Les règles morales doivent-elles être interprétées comme des règles de conduite (fais ceci ou « ne fais pas » cela) ou comme des règles de caractère (sois ceci ou « ne sois pas » cela) ?
Publié le 16/09/2014
Extrait du document
B. On peut cependant se demander quelle est l'interprétation préférable : vaut-il mieux tendre à réaliser en soi un certain type humain on à rester scrupuleusement. fidèle à une certaine manière de vivre
a. Sans doute, la moralité est illusoire qui ne passe pas à l'action dès .que celle-ci est possible et qui n'informe pas toute la vie. Mais une morale qui considérerait comme l'essentiel l'encadrement de la vie par des règles particulières de conduite risquerait de manquer son but :
Il semblerait donc préférable de voir dans les règles morales des règles de caractère, l'indication de ce que nous devons être.
«
350 MORALE
f f.
· TE:>iTA lT\'E DE SYNTHÈSE.
A.
Conduite et caractère se conditionnant réciproquement, les deux interprétations se justifient.
a) Conduite et caractère se conditionnent réciproquement.
D"ime pari, la conduite dépend du caractère, car chacun agit suivant ce qu'il est; auooi il suffit de réaliser un type d'homme déterminé pour assurer sa conduite.
D'autre part, le caractère est peu à peu construit ou du moins modifié par la conduite, en sorte que pour devenir ce que nous devons être, le mieux
est de faire comme si nous l'étions déjà.
b) Les deux réponses antithétiques que nous a\·ons données ne se contre disent donc pas, et nous pouvons interpréte1' les règles morales soit comme des i'ègles de conduite, soit comme des tègles de caractère.
B.
On peut cependant se demander quelle est l'interprétation préfé rable : Yaut-il mieux tendre à réaliser en soi un certain type humain on à rester scrupuleusement fidèle à imc certaine manière de vivre :,
a Sans doute, lu moralité est illusoire qui ne passe pas à 1 ·action dès que celle-ci est possible el qui n'informe pas toute la vie.
Mais 1me morale qui considérerait comme l'essentiel l'encadTement de la vie par des règles particulières de conduite risquerait de manquer son but :
-i·homme aspire à valoriser; s'il veut fair-e quelque chose de grand, c'est pour prendre cons.cience de sa valeur et l'augmenter; en l'oubliant, on néglige le ressort le plus puissant pour l'action;
d'ailleurs, la moralité consiste moins à faire certaines choses qu'à se foire soi-même, c'est-à-dire à atteindre une certaine manière d'être, de sentir et.
de vouloir, et tous nos efforts au service des autres n'ont pour but dernier que de les mettre dans les conditions favorable~ à une huma nisation de plus en plus complète;
--- enfin, on peut répondre aux utilitaristes que, du point de vne moral,
sinon du point de vue matériel, on est plns utile aux autres par ce qu'on est que par ce qu'on fait pour eux.
« Les natures communes, a écrit Gœthc, payent avec ce qu'elles font; les natures riches, avec ce qu'elles sont.
n JI semblerait donc préférable de voir dans les règles morales des règles
de caractère, lïndication de ce que nous devons être.
b) Néanmoins, reconnaissons-le, il serait dangereux de concentrer l'homme sur le moi idéal à réaliser sans attirer son attention sur les
observances pratique:' par lesquelles le caractère se construit et se
manifeste :
les idéalistes, tel
_\mEL, sont exposés à rester dans la région du
rêve sans jamais passer à ! 'action qui, seule, pourrait les faire devenir
ce qu'il veulent être:
~ c'est par son action dans le monde au milieu duquel il se trouve plongé que l'homme se conquiert, et c'est en réalisant une œuvre qu'il prend de sa valeur une conscienc.e vive qui l'entraîne à de nouveaux efforts;
- si l'œuvre dernière de la morale est l'humanisation de l'homme il ne faut pas oublier que la caractéristique de l'homme est de pouvoir' se hausser a.u niveau de l'universel et de l'absolu; c'est pourquoi la moralité.
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