l'Etat est-il un ennemi de l'individu ?
Publié le 09/04/2005
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Selon la conception marxiste du de venir historique, l'État ne sera plus nécessaire après l'instauration de la «société sans classes«. Lénine reprend cette thèse en la complétant. Après une phase de «dictature du prolétariat« visant à éclairer et éduquer les prolétaires, la fin de la lutte des classes doit entraîner le «dépérissement de l'État«. L'État de la domination d'une classe sociale chez Marx « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, le pouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organisé aux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe. Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus en plus ouverte« [La Guerre civile en France, p. 60-61]. La conception marxiste de l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste est l'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris par la violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848. Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotisme absolu d'une classe sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société. « Il est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. « L'article deux de la Déclaration universelle des droits de l'homme assigne ainsi à l'État comme association politique un rôle plus fondamental que celui de la préservation de la vie et de la sécurité. Il s'agit alors de conserver (protéger et fournir les conditions propices à leur développement) les droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Par droits naturels, il faut entendre les droits qui nous sont essentiels, ceux qui nous appartiennent naturellement, du seul fait que nous participons du genre humain sans distinction de culture, de pays ou de religion. Ces droits sont imprescriptibles, ce qui signifie qu'ils sont absolus et non conditionnels : on ne saurait légitimement les contester ou les refuser, les rendre hypothétiques ou propres à une catégorie seulement. L'article de la déclaration les identifie ainsi : liberté, sûreté, propriété et résistance à l'oppression. Tous les hommes sont libres et doivent pouvoir jouir du droit à penser par eux-mêmes, il faut que l'État les protège; ils doivent pouvoir conserver leurs biens sans craindre la spoliation arbitraire et, enfin, ils ne peuvent être empêchés de lutter contre tout ce qui menace ces trois exigences fondamentales. Les droits de l'homme instituent alors une norme politique, un modèle idéal conforme à l'essence de l'homme. En outre, l'État désigne la société en tant qu'elle possède des organes politiques administratifs et juridiques autonomes, et, qu'elle est conçue comme une personne morale vis-à-vis des autres sociétés. L'Etat doit être distingué de la patrie, qui désigne le pays des ancêtres et de la communauté nationale. Il doit être également distingué de la nation, qui est une notion spirituelle: c'est l'unité spirituelle d'une communauté, fondée sur des mœurs et une histoire communes. L'État est l'incarnation d'une volonté générale placée au-dessus de toutes les volontés particulières,. il vise l'intérêt général. C'est pourquoi le conflit principal oppose l'individu à l'État. L'individu a tendance à considérer que l'État est une administration à son service. L'État, de son côté, vise l'universalité et exige des sacrifices pour l'individu. Ainsi, la citoyenneté, l'appartenance de l'individu à l'État serait une limitation de sa liberté et aussi une limitation de toute sa personne, puisque l'Etat oblige l'individu à prendre en compte l'existence des autres et de la collectivité tout entière. Par exemple, le fait de devoir obéir aux lois ne se pense que par rapport à la bonne marche et à la paix de l'espace social. Dès lors l'individu, s'il veut vraiment se réaliser, devrait échapper à cette logique citoyenne et politique, en préférant, par exemple, sa vie privée à sa vie sociale, chacun oeuvrant alors pour son bonheur particulier, loin des préoccupations politiques. Pourtant si l'État limite ma liberté individuelle, il la garantit et la fait coexister avec la liberté des autres, ce qui est un signe de raison et de sagesse. De plus la citoyenneté me permet de prendre une part active dans la vie de la cité et m'invite donc à davantage de responsabilité. De même la dimension privée de mon existence ne peut être garantie que par l'existence d'un État fort et solide. De ces considérations émerge la trame de réflexion suivante : Dans quelle mesure y a-t-il antinomie entre l’État et la liberté de l’homme ? L’étude portera dans un premier temps sur l’incompatibilité entre le cadre étatique et la liberté individuelle. D’un autre côté, nous évoquerons un État en tant que garant des libertés individuelles et collectives pour enfin expliquer les limites de l’absence d’une part et de la présence d’autre part de l’État.
