Les sciences humaines pensent-elles l'homme ?
Publié le 17/01/2022
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[III.
La liberté respectée]
La prévisibilité de l'homme n'est donc pas comparable à celle des phénomènes de la nature.
Et les chercheurs ensciences humaines ne sauraient être soupçonnés de vouloir réduire l'être humain au rang d'un simple objet, soumis àun déterminisme absolu.Ils confirment ainsi d'anciennes (puisque antérieures aux sciences humaines elles-mêmes) remarques de Kant.Évoquant la constitution nécessaire d'une anthropologie (soit d'un savoir sur l'homme : ce que doivent précisémentviser les sciences humaines), Kant en distingue deux tendances, correspondant au double « caractère » de l'être humain.
Du caractère empirique (soit les aspects déterminés de l'existencehumaine) se chargera une anthropologie pragmatique, tandis qu'uneanthropologie philosophique prendra en charge le caractère rationnel.
Cedernier désigne en effet la capacité qu'a l'homme, au lieu d'obéir en totalitéaux lois de la nature, de formuler par sa raison les lois de sa conduite.
À ceque Kant prévoyait comme anthropologie pragmatique correspondent à peuprès nos sciences humaines contemporaines - qui n'ont donc pas à sepréoccuper d'étudier « scientifiquement » les performances de la raison ou dela liberté...Aussi la prévisibilité de l'homme qu'admettent les sciences humaines peut-ellefinalement être comprise dans son intérêt : repérer les différentsdéterminismes (sociaux, psychiques, historiques) auxquels peut être soumisl'être humain, ce n'est pas le condamner à les subir passivement en perdantde sa liberté.
Ce peut être au contraire - c'est notamment la thèse actuelledu sociologue Pierre Bourdieu - lui donner la possibilité de s'en méfier, ou deleur échapper.
Et de la sorte lutter pour une plus grande liberté concrète del'homme lui-même, ce qui viendrait simplement confirmer que la liberté, mêmesi on peut la considérer d'un point de vue métaphysique, doit aussi se vivreau quotidien.
[Conclusion]
Si l'on admet que la connaissance augmente le pouvoir de l'homme, on peut comprendre qu'une connaissance plusprécise des aspects par lesquels l'existence humaine est prévisible confère à l'homme lui-même davantage depouvoir sur ce qui le détermine.
Cela suppose simplement que les connaissances en question soient amplementdiffusées, et ne soient pas monopolisées (par le pouvoir ou l'économie).
On rejoint là le problème de la vulgarisationdu savoir scientifique, dont on sait, hélas, qu'il est encore mal réglé dans la société contemporaine.
I — Si l'on entend par « humanité » l'ensemble des qualités qui distinguent l'homme de l'animalité, on peut admettreque les sciences humaines nous livrent des confirmations de ce qu'avait affirmé la philosophie classique (notammentRousseau, Hegel ou Marx) à propos du travail, ou (cf.
Aristote ou Kant) de la sociabilité.
Dans cette optique, ellesn'en « disent » cependant pas davantage que la philosophie, même si c'est de façon plus détaillée.
II — Si l'on entend par « humanité » la totalité des hommes sur Terre, on relève que cette totalité est le champd'une diversité culturelle extrêmement marquée.
Il est clair que l'ethnologie, entendue particulièrement commeanthropologie culturelle, est à même de souligner et d'analyser ces différences.
Toutefois, elle doit, faute de quoielle échappe à sa scientificité, se contenter d'un constat à ce propos, et s'abstenir comme d'habitude de touteconsidération sur la signification d'une telle diversité : une fois encore, on doit reconnaître que cette incapacité àréfléchir sur le sens marque la limite de la connaissance qu'apportent les sciences humaines, et du même coup lanécessité de la philosophie..
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