à la liberté del'«homme naturel».. »

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