Les sciences peuvent-elles résoudre tous les problèmes que l'homme se pose ?
Publié le 15/11/2005
Extrait du document
Les sciences naissent des problèmes et des questions que nous nous posons. Connaître, c'est ramener l'inconnu au connu. Elles tentent donc, dans leur développement méthodique, à éliminer les problèmes en mettant à jour tous les éléments de ce qui est en question afin que ne subsiste nul doute. Car, si le problème vient du doute, qu'il soit théorique ou pratique, de l'incertitude, le savoir, lui, a bien pour tâche de nous enlever ce doute. Aussi, Socrate qui professait ne savoir qu'une chose, qu'il ne savait rien, se nommait philo-sophe (amoureux de la sagesse / science) et non sophos (sage). Problématiser, c'est montrer qu'on ne sait pas. Donc, les sciences paraissent bien être les solutions des problèmes, si elles permettent d'acquérir une connaissance certaine de leur objet. Cette certitude sera sans doute de nature différente selon la nature des différents objet (certitude absolu dans les objets nécessaires, tels que les objets mathématiques, ou probable, dans les objets contingents, tels que ceux de la physique), mais chaque science, possédant sa méthode propre, est susceptible de fonder son type de certitude, donc d'éliminer les problèmes. Néanmoins, peut-il y avoir science de tout ? Aristote réduisait déjà le savoir au nécessaire. Le calcul des probabilité et les méthodes statistiques agrandissent le cercle du savoir aux évènements qui, bien que non nécessaires, sont fréquents. Néanmoins, toute une part de l'expérience humaine ne paraît pas être susceptible de méthodes générales en raison de son caractère hasardeux ou irréductiblement particulier (ex. les sentiments). Alors les sciences peuvent être résoudre tous les problèmes que se pose l'homme ? Cette résolution est-elle seulement théorique, ou également pratique ?
«
plus souvent contentée d'explications purement verbales ; mais le XVIIe siècle fut aussi celui qui reconnut lanécessité de l'observation des faits et de cette consultation de la réalité physique qu'on nomme l'expérience : lenom du Chancelier Bacon est resté attaché à cette évolution capitale de la pensée scientifique.
Bachelard
Si le concept de limite de la connaissance scientifique semble clair à première vue, c'est qu'on l'appuie de primeabord sur des affirmations réalistes élémentaires.
Ainsi, pour limiter la portée des sciences naturelles, on objecterades impossibilités toutes matérielles, voire des impossibilités spatiales.
On dira au savant : vous ne pourrez jamaisatteindre les astres ! Vous ne pourrez jamais être sûr qu'un corpuscule indivisé soit indivisible ! (...)
En fait, pour prouver que la connaissance scientifique est limitée, il ne suffit pas de montrer son incapacité àrésoudre certains problèmes, à faire certaines expériences, à réaliser certains rêves humains.
Il faudrait pouvoircirconscrire entièrement le champ de la connaissance, dessiner une limite continue infranchissable, marquer unefrontière qui touche vraiment le domaine limité.
Sans cette dernière précaution, on peut déjà dire que la question defrontière de la connaissance scientifique n'a aucun intérêt pour la science.
III.
La démarche scientifique comme attitude mentale
Cela pourra donner lieu à une redéfinition de la démarche scientifique, commune à toutes les sciences, comme uneattitude mentale de rigueur et d'exigence, qui pourrait alors s'appliquer à n'importe quel objet, y compris à desobjets éthiques.
Ainsi, si les sciences prises au sens propre du terme comme l'ensemble des disciplines ayantstrictement recours à des méthodes scientifiques ne semblent pas pouvoir s'étendre à tous les problèmes quiconcernent l'homme, elles vont néanmoins de pair, en un sens plus large, avec une certaine disposition de l'esprit àla rigueur, disposition qui, elle, peut être considérée comme pertinente pour tous les aspects de l'humain.
Epictète
Quand on ignore qui on est, pourquoi on est né, dans quel monde et avec quels compagnons on vit, ce qu'est lebien et le mal, le beau et le laid, quand on ne connaît rien à la démonstration ni au raisonnement ni à la nature duvrai et du faux, quand incapable de les distinguer, on ne se conforme à la nature ni dans ses désirs, ni dans sesaversions, ni dans sa volonté, ni dans ses intentions, ni dans ses assentiments, ses négations ou ses doutes, ontourne de tout côté comme un sourd et un aveugle, on croit être un homme et l'on n'est personne.
Depuis que larace humaine existe, toutes nos fautes, tous nos malheurs ne sont-ils pas nés d'une pareille ignorance ?
Analyse du sujet
● Le sujet pose la question du rapport entre deux notion : les sciences, et les problèmes que l'homme se pose.
Il nous demande si les sciences sont la réponse aux problèmes.
Le possibilité est ici une question dedroit : si une science se constitue sur un problème à résoudre, alors en droit tous les problèmes peuvent êtrerésolus par la science.
Mais en fait, il paraît difficile voire impossible de posséder toutes les sciences.
Donc,les problèmes doivent toujours demeurer.
● Les sciences : une science peut être caractérisée par une méthode propre ou par un objet propre, un domaine de l'existence.
On peut alors supposer qu'il y a autant de sciences que de domaines (ou genresd'être), et qu'une même méthode (règles de vérification des énoncés, d'expérience etc.) n'est pas la mêmeselon les différents objets.
Mais on peut aussi supposer qu'il n'y a qu'une seule science possible qui puissenous apporter la vérité.
De ce point de vue, tous les objets doivent être appréhendés selon un modèle de lascientificité, déterminé une fois pour toute.
● Les problèmes que l'homme se pose : un problème, en science consiste en une question à résoudre portantsoit soit sur un résultat inconnu à trouver soit sur la démonstration possible d'un résultat connu.
Mais onpourra aussi distinguer problème et question.
La science résout-elle des problèmes ou bien répond-elle à desquestions ? Une question renvoie à quelque chose que l'on ignore, mais que l'on peut a priori savoir, à partir de la recherche d'une réponse.
Un problème est un embarras duquel nous ne parvenons pas à nous sortir, etdont nous ne savons même s'il y a une réponse.
Problématique
Les sciences naissent des problèmes et des questions que nous nous posons.
Connaître, c'est ramenerl'inconnu au connu.
Elles tentent donc, dans leur développement méthodique, à éliminer les problèmes en mettant àjour tous les éléments de ce qui est en question afin que ne subsiste nul doute.
Car, si le problème vient du doute,qu'il soit théorique ou pratique, de l'incertitude, le savoir, lui, a bien pour tâche de nous enlever ce doute.
Aussi,Socrate qui professait ne savoir qu'une chose, qu'il ne savait rien, se nommait philo-sophe (amoureux de la sagesse/ science) et non sophos (sage).
Problématiser, c'est montrer qu'on ne sait pas.
Donc, les sciences paraissent bien être les solutions des problèmes, si elles permettent d'acquérir une connaissance certaine de leur objet.
Cette.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre. Marx
- Ernest Rutherford par Maurice de Broglie de l'Académie des Sciences et de l'Académie française - Professeur au Collège de France Il est souvent surprenant de constater combien peuvent être différentes les attitudes de l'esprit humain vis-à-vis des problèmes qu'il cherche à résoudre.
- Le philosophe peut-il espérer résoudre les problèmes Qu'il se pose, comme le mathématicien résout le sien ?
- Commentez ces réflexions de Cl. Mauriac (André Breton, Grasset, 1949) de l'activité surréaliste : «Le surréalisme n'aurait-il rien apporté d'autre qu'une critique des modes traditionnels de la connaissance et de l'expression que notre dette à son égard serait encore immense. Nous aurons à voir s'il n'a fait que cela et comment il l'a fait. Nous devinons tout de suite qu'une entreprise aussi gigantesque ne peut se solder que par un échec. Si le surréalisme pose mieux les problèmes qu'il
- L'humanité ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre; car, à y regarder de plus près il se trouvera toujours que le problème lui même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. Marx. Contribution à la critique de l'économie politique. Editions sociales, page 4. Commentez cette citation.