Les « Provinciales »
Publié le 31/03/2011
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Pascal trouva une première occasion dans l'état des affaires de Port-Royal. Le jansénisme venait d'être condamné en Sorbonne et à Rome. C'est alors que Port-Royal songea à s'adresser au public pour prouver que ce qu'on lui reprochait n'était rien qui eût quelque gravité, et surtout qui allât contre la religion. Arnauld tenta d'écrire une lettre en ce sens ; mais il lui sembla que Pascal, qui venait du monde, réussirait mieux dans cette polémique destinée à convaincre les gens du monde. La première lettre, datée du 3 janvier 1656, parut sous le titre de « Lettre écrite à un provincial par un de ses amis, sur le sujet des disputes présentes de la Sorbonne «. Dix-huit lettres parurent à divers intervalles et furent réunies en 1657 : « Les Provinciales, ou Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux R. P. jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces pères. «
«
Arnauld intervient alors et publie deux lettres : il soutient notamment que les cinq propositions condamnées ne setrouvent pas dans l'ouvrage de Jansénius (question de fait) et que la Grâce fit défaut à saint Pierre quand il renia leChrist (question de droit).
Ces deux affirmations sont déférées à la Faculté de Théologie.
A la majorité, Arnauld estcensuré sur la question de fait; il risque de l'être à nouveau sur la question de droit.
Le prestige et l'existence mêmede Port-Royal sont en jeu : il importe de trouver au plus vite dans l'opinion publique les appuis susceptibles deréduire ou de compenser l'hostilité de la Sorbonne.
Arnauld soumet aux Messieurs de Port-Royal un premier projet dejustification, qui est jugé trop aride.
Il confie alors à Pascal la défense de sa cause.
Entre le 23 janvier 1656 et le 24mars 1657, Pascal publie dix-huit lettres, qui furent réunies en un recueil sous le titre de « Provinciales ou Lettresécrites par Louis de M ont ait e à un provincial de ses amis et aux RR.
PP.
jésuites sur la morale et la politique deces pères ».
Il met en scène un personnage qui, pour renseigner un provincial de ses amis, se fait initier au débat deSorbonne.
C'est l'occasion, dans les dix premières lettres, de dialogues menés avec vivacité, au cours desquelsl'enquêteur, d'abord neutre en apparence, puis de plus en plus déconcerté, finit par prendre fait et cause pour lesjansénistes.
A partir de la onzième lettre, Pascal abandonne la forme du dialogue et s'adresse directement auxjésuites.
LETTRES I-IV 2 LE DÉBAT THÉOLOGIQUE
Le premier soin de Pascal est de justifier Arnauld.
Il évoque avec légèreté les épisodes (lettre I) et proteste avecvigueur contre la censure prononcée (lettre III).
Mais surtout il aborde le fond du problème.
Il attaque les moinesjacobins, réputés « thomistes », c'est-à-dire disciples de saint Thomas, qui ont pris parti contre Arnauld, puis lesjésuites eux-mêmes.Les équivoques des thomistes (l-ll).
Entre les jacobins thomistes et les jésuites molinistes s'est conclu un accordfactice, qui repose sur des équivoques.
Les uns et les autres affirment que l'homme dispose, pour assurer son salut,d'un « pouvoir prochain » et d'une grâce « suffisante » : mais lorsqu'on les presse de définir le sens de ces termes,on s'aperçoit qu'ils les entendent de façon différente.
En réalité, sur le fond du débat, les thomistes sont plus prèsdes jansénistes que des molinistes.L'erreur des molinistes (IV).
Entre les jésuites molinistes et les jansénistes au contraire règne un désaccord profond,dû à une divergence de doctrine.
Ainsi sur la question du péché : pour les jansénistes, les hommes qui n'ont pas laGrâce vivent en état de péché ; pour les jésuites, tout à l'inverse, il ne peut y avoir de péché, lorsqu'on a agi sans« grâce actuelle ».
Mais alors les crimes commis dans l'oubli de Dieu ne sont pas des péchés? Conséquence logique,qui conduit à une morale révoltante.
LETTRES V-X : LE PROBLÈME MORAL
Pascal élargit maintenant le débat et reproche aux jésuites une indulgence excessive en matière de mœurs.
Ilcondamne l'abus que font certains pères de la casuistique, c'est-à-dire de la science qui permet de juger desactions en tenant compte des circonstances.
Aucune considération particulière ne saurait justifier que l'on trahisseles principes éternels de la morale évangélique ni que l'on compromette les véritables intérêts de la religion enl'accommodant aux exigences et aux vices du siècle.
La doctrine de la probabilité (V-VI).
Pour les jésuites, toute opinion soutenue en matière de mœurs par un docteurmoderne, réputé sérieux, est dite « probable », et nous pouvons nous autoriser d'elle.
Mais, note Pascal, plusieursopinions sur un même point peuvent être probables ; et une action impie peut toujours trouver sa justification aumoins dans l'opinion d'un père : il en est de si indulgents I
La méthode de la direction d'intention (VII-VIII).
Pour les jésuites, une conduite en principe répréhensible peuttrouver une excuse dans l'honnêteté de l'intention.
Voilà, souligne Pascal, de quoi justifier les plus grands crimes :un meurtrier, par exemple, pourra se prévaloir d'une intention pure.Les pratiques de la dévotion aisée (IX).
Un
père jésuite prétend ouvrir le paradis « par cent dévotions à la mère de Dieu aisées à pratiquer ».
Pour Pascal, desemblables pratiques énervent la religion.
Est-il légitime de prétendre gagner le cœur de Marie sans lui donner lenôtre en échange?
Le système des restrictions mentales (X).
Les
jésuites enseignent l'art de corriger intérieurement les paroles qu'on prononce par des réserves qui en modifient laportée.
Ce système, réplique Pascal, tend à autoriser d'odieuses impostures.
Jurer qu'on n'a pas commis une fauteet ajouter pour soi-même : « aujourd'hui », si on l'a commise la veille, n'est-ce pas dire « la vérité tout bas et unmensonge tout haut »?
LETTRES XI-XVIII : LES RÉPLIQUES AUX JÉSUITES
Pascal désormais fait front contre les attaques de ses adversaires : l'ironie fait place à l'indignation.
Les lettressuivantes, à l'exception des deux dernières, sont commandées par les exigences de la polémique.Les controverses (XI-XVI).
Pascal revendique le droit qui lui a été contesté de réfuter par la raillerie les erreurs deses adversaires (XI-XII).
Il se défend avec vigueur d'avoir falsifié des textes (XIII).
Il revient sur le problème de.
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