«
L'État de la domination d'une classe sociale chez Marx
« Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et letravail, le pouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoirpublic organisé aux fins d'asservissement social d'un appareil dedomination d'une classe.
Après chaque révolution, qui marque un progrèsde la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir d'Étatapparaît de façon de plus en plus ouverte» [La Guerre civile en France,p.
60-61].
La conception marxiste de l'État est ici résumée dans sonprincipe essentiel : l'État capitaliste est l'appareil de domination de laclasse ouvrière par la bourgeoisie, y compris par la violence comme cefut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848.
Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotisme absolu d'uneclasse sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.
« Il est bienplutôt un produit de la société à un stade déterminé de sondéveloppement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans uneinsoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositionsinconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.
Mais pour que lesantagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne seconsument pas — elles et la société — en une lutte stérile, le besoins'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenirdans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elle et lui devientde plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.
156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmesraisons, l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la dominationd'une classe sur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.
208 sq.] —l'ordre social.
D'où l'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avecquelques difficultés sur les moyens d'y parvenir.
« l'Etat n'existe donc pas de toute éternité.
Il y a eu des sociétés qui se sont tirées d'affaire sans lui, qui n'avaient aucune idée de l'Etat et du pouvoir d'Etat.
A un certain stade de développement économique,qui était nécessairement lié à la division de la société en classes, cette division fit de l'Etat une nécessité.Nous nous rapprochons maintenant à pas rapides d'un stade de développement de la production dans lequell'existence de ces classes a non seulement cessé d'être une nécessité, mais devient un obstacle positif à laproduction.
Ces classes tomberont aussi inévitablement avec elles.
La société, qui réorganisera la productionsur la base d'une association libre et égalitaire des producteurs, reléguera toute la machine de l'Etat là où seradorénavant sa place : au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze.
»
Dans les étapes de l'évolution sociale prochaine qu'imaginent Engels & Marx , ils annoncent la nécessaire dictature du prolétariat.
Mai, en réalité cette dictature n'est qu'une étape provisoire.
S'efforçantde scruter, au plus loin, l'horizon de l'histoire à venir, Engels suppose le déclin, puis le dépérissement de l'Etat, pour que surgisse, enfin, la société sans classe des sociétés hautement développées, répétant à une autreéchelle la société sans classe des sociétés primitives.
Introduction.
Le texte porte sur le caractère historique de l'Etat.
1) Dans le passé, il y a eu des sociétés sans Etat.
2) L'Etat apparaît historiquement, en liaison avec un certain stade de développement économique.
3) Prochainement, l'Etat doit disparaître, en fonction d'un autre stade de développement.
4) Une société nouvelle se débarrassera nécessairement de l'Etat, en le reléguant « au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze ».
1) Au terme d'un raisonnement antérieur (« donc »), Engels expose sa thèse : celle du caractère historique de l'Etat.
A sa prétendue éternité, Engels oppose l'aspect relatif de cette institution.
Il s'appuie, pour ce faire, sur l'ethnologie qui prouve (« il y a eu ») que dans le passé des sociétés ont fonctionné sans Etat.
On devine la thèse de ses adversaires : en aucun cas aujourd'hui une société ne pourrait fonctionner sansEtat, donc il est impossible que demain une telle société puisse exister.
Donc l'Etat doit exister pour l'éternité.
Engels , en se référant aux faits dont témoigne l'ethnologie, science nouvelle à l'époque, ruine scientifiquement les positions qui lui sont hostiles.
Si l'Etat n'existe pas de toute éternité, il n'a aucune chance d'exister pour l'éternité, dans le futur.
2) Reste à expliquer le rapport entre société & Etat, puisque aujourd'hui, au contraire, la société semble bien.
»
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