Les philosophes éclaireurs ou le Siècle des Lumières
Publié le 27/10/2009
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Cet état d'esprit nouveau, mixte de modernisation, de subjectivité, de libéralisation et de libéralisme, de progressisme, fait en quelque sorte passer la philosophie, et son souci de fondement métaphysique et d'ordre rationnel absolu, à une «philanthropie« cosmopolite et humaniste, dont la finalité est d'inscrire la paix dans la civilisation et la civilisation dans la paix perpétuelle. L'époque, d'ailleurs, rendait cette idée pensable, qui jouissait d'une paix relative après les terribles guerres de religion et où les querelles dynastiques se réglaient entre spécialistes (diplomatie et « guerres en dentelles«). Que ces auteurs qui ont nom Voltaire, Diderot, Rousseau, qui écrivent en français, cette langue devenue l'idiome universel de la liberté, utilisent l'adjectif «philosophique« pour préciser parfois la portée de leurs Contes, de leurs Lettres, montre bien leur intention fondamentale de produire une réflexion utile, c'est-à-dire philosophique, à partir d'un texte littéraire. Et c'est, d'ailleurs, bien à cause de ce caractère de « texte littéraire « qu'ils sont, aux yeux de beaucoup, écrivains avant que d'être philosophes, et parfois même non comptés parmi ces derniers.
«
peuples policés, et en diminuant chez les nations sauvages.
La durée moyenne de la vie de l'homme policé excède ladurée moyenne de la vie de l'homme sauvage.
Tout est dit.(id)Le consentement des hommes réunis en société est le fondement du pouvoir.
Celui qui ne s'est établi que par laforce ne peut subsister que par la force, (id)Egaré pendant la nuit dans une forêt immense, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire.
Survient un inconnuqui me dit : Mon ami, souffle la chandelle pour mieux trouver ton chemin.
Cet inconnu est un théologien, (id)Nous parlerons contre les lois insensées jusqu'à ce qu'on les réforme ; et, en attendant nous nous y soumettronscar il y a moins d'inconvénients à être fou avec des fous qu'à être sage tout seul.
(id)
Le contrat social
Kant : Rousseau est le Newton du monde moral.C'est à trente-huit ans, sur la route de Vincennes, que Rousseau, jusqu'alors musicien et musicologue, fut, commeavant lui, à leur heure, Paul, Augustin, Pascal et tant d'autres, soudainement converti à une nouvelle vision deschoses qui décida de sa carrière d'écrivain prophétique : «l'homme est bon naturellement»...
«c'est par lesinstitutions seules que l'homme devient méchant».Douze ans lui suffiront pour construire, œuvre après œuvre, un diagnostic circonstancié et les remèdes appropriés.Pour cela il sera vilipendé par les Encyclopédistes que son discours « perfectionniste » mais anti-progressisteconsternait, par Voltaire que sa religiosité chrétienne révulsait et par tous ceux, les mêmes et d'autres,qu'effarouchait ou accablait sa critique radicale du désordre établi.
Traqué, proscrit, ses dernières années furentassombries de ce qu'ajoutait à ses tourments réels une hypersensibilité empreinte de « folie » (persécution etculpabilisation).
Le diagnostic est clair : les sciences, les arts, l'inégalité sociale ont dénaturé l'homme ; les connaissances, le luxe,la puissance ont corrompu l'homme et l'ont dévoyé de son aptitude essentielle au bonheur naturel.Mais l'état présent de l'homme indique aussi le point de non-retour : quoi qu'il en soit de cet état d'innocence et debonheur de l'homme en communion exclusive avec la Nature — au fond, degré zéro de l'homme paradisiaque qui n'apas encore goûté aux fruits de l'arbre de la science du bien et du mal — il est impossible à l'homme d'aujourd'hui(«civilisé» et/ou «naturel») d'y rétrograder.
L'innocence est perdue et le bonheur est à retrouver autrement.Au fond, Rousseau regrette qu'il y ait culture et que le retour à l'état de nature soit impossible.
Aussi, puisqueculture il y a et que nature oblige, la solution, pourrait-on dire, s'impose quasi géométriquement : que jamais laculture ne devienne une contre-nature mais au contraire s'en inspire, dans le même temps que l'homme devienne«civil».
Autrement dit, puisque l'homme de la Nature en son bonheur paradisiaque innocent (dans les deux sens dece terme) a disparu, puisque l'homme dénaturé par la civilisation est «partout dans les fers», la seule voie est dansl'association d'hommes naturels, mais volontairement dénaturés, entièrement libres parce que totalement associés.Ainsi donc la volonté générale se substitue à l'universel théorique comme au comptage majoritaire ; l'associationcomme liberté repousse l'idée même de sujétion; chaque peuple est souverain dans une humanité de fait non encoreuniverselle.
Trois voies permettent le remède :
1.
L'éducation de l'enfant, futur libre citoyen (Emile).2.
Au sein d'une société rurale et «patriarcale», le mariage monogame (La nouvelle Héloïse).3.
La volonté générale comme fondement d'une société légitime et juste (Le contrat social).Laissons Emile et La nouvelle Héloïse pour nous attacher — un court instant, hélas — au Contrat social.L'homme est né libre, et partout il est dans les fers...
Comment ce changement s'est-il fait, je l'ignore.
Qu'est-ce quipeut le rendre légitime? Je crois pouvoir résoudre cette question.Résumons : de même que la conscience est au cœur de l'homme, la volonté générale est au cœur de la Cité.
Demême que l'homme obéit à sa conscience, il obéit à la volonté générale comme à lui-même, car celle-ci estl'association des consciences formant un peuple souverain, assurant sécurité et liberté pour tous.
En se soumettantà la volonté générale l'homme aliène volontairement sa liberté sans pour autant l'assujettir....
trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens dechaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi librequ'auparavant....
l'aliénation sociale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté.Que signifient ces mots Universalité et Généralité, qui sont ici la même chose? Le genre considéré par abstraction,ou ce qui convient au tout dont il s'agit, et le tout n'est tel qu'à l'égard des parties.
Voilà pourquoi la volontégénérale de tout un peuple n 'est point générale pour un particulier étranger; car ce particulier n'est pas membre dece peuple.Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volontégénérale; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout.Et nous terminons, pour de bon, ce chapitre sur une parole du Vicaire Savoyard qui, mieux qu'un pointd'interrogation, est une halte de sagesse : « Sachez être ignorant : vous ne tromperez ni vous ni les autres»..
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