L'état. Les grandes doctrines politiques (Quelques exemples). La nation. Les relations internationales
Publié le 23/02/2012
Extrait du document
«
ment dans sa structure gouvernementale et l'ensemble de ses services
généraux : de toute façon il exprime l'organisme social en jouant le
rôle
d'une personne morale distincte, soit en face des citoyens, soit à
l'égard des
autres Etats. Il invoque alors la puissance que lui confère
la loi, c'est-à-dire la règle « formulée et promulguée, en termes authen
tiques, par l'autorité souveraine » (celle de la société elle-même dans
le premier
cas, appuyée sur des principes reconnus ou des traités
signés
dans le second).
L'Etat est donc le gardien de la loi sur laquelle il se fonde et il
n'exige légitimement qu'en son nom. Cependant, suivant le mode de
gouvernement ou le régime politique, la loi n'a pas la même significa
tion pour le citoyen, ou plutôt celui-ci n'en est pas responsable au
même
titre. Montesquieu a distingué en effet trois formes du pouvoir
qui déterminent deux types fondamentaux de gouvernement selon
qu'ils sont séparés ou confondus : ce sont les pouvoirs législatif, exé
cutif et judiciaire. Le législatif représente la puissance de légiférer;
l'exécutif
promulgue la loi et la fait appliquer, tandis que le judiciaire
en sanctionne
le refus. Or si tous les pouvoirs sont entre les mêmes
mains le gouvernement apparaît comme despotique; s'ils sont distin
gués et séparés libéral.
On conçoit certes que dans les deux cas la loi n'a ni la même
valeur ni la même objectivité. Mais on peut également souligner l'im
portance pour le citoyen de s'identifier à la source même des pouvoirs
en
tant qu'elle est créatrice des droits et devoirs civiques : dire, en
effet, que la société est l'autorité souveraine, c'est à la fois trop dire
et
pas assez : trop en ce que la société tend alors à être érigéç en
valeur de type transcendental (caractère métaphysique ou religieux
de
l'autorité issue du groupe) ; pas assez en ce que la société ne déter
mine pas objectivement de valeur proprement morale, sinon par
l'intervention des citoyens considérés comme personnes morales. La
loi civile n'est donc liée à l'obligation morale qu'autant que le citoyen
a conscience de fonder librement et rationnellement les bases du con
trat social. C'est en ce sens que les confrontations sont utiles, voire
nécessaires, et que la liberté d'opinion résume et justifie droits et
devoirs civiques (lesquels expriment, selon Alain, la double fonction
du citoyen, qui est à la fois de résistance et d'obéissance aux pouvoirs).
« Pour jouir de la liberté, écrit Montesquieu, il faut que chacun puisse
dire ce qu'il pense; et... pour la conserver, il faut encore que chacun
puisse dire
ce qu'il pense... »..
»
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