l'État est-il plus à craindre que l'absence d'Etat ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
- I) L'Etat est plus à craindre que l'absence d'Etat.
- II) L'Etat n'est pas plus à craindre que l'absence d'Etat.
«
b.
L'Etat totalitaire se différencie de la tyrannie en ceci que le dictateur défend une idéologie, alors que le tyran n'a en vu que ses intérêts.
Le dictateur veut imposer son comportement idéologique à toute la société.
Le tyran, lui,se contente d'exploiter la société à son service.
Le mot « totalitaire » renvoie à une conception totale etenglobante de la société.
Pour un tel système, l'individu n'existe qu'au service de toute la société et surtout del'idéologie.
Donc on peut le sacrifier à tout moment.
Le tyran élimine les complices qui le menacent, le dictateurélimine tous ceux qui ne sont plus utiles à ses projets.
On donnera l'exemple de « la nuit des longs couteaux » (30 juin 1934), quand les chefs de la SA (section d'assaut) dont le chef d'état major est Ernst Röhm, sont éliminés par les SS, et ce sous l'ordre du Führer.
Hitlerdevait pourtant beaucoup à la SA.
C'est pareil que ces purges de Staline (1930) où on élimine des cadres du PC.L'Etat totalitaire devient une hiérarchie fluctuante, où se créent sans cesse de nouveaux organes, de nouvellesélites dans l'élite.
Aussi il génère des catégories d'indésirables qu'il faut encadrer sans troubler la conscience de cetencadrement.
Par exemple, on invente une hiérarchie dans les camps de concentration où les pires actes sontcommis par les prisonniers eux-mêmes (Kapos, droits communs).
II.
Faut-il rejeter l'Etat ?
a.
Rejeter l'Etat revient à ne plus avoir d'autorité capable de réguler les masses.
Ainsi l'anarchie est une doctrine politique désirant une absence d'autorité organisatrice, refusant toute autorité au-dessus de l'individu.Proudhon et Bakounine reprendront ce sens, tout en pensant que seule une révolution fera disparaître l'Etat : Bakounine affirme : « ni Dieu ni maître ».
L'anarchisme se caractérise en général par un refus de toute autoritéreligieuse ou politique, une critique de l'Etat quel qu'il soit, car il empêche la libre expression de l'individu enréglementant sa vie sociale, et l'idéal d'une organisation de la société par elle-même, sans institutions ou appareilsd'Etat, fondée sur l'association des producteurs (mutuelles, coopératives) et l'absence de propriété privée.
De plusl'Etat est source de guerres bien plus meurtrières que de simples conflits individuels.
Les anarchistes pensent qu'unedémocratie directe est seule à pouvoir donner à chacun une liberté d'expression.
Car avec un tel dispositif, chacun est en mesure de faire entendre sa volonté (influence de Rousseau).
b.
Les limites de l'anarchie : cette doctrine ne voit pas qu'il y aura toujours des inégalités, et qu'elles peuvent donner l'occasion de servir.
Par exemple un handicapé est inégal d'un point de vue (problème de déplacement etc.),et le rôle du non handicapé sera de le servir, alors même qu'il peut l'exploiter.
C'est l'inégalité qui rend l'hommeméchant pour l'anarchiste.
Et c'est en changeant les conditions sociales que l'homme se bonifiera.
Ce raisonnementoublie que la société est le fruit de l'individu autant que celui-ci est le fruit de la société.
Marx affirmait que lesphilosophes ont pensé le monde et que maintenant « il s'agit de le transformer ».
A cette citation que lesanarchistes approuveraient, il faut rappeler une citation du stoïcien d'Epictète (qui fut esclave un temps de sa vie) :« mieux vaut changer soi que l'ordre du monde ».
c.
Faire le bien, changer la société, consiste à discerner en nous les conditionnements qui peuvent détruire la liberté au lieu de la répandre.
Par exemple, certaines associationshumanitaires ont conçu un développement non respectueux del'environnement.
Certains européens ont détruit des cultures locales etenseigné un développement nuisible sur le plan écologique (Afrique, Inde).Aussi, quand on donne un conseil à quelqu'un, on conçoit rarement le conseildu point de vue de l'autre.
Sartre refusait de donner des conseils car laliberté doit s'éprouver jusque dans ce qu'elle a de plus arbitraire.
On saitmaintenant que la structure étatique (hiérarchique) n'est pas totalementillégitime.
On sait qu'une certaine inégalité peut avoir un sens positif.
Parailleurs, la volonté générale (qui désigne chez Rousseau une volonté prenant en considération toutes les volontés particulières) nous indique unecertaine direction démocratique (cf.
Rousseau, Du contrat social ).
On peut concevoir la politique d'un état comme la recherche d'un certain équilibreentre des idées nécessaires mais qui restent toujours considérée sous l'œilvigilant de la réflexion.
ROUSSEAU : l'État, expression de la volonté générale
Selon Rousseau, les hommes sont contraints de s'associer pour survivre.
Leproblème est de « trouver une forme d'association qui défende et protège detoute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant ».
Sa solution, c'est le contrat social.
Rousseau l'énonce ainsi : « Chacun de nousmet en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale, et nousrecevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout.
» Par ce contrat chaque individu préservedonc intégralement sa liberté puisqu'il décide librement d'obéir à la volonté générale, et son égalité, puisquechacun participe également à cette volonté générale.
L'État trouve sa légitimité dans cette volonté généraledont il ne doit être que l'expression.
Dès que l'État ne représente plus cette volonté générale, le contrat estrompu, et l'État devient illégitime.
« Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et.
»
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