Les règles de la logique limitent-elles la liberté de l'esprit ?
Publié le 04/01/2004
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VOCABULAIRE: RÈGLE: Proposition indiquant la manière de se conduite (prescription morale) ou la démarche à suivre pour obtenir un certain résultat (règles de l'art). LOGIQUE: a) Comme nom, science des lois de la pensée. b) Comme adjectif, se dit d'un discours dans lequel les arguments s'enchaînent de façon cohérente. LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens :1° Libre arbitre. Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux.2° Liberté de spontanéité. S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure.3° Liberté du sage. État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. Examen de l'énoncé: "Les règles de la logique": la logique est la science de l'inférence valide.
"Les règles de la logique": la logique est la science de l'inférence valide. Une inférence est l'opération de l'esprit par laquelle d'une idée on passe à une autre. L'inférence est valide lorsqu'elle se soumet aux impératifs des principes rationnels d'identité et de non-contradiction. La logique explicite et formule les lois qui garantissent le respect de ces principes, elle impose donc des règles; c'est une science normative. "Limiter": ce n'est pas supprimer mais imposer des bornes. "La liberté": deux définitions. L'une, très large ou la liberté est conçue comme le caprice de pouvoir tout faire et tout affirmer; l'autre plus sage conçoit la liberté comme pouvoir de se décider en fonction des impératifs de la raison (ou liberté rationnelle). "La liberté de l'esprit": l'esprit représente l'ensemble des activités de la pensée, non seulement l'activité rationnelle, mais aussi celle de la mémoire et de l'imagination. La logique impose les règles de la pensée correcte. Est-ce porter atteinte à la liberté de l'esprit que de s'imposer ces règles ? dans quelle mesure ? Cela ne dépend-il pas de la fin que l'on se donne, recherche de la vérité ou vagabondage dans la fantaisie ?
- I) L'existence de la logique dément la liberté de l'esprit.
a) L'esprit doit suivre des règles. b) L'esprit doit suivre la logique. c) Il y a des limites à ce qu'on peut penser.
- II) L'existence de la logique ne dément pas la liberté de l'esprit.
a) L'esprit n'est pas une calculatrice. b) La subjectivité est libre. c) L'esprit n'est pas tenu par la logique.
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• Démarche possible :
Adopter l'affirmation suggérée par l'énoncé pour la comprendre et la justifier.
Enraciner la réflexion dans l'étude desdéfinitions.Qu'est-ce que la logique ? Science de la pensée correcte, la logique formule les lois qui garantissent que la penséerespecte le principe rationnel de l'identité.
Si je dis A, je ne puis en même temps et sous le même aspect affirmernon A, sans tomber dans la contradiction.
Il faut donc dans l'enchaînement de propositions qui énoncent lesjugements veiller au respect des règles logiques pour que l'inférence, ou passage à la conclusion, s'imposenécessairement.
Ainsi, si l'on affirme que tout A est B, la logique interdit qu'on affirme que tout B est A, maisautorise qu'on dise que quelque B est A.
Les règles de la logique permettent aussi et du même coup d'éviter lesparalogismes, c'est-à-dire les raisonnements qui n'ont que l'apparence de la correction.Tirer une première conclusion : si donc on considère comme une atteinte à la liberté le respect de toute règle, onpeut dire que la logique porte atteinte à la liberté de l'esprit.Poursuivre l'examen de la logique pour préciser le sens de la conclusion.
La logique est une science formelle, c'est-à-dire qu'elle ne porte que sur la forme du raisonnement et non sur sa matière ou contenu.
Ceci apparaît clairementlorsqu'on présente le raisonnement sous forme hypothétique : si tous les hommes sont vertueux, et si Socrate estun homme, alors il s'en suit nécessairement que Socrate est vertueux.
La logique garantit la validité de l'inférence,mais elle n'impose aucune règle quant au contenu des propositions.
De telle sorte que, si la fantaisie nous prend, ilsera parfaitement autorisé, logiquement, de dire que si tous les éléphants sont bleus et que Pierre est un éléphant,Pierre est bleu.
