l'Etat est-il facteur de liberté ou d'oppression ?
Publié le 29/08/2005
Extrait du document
- Bien définir les termes du sujet :
- « Etat « : c'est un ensemble organisé d'institutions, sous un gouvernement autonome et sur un territoire indépendant. Il est artificiel, c'est-à-dire qu'il a été créé par l'homme (=on n'en trouve pas d'exemple dans la nature) pour permettre le rassemblement des individus. Il garantit une coexistence pacifique, en légiférant les rapports entre les individus.
- « Etre facteur de « : c'est être cause de, origine de.
- « Liberté « : la liberté consiste le plus généralement dans le fait de pouvoir se mouvoir sans contraintes, de juger et agir en pleine conscience. C'est le pouvoir de se déterminer rationnellement sans y être contraint par une force extérieure. Le terme est général est ne recouvre pas uniquement la liberté du citoyen, mais aussi la liberté de l'individu en tant que tel. Sa liberté de faire ou de ne pas faire quelque chose, que ce soit selon des lois, ou selon les règles qu'il s'est donné à lui-même.
- « Oppression « : opprimer, c'est soumettre à une autorité excessive et injuste, c'est persécuter par des mesures de violences. C'est asservir, assujettir, écraser. Mais cela signifie aussi que l'Etat empêche le peuple de s'exprimer de se manifester.
Construction de la problématique : Le sujet ne cherche pas à définir l'Etat en tant que tel, mais à travers ses effets et manifestations. C'est la raison pour laquelle une alternative est proposée : il s'agit de savoir quelle est la conséquence, l'influence de l'action de l'Etat sur les citoyens. L'Etat se caractérise par ses lois et donc par certaines restrictions. Il semble de ce fait évident qu'il soit plus facteur d'oppression que de liberté. Mais ce sont les hommes qui ont créé l'Etat ; il paraît de ce fait étrange qu'ils aient créé quelque chose qui les opprime et réduise leur liberté.
Se pose donc la question de savoir dans quelles circonstances l'Etat peut être ressenti comme un facteur d'oppression, et comme un facteur de liberté. Autrement dit, quels sont les moyens et les raisons qui font de l'Etat un facteur d'oppression ou de liberté, et cela est-il voulu par les citoyens et légitimé ?
Si on considère avec les penseurs modernes que les hommes sont avant tout des êtres individuels, autonomes, complètement libres, qu'ils sont aussi des êtres de désir qui vivent dans une nature hostile, alors il semble évident que les rapports qu'ils entretiennent soient conflictuels. En effet, si les ressources naturelles existent en quantité limitée, si aucun cadre ne vient régir les rapports entre les individus, et si de ce fait je peux faire ce que je veux pour posséder ce dont j'ai besoin ou envie, alors il va de soi que les individus sont en guerre les uns contre les autres. Etant donné que les individus sont libres, qu'il n'y a aucune règle pour les contraindre, et qu'ils ne sont guidés que par le droit de nature, rien n'est injuste ou illégitime puisqu'il n'y a pas de pouvoir commun pour régler les comportements et imposer une loi. Mais le droit de nature est contradictoire à l'état de nature car il n'implique pas la réciprocité : les individus peuvent faire chacun ce que bon leur semble pour se préserver, c'est donc la guerre entre les hommes. Pour ériger ce pouvoir commun, il faut que les hommes renoncent à leur liberté de faire ce que bon leur semble : «j'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit, et que tu autorises toutes ses actions de la même manière« XVI. Personne ne peut reprocher quoi que ce soit au souverain, puisqu'il a autorisé toutes ses actions par la convention.
I/ L’Etat ne peut être que facteur d’oppression
II/ Le but de L’Etat est de rendre les individus aussi libres qu’auparavant
III/ L’Etat doit agir selon la justice
«
Si on considère avec les penseurs modernes que les hommes sont avant tout des êtres individuels, autonomes, complètement libres, qu'ils sont aussi des êtres de désir qui vivent dans une nature hostile, alors ilsemble évident que les rapports qu'ils entretiennent soient conflictuels.
En effet, si les ressources naturellesexistent en quantité limitée, si aucun cadre ne vient régir les rapports entre les individus, et si de ce fait je peuxfaire ce que je veux pour posséder ce dont j'ai besoin ou envie, alors il va de soi que les individus sont en guerre lesuns contre les autres.
C'est cette image de l'état de nature que dépeint Hobbes dans Le Léviathan.
Cet état est une fiction théorique qui permet de voir comment les hommes se comportent les uns envers les autres, et comment de cettesituation est né l'Etat.
Il n'y a pas de sociabilité naturelle, et c'est donc sur un désaccord fondamental que sefondent les sociétés politiques.
Les hommes sont égaux de corps et d'esprit ; ils espèrent donc également parvenir àleur fin.
Si deux hommes désirent donc la même chose, ils vont entrer en conflit, devenir ennemis.
Chacun s'efforcealors de dominer l'autre pour satisfaire son désir de la chose.
