L'Etat est-il la morale de la société ?

A une époque de crise économique, il est de bon ton de critiquer l'État au nom d'une idéologie néo-libérale. L'Etat serait un «gouffre à millions», les fonctionnaires tous des «planqués», les règlements nuiraient à la liberté d'entreprise.

Face à cette offensive antiétatique, il convient de rappeler que le rôle de l'État est, aujourd'hui comme hier, de protéger l'intérêt commun, de réparer dans une certaine mesure les inégalités et les injustices, de veiller au bon respect du droit, de fournir certains services à titre désintéres-

sé. Bref, l'État est véritablement la conscience de la société; comme tel, il doit être suffisamment fort et échapper à la logique économique, qui n'est que l'autre nom des intérêts particuliers et égoïstes. De même qu'il ne faut pas transiger sur la morale, de même il ne faut pas transiger sur la nécessité de l'État. C'est à lui que revient de veiller à la justice, de moraliser les activités humaines, de proposer un sens à la communauté: en un mot d'huma-niser notre société.