Un tel raisonnement est rigoureusement valide même si son contenu est matériellement faux.
Lire : R.
Blanché, Introduction à la logique contemporaine.
On retrouve cette liberté de l'esprit dans les systèmes mathématiques où les axiomes sont adoptés à titre deconventions.
S'il nous paraît légitime d'opérer à partir des postulats et axiomes euclidiens parce que les propriétésqui seront conclues correspondent aux propriétés de l'espace perçu, il n'est pas moins légitime du point de vue de lavalidité logique d'opérer à partir d'autres axiomes, ceux de Lobatchevsky ou de Riemann.
Bien que les conclusionsapparaissent en contradiction avec celles qu'autorise la géométrie euclidienne, elles sont vraies logiquement.Conclure : La logique ne fait que limiter la liberté de l'esprit.
Examiner les limites de cette conclusion par l'étude de la deuxième notion.
Ménager une transition :
Jusqu'ici nous avons vu que les règles de la logique s'imposent dès lors qu'on veut échapper à l'erreur deraisonnement.
L'activité de l'esprit ne déborde-t-elle pas le terrain de la pensée rigoureuse ?L'objectif ici serait de montrer que l'esprit se développe en diverses activités qui n'ont pas nécessairement rapportavec la logique.
En particulier l'esprit est aussi la capacité d'imaginer, d'évoquer sous forme de symboles ou demétaphores les réalités contradictoires de la vie affective ; il est aussi la faculté de rêver ou rêvasser.
Illustrercette idée par un exemple emprunté au domaine de l'art.Ainsi il apparaît que les règles de la logique ne limitent la liberté de l'esprit que dans la perspective d'une pensée quicherche le vrai, où s'impose l'exigence de la rigueur.
Réexaminer la question dans ce dernier cadre.
Dans le cadre de la recherche de la vérité, que résulterait-il si l'esprit s'exerçait en totale liberté, sans être assujettiaux règles de la logique ? Il n'est pas difficile de comprendre que la pensée se contredirait elle-même.
En effet lesrègles formelles de la logique, si elles n'imposent rien concernant le contenu de la pensée, imposent les conditionsnécessaires à l'accord de la pensée avec elle-même.
Se pose alors la question de savoir si un esprit libre est unesprit qui se contredit.
Si cette liberté est concevable dans l'exercice de la fantaisie, l'est-elle encore dans larecherche du vrai ?Deux possibilités s'offrent à la réflexion.
Soit le vrai exige la non-contradiction, comme c'est le cas dans lesmathématiques et à l'intérieur de toute théorie hypothético-déductive, et alors s'impose la nécessité decomprendre, de prendre ensemble, les notions de liberté et de règle.
De même que la liberté d'action, visantl'efficacité, serait un leurre si elle voulait ignorer les lois du réel parce que la soumission à ces lois est la conditiond'une action efficace, de même la liberté d'esprit serait illusoire dans la recherche du vrai si elle ne se soumettaitpas aux règles de la logique parce qu'elles sont la condition de la non-contradiction.Soit le vrai exige une plus grande flexibilité de l'esprit parce que le réel est lui-même constitué de contradictions,comme bien souvent dans la vie affective où amour et haine sont les deux faces d'une même passion.
Alors la libertéde l'esprit dans la recherche du vrai suppose l'émancipation vis-à-vis des règles de la logique pour mieux épouser lescontrastes de la réalité.Au-delà de l'exemple de la vie affective, on découvre que la réponse à la question initiale engage une conceptionmétaphysique du réel.
Soit un réel intelligible, rationnel et stable à la manière du monde des Idées platoniciennes,soit un réel mouvant et dialectique où l'un engendre son contradictoire.
Conclure par un bilan.
La question ne se pose qu'à l'intérieur de la recherche de la vérité.
Que le réel soit stable ou mouvant, il apparaîtque la véritable liberté de l'esprit n'est pas fantaisie et caprice, mais soumission aux lois du réel..
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