Etant donné que les individus sont libres, qu'il n'y aaucune règle pour les contraindre, et qu'ils ne sont guidés que par le droit de nature, rien n'est injuste ou illégitimepuisqu'il n'y a pas de pouvoir commun pour régler les comportements et imposer une loi.
Le droit de nature consistepour l'homme à faire ce que bon lui semble pour préserver son être.
« Le DROIT DE NAT que les auteurs appellentgénéralement jus naturale est la liberté qu'a chacun d'user comme il le veut de son pouvoir propre, pour lapréservation de sa propre nature, autrement dit, de sa propre vie.
» XIV.
Mais le droit de nature est contradictoire àl'état de nature car il n'implique pas la réciprocité : les individus peuvent faire chacun ce que bon leur semble pourse préserver, c'est donc la guerre entre les hommes.
Au vu de cet état, les hommes vivent dangereusement, chacun est guetté par la mort violente : il n'existe pas de loi garantissant la propriété ou la vie des individus.
C'est de cette situation que naît l'idée de fonder unEtat : si chacun remet son droit de nature, qui est en réalité un droit sur toute chose – un jus in omnia –, à untiers, alors tous les individus seront égaux et n'auront plus le pouvoir de se léser les uns les autres.
Le pouvoircommun doit être un tiers contraignant, qui tienne en respect et dirige l'action en vue de l'avantage commun (XVII).Pour ériger ce pouvoir commun, il faut que les hommes renoncent à leur liberté de faire ce que bon leur semble : « j'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cettecondition que tu lui abandonnes ton droit, et que tu autorises toutes ses actions de la même manière » XVI.
Par lepacte je cède à un autre mon droit naturel : le souverain sera donc le représentant suprême de tous les sujets.Etant donné la nature des hommes, leur désir de possession et de domination, le pacte impose un abandon de laliberté.
Le Léviathan est donc tout puissant, il représente ses sujets, et de ce fait, il n'est pas soumis à un contrôlede ses mandants.
Personne ne peut reprocher quoi que ce soit au souverain, puisqu'il a autorisé toutes ses actionspar la convention.
L'Etat peut donc être facteur d'oppression dans ce cas là, puisque les individus se sont volontairement soumis à un individu, qu'ils ont abandonné leur liberté pour la sécurité.
II/ Le but de L'Etat est de rendre les individus aussi libres qu'auparavant :
L'homme qui vit sous le pouvoir d'un seul homme, comme le suggère Hobbes, et qui est donc soumis à son bon vouloir, est en quelque sorte un être dénaturé puisqu'il n'a plus rien à voir avec l'individu qu'il était à l'état denature.
En effet, le citoyen qui vit dans l'Etat a perdu sa liberté ; si on considère que cette dernière est l'essencede l'homme, se pose la question de savoir comment il est possible de rendre compatible des lois contraignantes et laliberté.
C'est à cette question que pense Rousseau lorsqu'il écrit Le contrat social.
En effet, selon lui les hommes sont avant tout des êtres libres, ils doivent garder cette caractéristique, quelle que soit leur manière d'êtreensemble.
Autrement dit l'Etat doit avant tout veiller à respecter cette dimension de l'homme ; c'est la raison pourlaquelle il faut « trouver une forme d'association par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant.
» CS, I, IV.
Rousseau s'aperçoit que les individus sont heureux,indépendants et libres à l'état de nature.
Mais cette liberté n'est pas compatible avec un mode de vie encommunauté puisqu'elle ne prend pas en compte autrui.
Dès lors que les hommes se rassemblent, ils doivent doncinventer une nouvelle manière d'être libre : la liberté civile.
Les hommes doivent donc s'assembler et se défaire pour un moment de leur liberté naturelle, pour décider de la manière dont ils vont gérer leur vie en commun.
Ils doivent quoi qu'il en soit non seulement définir des lois leurpermettant de vivre ensemble, mais ils doivent aussi être aussi libres qu'auparavant, c'est-à-dire qu'ils ne doiventdépendre de personne, n'être soumis à aucune volonté individuelle.
C'est ce que permet le contrat social : cedernier fait de l'individu à la fois un homme et un souverain.
En effet, l'homme est le sujet du souverain en tant queparticulier, il doit obéir aux lois.
Mais ce même individu est aussi un citoyen qui fait partie de la souveraineté puisqu'ilfait les lois.
L'homme obéit donc à ses propres lois et est donc libre, car dépendant de lui seul.
« L'obéissance à laloi qu'on s'est prescrite est liberté.
» I, VIII.
C'est la liberté civile.
Le contrat social lie chacun en tant que volontéparticulière à lui-même en tant que membre du souverain, c'est-à-dire en tant que partie de la volonté générale.Cette liberté civile est possible parce que l'homme est à la fois sujet de la loi, et auteur de la loi.
Autrement dit, ildécide avec le groupe des lois qu'il faut créer, et y obéit en tant que sujet.
L'Etat est donc le seul moyen d'être libre d'une manière qui soit viable et non contradictoire..
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