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Les variations de la conscience morale nous conduisent-elles toujours au scepticisme moral ?

Publié le 27/02/2008

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Dans son effort pour comprendre le monde, l'homme aspire à établir des rapports nécessaires entre les faits qu'il lui est donné d'observer; il ne lui suffit pas de constater ce qui est; il n'a de repos qu'une fois parvenu à voir que les choses ne peuvent être autrement, en sorte que quiconque comprend les données du problème ne peut, sous peine de contradiction, penser différemment. Si cet idéal n'a été réalisé que dans le domaine des mathématiques, toutes les sciences tendent à s'en rapprocher, car les exigences de l'esprit sont partout identiques. Mais il est un groupe de sciences qui jusqu'ici n'ont guère progressé dans ce sens : les recherches concernant la vie spirituelle de l'homme, et en particulier, la morale. Dans ce domaine, les penseurs sont bien éloignés de l'entente, et les idées du vulgaire témoignent d'une extrême divergence. Les réactions de la conscience sont fort diverses suivant les époques, les civilisations et les individus. Ces variations scandalisent les âmes droites, et on peut se demander si elles ne fournissent pas un argument contre le caractère absolu du devoir.
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« restera le seul moyen moral de gagner sa vie ?Nous le constatons, à moins qu'elle soit assoupie sous la pression de la routine, la conscience morale estnaturellement inquiète, découvrant toujours quelque chose à reprendre dans des conceptions jugées irréprochablesjusque-là.

Aussi évolue-t-elle constamment, en sorte que l'histoire des idées morales est l'histoire de ses variations. II.

— LE PROBLÈME : LES VARIATIONS DE LA CONSCIENCE ET LE SCEPTICISME MORAL. Des contradictions entre les opinions humaines, les sceptiques de tous lès temps ont tiré, en faveur de leur thèse,un argument qui ne manque pas d'impressionner : si la raison est capable de justifier des doctrines diamétralementopposées les unes aux autres, quelle assurance pouvons-nous avoir de sa valeur? Ne vaut-il pas mieux s'abstenir deprendre parti et rester sur une prudente réserve ?Il en est de même dans le domaine moral.

La conscience morale — qui n'est d'ailleurs qu'une forme particulière de laraison — porte, suivant les temps, suivant les lieux, suivant les personnes, des appréciations différentes.

Pouvons-nous, dans ces conditions, faire fond sur ses jugements et considérer ses évidences comme indiscutables ? Sansdoute, elle nous donne des ordres sans réplique et sans appel, mais comme un enfant capricieux qui exigera demaince qu'il refusait obstinément aujourd'hui, le devoir se présente comme absolu, mais il est, en réalité, aussi relatif queles opinions des hommes et même que leurs intérêts et que leurs passions.

III.

— LES SOLUTIONS. A.

A cette question ou à cette difficulté on fait parfois des réponses montrant, sans doute, que les variations de laconscience ne nous autorisent pas à conclure au scepticisme moral, mais qui ne suffisent £as pour écarter ladifficulté pratique posée par ces variations. a) Les variations de la conscience morale, dit-on souvent, s'expliquent par l'influence des passions et des intérêtspersonnels ou collectifs qui donnent un relief particulier aux choses qui nous sont agréables ou avantageuses etnous rendent aveugles à celles qui nous sont défavorables.

D n'est pas d'activité mentale qui échappe à cetteinfluence et les faits les plus évidents se tamiseront de doute dès qu'ils contrediront une tendance bien ancrée.

« Sila géométrie, dit LEIBNIZ (Nouveaux essais sur l'entendement humain), s'opposait autant à nos passions et à nos intérêts présents que la morale, nous ne la contesterions et violerions guèremoins, malgré toutes les démonstrations d'EuclidE et d'ARCHIMÈDE, qu'ontraiterait de rêverie et croirait pleines de paralogismes ».

Par suite, cesvariations que nous attribuons à la conscience se ramènent à deschangements d'intérêts et de passions.

La conscience, elle, ne varie pas, et ilsuffit, pour trouver le terrain ferme sur lequel on puisse asseoir le devoir, defaire appel à une conscience dégagée des influences étrangères quiempêchent son activité normale.

Que, par une sorte d'ascèse intellectuelle etmorale, on se libère de l'emprise du sensible, et on jugera comme uneconscience pure.Mais cette purification, dont on devine d'ailleurs la difficulté, ne donnerait pasà nos jugements moraux la fermeté et l'immutabilité désirées.

Nous l'avons dit,les âmes supérieures qui, dans l'antiquité, sont parvenues à se déprendre desattaches naturelles les plus fortes, n'en ont pas moins admis des coutumesque réprouve la conscience moderne; de nos jours aussi, il est facile detrouver des esprits généreux et vraiment désintéressés dont les conceptionssociales, en retard sur celles de leur génération, sont une survivance d'uneconception de la société que nous jugeons périmée.

C'est que, une foislibérée de l'influence des passions et des intérêts, la conscience resteétroitement tributaire des habitudes de penser résultant de la formationpremière : les traditions passent facilement pour légitimes, sinon poursacrées.

Aussi pouvons-nous, malgré le désintéressement auquel noussommes parvenus, avoir un jugement différent de celui que porteront nos enfants ou nos petits-enfants, lorsqu'onse sera familiarisé sous notre toit avec des conceptions jugées révolutionnaires par nos ancêtres.

La consciencepure est donc une chimère : nous ne pensons jamais qu'avec une conscience historique, essentiellement intégréedans son temps, par suite relative.

Le problème reste donc entier : comment avec cette conscience déterminer ledevoir, qui se présente comme absolu ? b) D'autres pensent pouvoir esquiver l'objection tirée des variations de la conscience morale en faisant observerqu'elle évolue dans le sens du progrès.

Il n'y a donc plus lieu, disent-ils, de se scandaliser des erreurs et deshésitations de la conscience en cours de formation : ne trouve-t-on pas normaux les balbutiements do l'enfant quiapprend à parler? La conscience du primitif n'est qu'un germe de conscience dont les aberrations les plus grossièresne sauraient justifier le scepticisme à l'égard de la conscience pleinement développée.

A ce stade du pleindéveloppement nous ne sommes pas encore parvenus, et il est normal que nous tâtonnions encore; mais nouspouvons entrevoir le jour où une conscience dégagée des passions portera des jugements aussi définitifs que laconclusion d'un théorème mathématique.A cette solution on pourrait d'abord objecter que la marche de la conscience vers plus de sûreté est, non un faitindiscutable, mais une hypothèse assez hasardée.

Cette hypothèse serait-elle démontrée, la difficulté avec laquellenous sommes aux prises ne serait pas pour autant levée.

En effet, si la conscience complètement évoluée est. »

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