Les relations entre l'homme et l'animal
Publié le 22/10/2022
Extrait du document
«
Les relations entre l’homme et l’animal, et ce, depuis l’Antiquité, ont été et
restent au cœur de nombreux débats.
En Occident, cette relation s’inscrit
dans une remise en cause profonde.
En effet, par la prise en compte de la
souffrance animale, des mouvements comme le végétarianisme se
développent et des lois assurant davantage le bien-être des animaux sont
votées.
Dans l’extrait de la nouvelle « La grande barrière » publiée en
1932, Jean Giono décrit le sentiment de terreur d’une hase agonisante,
face à la venue du narrateur qui pensait, pourtant se fondre dans la
nature.
Cet extrait pointe, avec regret, l’impossibilité de briser la « grande
barrière » qui sépare l’homme des animaux.
Quel regard Jean Giono
porte-t-il sur cette « grande barrière » qui sépare l’homme des autres
animaux ? Il s’agira, dans un premier temps de définir, au regard du texte
de Jean Giono, cette « grande barrière » et de mettre en évidence les
caractéristiques de cette séparation entre l’homme et l’animal pour
envisager ensuite la possibilité d’abolition de cette frontière entre les deux
espèces.
Jean Giono utilise une métaphore filée pour rendre compte de la
distinction fondamentale entre les êtres humains et les autres animaux,
l’impossibilité à établir un rapport au-delà des rapports qu’il met en
évidence dans le lexique même, entre « l’homme » et « les bêtes » : « la
grande barrière » symbolise cette notion sous la forme d’une clôture,
empêchant toute communication avec les autres espèces.
L’usage de cette
métaphore montre le caractère construit de cette séparation interespèces.
La distinction n’est en effet pas naturelle mais construite par les
hommes à travers le temps bien que la supériorité humaine soit légitimée,
dans la culture occidentale, par des principes religieux (dans la Genèse,
par exemple, Dieu donne aux hommes le pouvoir de dominer les autres
animaux et la nature), mais aussi philosophiques, comme Descartes qui
fait de l’animal une simple machine, dans son Discours de la méthode
(1637).
Cette barrière n’est pas un moyen des hommes pour se protéger des
autres animaux.
Elle se caractérise par Giono par la notion de «
méchancetés entassées », qui témoigne du fait que les êtres humains font
part de cruauté envers les animaux et instillent donc la peur aux bêtes.
Le
narrateur, par le pluriel hyperbolique, met bien en évidence la cruauté
humaine, qui dépasse la violence nécessaire d’un prédateur.
En effet, les
freux, qui ont pourtant attaqué la hase, ne sont pas taxés de cruauté.
Le
narrateur souligne le paradoxe de la situation, à l’aide du comparatif de
supériorité : « ma main qui caressait était plus cruelle que le bec du freux
».
La barrière inter-espèces, fondée sur la maltraitance animale révolte
Giono, comme elle choquait déjà, par exemple, Rousseau qui dans son
Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1755) critique les
souffrances inutiles infligées aux animaux.
Après avoir défini et caractérisé « la grande barrière » entre les hommes
et les autres animaux, dénoncée par Giono, il convient alors de
s’interroger sur un possible dépassement de cette frontière.
Le narrateur de la nouvelle témoigne, à la première personne, de la
volonté de dépasser cette barrière entre les hommes et les animaux, en
s’incluant dans le groupe des bêtes : une « bête d’entre elles ».
Il utilise le
terme de « bêtes » , normalement réservé aux non-humains, pour
s’inclure dans l’ensemble des animaux.
Dans l’avant dernier paragraphe
de l’extrait, l’anaphore « moi » souligne cette tentative du narrateur :
l’accumulation qui
structure ce paragraphe montre, en effet, la communion avec de
nombreux animaux (« mésanges », « lagremuses », « renards,....
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