l'Etat est-il l'ennemi de la liberté ?
Publié le 16/11/2005
Extrait du document
- I) L'Etat est un instrument d'oppression
- II) L'Etat est le garant des libertés individuelles.
«
contraire dans l'État le mal radical et dans l'Individu la valeur suprême.
Pour eux, l'obéissance du citoyen est uneabdication, une destruction de sa personnalité.
La révolte est permise contre toute autorité : « Ni Dieu ni Maître ! »,s'écrie Jean Grave (1854-1939).
L'État est condamné parce qu'il est le fossoyeur des libertés ou, comme le ditBakounine (1814-1876), « un immense cimetière où viennent s'enterrer toutes les manifestations de la vieindividuelle ».
Non seulement l'État détruit la liberté des individus vivants, mais l'État, parce qu'il rompt la solidaritéuniverselle, parce qu'il ne se pose qu'en s'opposant à d'autres États – ce qui engendre la guerre et ses souffrances–, apparaît comme le plus grand obstacle à l'épanouissement de valeurs réellement universelles.
B.
Un optimisme naïf
Comprenons bien que les anarchistes ne sont pas pour autant des immoralistes antisociaux.
Ils sont au contrairepersuadés que l'individu ne peut s'épanouir que dans les relations de la vie communautaire.
Mais il s'agit pour eux deliens sociaux librement consentis.
L'État, avec ses contraintes artificielles, n'est qu'une caricature de la sociéténaturelle.
Les anarchistes réclament donc une révolution qui abattra l'État, ses juges, ses policiers, ses armées.
Surles ruines de l'État pourront alors s'établir de libres associations.La doctrine anarchiste implique un postulat tout à fait opposé à celui des absolutistes, ou des partisans de l'Étattotalitaire.
Pour ces derniers en effet, les hommes sont bêtes et méchants ; il faut donc les soumettre à unediscipline sévère.
A ce pessimisme foncier, les anarchistes opposent un optimisme naïf ; pour eux, l'homme est bonpar nature, il ne demande qu'à aider son semblable, il n'a pas besoin de l'organisation artificielle, contraignante etrépressive de l'État.
[L'État peut être la plus sûre garantie contre la tyrannie, la violence des intérêts particuliers.
Étant l'expression du droit et de la volonté générale, il veille sur l'individu.]
Etat et libertéRousseau concilie la liberté individuelle avec l'autorité de l'État en considérantque celle-ci découle d'un «contrat social» par lequel chacun accepte de seconformer à la «volonté générale».
Ce contrat garantit à la fois la liberté etl'égalité.
L'État, résultat de ce contrat, est l'instrument de tous mis auservice de la liberté de chacun.Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi : «Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la forcecommune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacuns'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi librequ'auparavant.
»Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse de Rousseauest apparemment simple : « Le peuple soumis aux lois doit en être l'auteur.
»Chaque individu promet d'obéir à la « volonté générale ».
La « volontégénérale » est ce qu'il y a de commun dans toutes les volontés.
Par exemple,au moment où un groupe d'individus veut s'associer, il existe en chacun deses futurs membres une volonté commune : créer cette association, quellesque soient par ailleurs leurs volontés particulières et différentes, singulières.En promettant d'obéir à la « volonté générale », je ne promets en fait qued'obéir à moi-même, qu'à une partie de ma volonté, qui se trouve coïncideravec celle des autres.
Sans doute, en obéissant à la « volonté générale », neréaliserai-je pas toutes mes volontés, je ne satisferai pas tous mes intérêts.Mais je me réaliserai que ce que je veux, que mes intérêts.
En aucun cas je ne serai soumis à la volonté d'un autre.Bref, je resterai libre.« Tant que les sujets ne sont soumis qu'à de telles conventions, ils n'obéissent à personne, mais seulement à leurpropre volonté.
»En obéissant à la loi, qui n'est qu'une déclaration de la « volonté générale », je perds ma liberté naturelle de fairetout ce que je veux ou plus précisément tout ce que je peux , étant donné la force des autres qui peuvents'opposer à mes projets.
Mais je gagne précisément une liberté politique, qui me permet à la fois de n'obéir qu'à moi-même (puisque je peux me considérer comme l'auteur de la volonté générale, qui est une partie de MA volonté), etne pas subir la volonté d'un autre (plus fort, plus rusé, plus riche).De plus, il y a fort à parier que les lois seront justes, puisque ceux qui les font doivent les subir ; chaque membre del'Etat est à la fois et législateur et sujet.
Son propre intérêt lui commande donc de faire des lois judicieuses, puisqu'ilen subira les conséquences.
Ainsi, l'égoïsme naturel se voit servir l'intérêt commun..
»
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