Devoir de Philosophie

Les pensées, n° 172 de blaise pascal

Publié le 14/04/2005

Extrait du document

pascal
C'est vers les années 1657-1660 que Pascal , qui s'est fait un nom illustre parmi les scientifiques de son temps tout en prenant le parti des Jansénistes de Port-Royal contre l'Église, commence à travailler à une « Apologie de la religion chrétienne ». Mais, dès 1659, les premières atteintes de la maladie annoncent la mort prochaine de « cet effrayant génie » marqué depuis la plus tendre enfance par les infirmités. Et deux années de silence, de méditation et de travail (1660-1662) ne suffiront pas à Pascal pour mener à son terme le projet initial, exposé dans sa conférence d'octobre-Novembre 1658 faite à Port-Royal « devant plusieurs personnes très considérables », de composer un ouvrage sur la « Vérité de la religion chrétienne ».
pascal

« fins de l'apologétique chrétienne.

C'est ici le cas.

Pascal s'est souvenu expressément d'un passage de l'édition de1588 des « Essais » : « Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà.

La crainte, le désir,l'espérance nous élancent toujours vers l'avenir, et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est,pour nous amuser de ce qui sera, voire quand nous ne serons plus.

» (Livre 1, chapitre 3).Ceci est d'ailleurs un thème cher aux moralistes de l'Antiquité, que Montaigne ne se fait pas faute de citer, à la suitede ce passage : l'épître 98 du philosophe latin Sénèque (« Malheureux l'esprit tourmenté de l'avenir ») et Epicure («Epicure dispense son sage de la prévoyance et de la sollicitude de l'avenir »).Cette thématique, qui dénonce l'impossibilité où est l'homme de se fixer au présent, est aussi celle des écrivains dela période classique.

On trouve ainsi une expression assez semblable chez le moraliste La Bruyère : « La vie estcourte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer.

On remet à l'avenir son repos et ses joies, à cet âge souventoù les meilleurs ont disparu, la santé et la jeunesse.

Ce temps arrive, qui nous surprend encore dans les désirs : onen est là, quand la fièvre nous saisit et nous éteint » (« De l'homme »).Cependant ce qui, chez l'un ou l'autre, est notation strictement psychologique, prend chez Pascal une autredimension, beaucoup plus philosophique.

Car c'est d'une conception de l'homme, et de son rapport à Dieu, qu‘ils'agit.

Pascal est très explicite sur ce point : l'homme, en s'intéressant à son passé ou à son avenir, cherche enréalité à échapper au présent qui est pourtant le seul temps qui soit véritablement à nous.

Ici, il n'y a pas seulementle témoignage d'une « pensée » écrite à la hâte, mais l'expression réfléchie d'une lettre rédigée en décembre 1656par Pascal à l'intention de Mlle de Rouanez, au moment où elle souhaite entrer en religion : « Le passé ne doit pasnous embarrasser, puisque nous n'avons qu'à avoir regret de nos fautes ; mais l'avenir nous doit encore moinstoucher, puisqu'il n'est point du tout à notre égard, et que nous n'y arriverons peut-être jamais.

Le présent est leseul temps qui est véritablement à nous, et dont nous devons user selon Dieu.

»Et pourtant Pascal le sait bien (Pensée 139), tout nous montre le contraire.

Les hommes ne cessent de s'agiter, dese jeter dans le monde, d'aimer le jeu, la conversation des femmes, de courir les emplois.

En un mot, ils necherchent qu'une chose : le DIVERTISSEMENT.

Frénésie de l'action qui ne vise, en sortant sans cesse de soi, qu'às'oublier soi-même.

Aussi, si l'on en cherche plus finement les raisons , on les trouve dans la nature même del'homme.

Ce dernier n'a pas tort et a le juste pressentiment de son malheur.

Il y a un « malheur naturel de notrecondition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.

» De làvient, continue Pascal, « que les hommes aiment tant le bruit et le remuement ; de là vient que la prison est unsupplice si horrible ; de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible ».Pascal nous invite à accepter, sans effroi, notre humaine condition, qui est de n'être rien, certes, face à l'infinité deDieu mais d'être quelque chose avec son secours, en trouvant auprès de lui l'éternelle consolation dont nous avonsbesoin.

Telle est l'articulation centrale de la réflexion Pascalienne (Pensée 60) : MISERE DE L'HOMME SANS DIEU(parce que la nature est corrompue) ; FELICITE DE L'HOMME AVEC DIEU (parce qu'il y a un réparateur).

Dans sasituation de misère, loin de Dieu, l'homme s'étourdit de son passé et plus encore de son avenir supposé, mais nepeut, en réalité, jamais d'être heureux.

Dans la situation de félicité, au moment où il a retrouvé Dieu, l'homme peutparvenir au bonheur, à condition de se détourner du monde et de ses divertissements impuissants.

Aussi Pascal,contre l'éparpillement de soi, plaide-t-il en faveur de la méditation.

Il faut se « ramasser en soi-même » pour seconsacrer à ce Dieu « que nous connaissons sans savoir qui il est » (Pensée 233).Ainsi une vie heureuse serait définie par l'accord de l'homme avec Dieu.

Belle définition, sans doute.

Dieu est biencaché ou lointain.

Le transcendant a disparu de notre horizon, nous laissant en ce vide que décrit si bien Pascal.Inutile d'inventer de nouveaux dieux.

Tentons plus simplement de trouver une vie heureuse dans l'accord, sinonavec le monde, du moins avec nous-mêmes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles