Les sciences humaines peuvent-elles remplacer la philosophie ?
Publié le 02/03/2004
Extrait du document
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La prévisibilité de l'homme n'est donc pas comparable à celle desphénomènes de la nature.
Et les chercheurs en sciences humaines nesauraient être soupçonnés de vouloir réduire l'être humain au rang d'unsimple objet, soumis à un déterminisme absolu.Ils confirment ainsi d'anciennes (puisque antérieures aux scienceshumaines elles-mêmes) remarques de Kant.
Évoquant la constitutionnécessaire d'une anthropologie (soit d'un savoir sur l'homme : ce quedoivent précisément viser les sciences humaines), Kant en distinguedeux tendances, correspondant au double « caractère » de l'êtrehumain.
Du caractère empirique (soit les aspects déterminés del'existence humaine) se chargera une anthropologie pragmatique, tandisqu'une anthropologie philosophique prendra en charge le caractèrerationnel.
Ce dernier désigne en effet la capacité qu'a l'homme, au lieud'obéir en totalité aux lois de la nature, de formuler par sa raison les loisde sa conduite.
À ce que Kant prévoyait comme anthropologiepragmatique correspondent à peu près nos sciences humainescontemporaines - qui n'ont donc pas à se préoccuper d'étudier «scientifiquement » les performances de la raison ou de la liberté...Aussi la prévisibilité de l'homme qu'admettent les sciences humainespeut-elle finalement être comprise dans son intérêt : repérer lesdifférents déterminismes (sociaux, psychiques, historiques) auxquelspeut être soumis l'être humain, ce n'est pas le condamner à les subir passivement en perdant de sa liberté.
Ce peut être au contraire - c'est notamment la thèse actuelle dusociologue Pierre Bourdieu - lui donner la possibilité de s'en méfier, ou de leur échapper.
Et de la sorte lutterpour une plus grande liberté concrète de l'homme lui-même, ce qui viendrait simplement confirmer que laliberté, même si on peut la considérer d'un point de vue métaphysique, doit aussi se vivre au quotidien.
Sciences humaines et pouvoirLa philosophie est véritablement une activité intellectuelle désintéressée.
En revanche, les sciences humainesne le sont pas; elles sont toujours au service d'un pouvoir et d'une idéologie.
Par exemple, l'économie justifie aposteriori un certain rapport de domination d'une classe sur une autre, l'anthropologie légitime la supérioritéd'une culture sur une autre, la sociologie est au service de la société capitaliste marchande.
La philosophie est une quête de sens, ce que ne sont pas les "sciences de faits" qui nous donnerontréponses à nos interrogations métaphysiques."De simples sciences de faits forment une simple humanité de fait...Dans la détresse de notre vie...
cette science n'a rien à nous dire.
Lesquestions qu'elle exclut par principe sont précisément les questions quisont les plus brûlantes à notre époque malheureuse pour une humanitéabandonnée aux bouleversements du destin : ce sont les questions quiportent sur le sens ou l'absence de sens de toute cette existencehumaine...
Ces questions atteignent finalement l'homme en tant quedans son comportement à l'égard de son environnement humain etextra-humain il se décide librement, en tant qu'il est libre...
de donner àsoi-même et de donner au monde ambiant une forme de raison.
Or, surla raison et la non-raison, sur nous-mêmes les hommes en tant quesujets de cette liberté, qu'est-ce donc que la science a à nous dire ?La simple science des corps manifestement n'a rien à nous dire,puisqu'elle fait abstraction de tout ce qui est subjectif.
En ce quiconcerne d'autre part les sciences de l'esprit, qui pourtant dans toutesleurs disciplines, particulières ou générales, traitent de l'homme dansson existence spirituelle, il se trouve, dit-on, que leur scientificitérigoureuse exige du chercheur qu'il mette scrupuleusement hors-circuittoute prise de position axiologique .
Mais est-il possible que le Monde etl'être humain en lui aient véritablement un sens si les sciences nelaissent valoir comme vrai que ce qui est constatable dans uneobjectivité de ce type ?" HUSSERL
Articulation des idées
Idée centrale : des sciences qui ne s'attachent qu'aux faits (les sciences positives) ne peuvent répondre auxquestions essentielles et angoissantes qui se posent à l'homme.
Explication:
a) Les sciences des corps (physique, biologie, etc.) ignorent tout ce qui est subjectif (qui appartient au sujeten tant que conscience)..
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