« Les vrais livres n'ont pas de fin » Le Clézio ?
Publié le 27/02/2008
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« Les vrais livres n'ont pas de fin « Le Clézio ?
Introduction :
Dans cette citation, Le Clézio pose la question de la définition de l’œuvre littéraire, qu’est-ce qu’un « vrai livre «, c’est-à-dire qu’est-ce qu’une œuvre littéraire ? Pour cet auteur, il s’agit d’une livre sans fin. Que faut-il entendre par fin ? S’agit-il d’une œuvre inachevée, que ne conclut jamais ? Ou s’agit-t-il d’une œuvre qui n’ait aucune finalité c’est-à-dire conçue sans véritable intention de son auteur, celui-ci laissant tous les choix possibles d’interprétations à ses lecteurs. Auquel cas, peut-on encore parler d’œuvre d’art ? En effet, une œuvre, c’est avant tout un objet fini, harmonieux, concevable comme un tout. Dès lors, comment accorder cette vision traditionnelle de l’œuvre d’art avec celle résolument moderne que propose Le Clézio ? Est-ce à dire que toutes les interprétations sont possibles pour un seul livre ? Comment alors parler d’œuvre d’art si rien n’est achevé, si tout est permis ? Il faudra nous demander si la définition de Le Clézio n’est pas datée, si elle ne s’applique pas uniquement aux œuvres modernes et contemporaines. Dans quelles mesures une œuvre du XVIIe ou du XIXe siècle est-elle ouverte ?
Problématique :
D’un côté Le Clézio définit le livre comme un objet « ouvert « infini fuyant toute conclusion et susceptible d’être réinterprété sans cesse, de l’autre les œuvres littéraires s’imposent au contraire comme des œuvres finies, closes dont la lecture est décidée à l’avance par l’auteur. Comment définir une œuvre littéraire ?
«
d'amour avec sa compagne actuelle Ilse mais pendant qu'il rédige ce livre, celle-ci qui est sa véritable compagne sesuicide.
Il est alors rattrapé par sa propre création.
Son autofiction se fait tombeau littéraire en mémoire de sa bien-aimée.
La fin première de l'auteur a été dépassée.
C'est autant plus complexe que l'on ignore quelle est la part devéracité dans cette histoire ainsi les perspectives d'interprétations sont-elles d'autant plus nombreuses.
Doubrowskyavait-il prévu la tournure que prendrait les évènements ou s'est-il au contraire trouvé dépassé par son livre ? Quoiqu'il en soit, un projet présidait bien à la réalisation, c'est ensuite que les « fins » se sont multipliées presque contrela volonté de l'auteur.
3) Les détournements de sens Non seulement l'auteur peut se trouver dépassé par son œuvre au moment de la réalisation mais égalementau moment de la réception.
En effet, lectorat et critique peuvent recevoir un texte d'une façon tout à faitdifférente selon le contexte et selon les époques.
S'il y avait une morale, une conclusion, une finalité prévueinitialement par l'auteur, celle-ci est dépassée.
Sénèque aurait-il pu prévoir la destinée de sa célèbre pièce Œdipe et l'emploi qu'en a fait Freud ? Dès lors, nous comprenons que toutes les interprétations ne sont pas permises, l'auteurprévoit un champ de possibilités, il laisse bien sûre à son lecteur une part d'inventivité mais dans un champrelativement restreint ce qui explique que l'on ne puisse tout dire d'une œuvre.
Simplement avec l'évolution del'histoire et des mentalités, les approches évoluent.
Un livre n'est pas sans fin au sens strict, il y a bien une fin maiscelle-ci est sans cesse dépassée et mise en cause car la littérature n'a de cesse d'interroger l'homme et le monde.
III Les œuvres sont à la fois achevées et illimitées 1) Les œuvres interrogent sur le monde… Avec Le Clézio nous pouvons mettre en cause les écrivains qui cherchent à tout pris à conclure et àmettre un point final à leurs œuvres mais en restant conscient du fait qu'une œuvre est d'abord un tout cohérent etharmonieux, un univers clôt capable de s'ouvrir au monde.
Les œuvres littéraires interrogent sans cesse c'estpourquoi une œuvre digne de ce nom suscite de nombreuses interprétations.
Prenons par exemple Ulysse de James Joyce.
Il y a assurément un début, Bloom laisse Molly sa femme pour partir dans Dublin et une fin avec le retour deBloom.
Le livre commence et s'achève par un oui.
Le livre forme donc un tout achevé.
Mais au cœur ce cet univers,les questionnements sur le monde et l'homme sont multiples.
Qu'est-ce qu'une conscience, comment percevoir laréalité, comment concevoir les rapports humais au sein d'un couple ? Autant de questions aussi bien esthétiquesque philosophiques auxquelles Joyce ne répond pas.
2) … et questionnent la définition de l'humanité De la même façon les œuvres interrogent sur l'homme.
Prenons par exemple l'Etranger d'Albert Camus.
De nouveau, le roman a bien une forme achevée, un début et une fin puisque Camus raconte l'histoire d'un condamné àmort.
Pourtant, les lecteurs de toutes les générations continuent de lire ce récit, les critiques se bousculent pour enproposer de nouvelles interprétations car dans ce récit esthétiquement achevé, Camus soulève tout un tas dequestions existentielles insolubles.
Ainsi les livres n'ont pas de fin non au sens où ils ne concluent pas, où ils ne sontpas achevés mais au sens où les œuvres véritables soulèvent toujours de nouvelles interrogations.
Dès lors, on nepeut mettre en tout leur caractère d'ouvre finie, achevée, totale mais on ne peut en donner une interprétationdéfinitive.
Un « vrai livre » est une œuvre tout à fait singulière, achevée, définitive et sans cesse autre à elle-mêmepuisque chaque lecteur peut se l'approprier et répondre à sa façon aux problèmes qu'elle soulève sans pour autantmettre en cause son irréductible singularité.
Conclusion : Certes, une œuvre littéraire est caractérisée par sa propension à l'ouverture, elle peut être lue et exploitéede différentes façons selon les lecteurs.
En ce sens, elle ne conclut pas, elle est sans fin.
Cependant, il y a bien uneintention consciente ou non qui préside à la conception de l'œuvre même si celle-ci est dépassée au cours de laréalisation ou de la réception.
Par conséquent une œuvre est à la fois finie, délimitée, organisée, close et ouvertedans la mesure où elle interroge le lecteur.
Ainsi, les plus grandes œuvres fonctionnent à la fois comme des universfermés et infinis.
Pour reprendre les termes d'Umberto Eco dans L'œuvre ouverte un livre est un univers « achevé » en même temps qu' « illimité »..
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