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L'État est-il l'ennemi de la liberté ?

Publié le 25/01/2005

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a) Le refus libertaire Les théories libertaires du xixe siècle récusent tout à la fois l'héritage libéral et l'idée d'un état instrument de la liberté. Pour un homme comme Proudhon, l'Etat, quelle qu'en soit la nature, est un facteur d'oppression parce qu'il enferme l'individu dans un ensemble de règles et de contraintes qui l'empêchent de s'affirmer. Le discours antiétatique s'affirme avec des variantes dans différentes formes d'anarchisme, chez Stirner ou Bakounine. Ici, le rejet est total : l'Etat est au service des propriétaires dans la société capitaliste, il deviendrait l'origine de nouveaux privilèges dans une société nouvelle, il faut donc le détruire sans retour. b) La critique de Marx Convergente avec les précédentes sur le souhait d'une disparition de l'Etat, l'analyse de Marx en diffère dans l'étude de sa nature. Pour lui, l'Etat n'est que le reflet d'un rapport plus profond, situé au plan économique. Il n'est que l'écho politico-administratif d'une domination économique. Il exprime donc nécessairement un rapport d'oppression, qui disparaîtra avec le fondement économique qui le sous-tend. C'est pourquoi Marx et Lénine (l'Etat et la Révolution) prévoient sa dégénérescence. Pour préciser les formes d'oppression de l'Etat dans une perspective marxiste, il faut relire les analyses de Louis Althusser sur les appareils répressifs et les appareils idéologiques d'Etat, recueillies dans son livre intitulé Positions.

« En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.

Mais chacundisposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres cequi leur plaît.

La constitution d'une société civile et d'un État oblige à unenécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivrebien et vivre en paix.

Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait lerendre redoutable pour autrui.

Dans l'état de nature, chacun jouissait d'undroit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'étaitassuré de ne rien posséder durablement.

L'État garantira la sécurité d'un droitde propriété limité.

Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à lamenace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.

Un Etatcapable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres,de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer lajouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoiret la sociabilité ne peut être que despotique.

Pour sortir les hommes del'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de lasolitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue,instituée en vue de la paix et de la sécurité.

"Quiconque a droit à la fin, adroit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souverainetésont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir cette fin.

"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde nepeuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir etleur force à un seul souverain (homme ou assemblée).

Toutes les volontés doivent être réduites à une seulevolonté.

L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et mêmepersonne. Même Locke ou Rousseau, qui ne sont pas absolutistes, définissent l'Etat comme une nécessité, soit pour garantir laliberté et la sécurité de chacun (Locke), soit pour permettre une organisation telle que chacun soit libre, tout enétant protégé par la force du corps social (Rousseau).

Mais, si la nécessité est affirmée, le danger de despotismen'est pas moins perçu comme premier.

En un sens, toute la théorie du Contrat social de Rousseau est une réflexionsur les moyens de le conjurer.

Toute la pensée classique est à la recherche d'un équilibre entre la liberté individuelleet l'Etat. b) L'Etat de droitPlus généralement, l'Etat de droit, dont la conception se précise aux XVIIe et XVIIIe siècles, tente de concilierl'exigence de liberté individuelle et la nécessité de lui donner des cadres qui la garantissent.

L'Etat est conçu commel'émanation de la volonté de chacun lorsqu'elle a pour but l'intérêt général.

Il est également pensé comme ledéfenseur des droits innés de l'individu, qu'il ne peut aliéner.

Il s'opère donc une conciliation qui vise à conjurer lapuissance étatique en la mettant au service de l'individu.

Ceci est obtenu par un double mécanismequi, d'une part ne fait pas dépendre la liberté de l'Etat, à l'origine, et qui, d'autre part, rend l'Etat garant de cetteliberté (formulée en termes de droits : déclaration de 1789). c) Les ambiguïtés de l'Etat de droitDans les perspectives sommairement évoquées ci-dessus, l'Etat, loin d'être conçu comme un ennemi de la liberté,est au contraire l'institution qui rend possible son exercice.

Néanmoins cette conception n'est pas dépourvued'ambiguïtés, dont on peut citer quelques exemples :• Pratiquement, l'Etat acquiert une autonomie et une indépendance qui peuvent devenir dangereuses et conduire àla mort du corps politique (cf : le chapitre intitulé ainsi le Contrat social).• En cas de litige, qui départagera le citoyen et la puissance étatique ? Locke, comme Rousseau, envisagent leproblème, sans donner de solutions satisfaisantes, du moins qui garantissent la liberté individuelle.

C'est tout leproblème historique du droit à l'insurrection.• Plus profondément, est-il légitime, comme le postulent les philosophes politiques du XVIIIe de croire que les droitsde l'individu préexistent à l'organisation sociale ? La genèse historique de l'Etat s'accommode assez mal de cetteconception.Garant de la liberté, l'Etat peut en devenir l'ennemi s'il s'arroge des prérogatives qui dépassent le cadre habituel quilui est attribué.

Mais, en outre, une telle conception n'est pas toujours susceptible d'expliquer les formes réelles del'Etat. 2 - L'Etat producteur de liberté HEGEL: «L'État, comme réalité en acte de la volonté substantielle, [...] est le rationnel en soi et pour soi[...] dans lequel la liberté obtient sa valeur suprême.» Il n'y a de liberté véritable que dans et par l'État. «L'État, comme réalité en acte de la volonté substantielle, [...] est le rationnel en soi et pour soi [...] dans lequel laliberté obtient sa valeur suprême.

» Hegel, Principes de la philosophie du droit (1821). • Hegel se situe ici dans la lignée d'Aristote, pour qui l'homme ne réalise sa nature d'homme que dans la cité: c'est. »

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