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LES ORIGINES DU TOTALITARISME SELON HANNAH ARENDT ET SES FORMES CONTEMPORAINES

Publié le 12/09/2011

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Autre aspect de la terreur politique, la nomination des fonctionnaires par le sommet  et donc par un seul homme. Ainsi, tout est fait pour qu’il n’y ait pas de véritable hiérarchie  entre la masse et le chef qui revendique personnellement l’entière responsabilité de toutes  les actions commises par n’importe quel membre de son système. Comme le résume  Hannah Arendt : « la loi suprême de l’état totalitaire c’est la volonté du Führer «.  Le but de la terreur politique est donc de créer un homme totalement soumis à l’Etat.  Pour cela, la terreur sociale va produire des hommes « esseulés « puisque la propagande  n’est jamais aussi efficace que sur un « homme de masse isolé «, « seuls des individus isolés  peuvent être totalement soumis «.

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« pour la conformer à la vision de la propagande, de faire du contenu de la propagande « unélément aussi réel et intangible que les règles de l’arithmétique ».

En effet, comment leshabitants de l’Allemagne nazie pouvaient contester le racisme ou l’antisémitisme quand leurcarrière dépendait de « physionomie aryenne », quand ils recevaient plus ou moins à mangerselon leur nombre de grands parents juifs ? Enfin, la propagande totalitaire se caractérisepar son utilisation de l’idéologie.

Hannah Arendt appelle idéologie « toutes lesdénominations en -isme qui prétendent que la clé de l’explication des mystères que recèlentla vie et le monde réside en un unique aspect de ceux-ci ».

C'est-à-dire que l’antisémitisme seconstitue comme une idéologie lorsqu’il prétend expliquer l’histoire comme « le produit desmanoeuvres secrètes des juifs ».

De même pour le communisme qui voit dans l’histoire lalutte des classes.

Le danger de l’idéologie est qu’elle est indépendante de la réalité, elle nefait pas la distinction entre le vrai et le faux.

Ainsi, elle n’hésitera pas à modifier la réalitépour l’adapter à son discours.

Elle vise même à supprimer la pensée puisque selon HannahArendt « le sujet idéal du règne totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communisteconvaincu mais l’homme pour lequel la distinction entre faits et fictions (…/…) c'est-à-dire lesnormes de la pensée, n’existe plus ».On comprend donc qu’un parti totalitaire ne peut tolérer l’existence d’aucuneopposition, aucune liberté d’opinion.

C’est pourquoi il instaure une police secrète, c'est-àdire,une police qui intervient en dehors des règles judiciaires, qui traquent les opposants.Rapidement, en 1930 pour l’URSS, 1935 pour l’Allemagne, la résistance aussi bien ouverteque secrète est anéantie, tuant aussi bien adversaires idéologiques du parti que membres decelui-ci.

Au 18e congrès du parti communisme de l’Union Soviétique (PCUS), en 1939, il nerestait plus que 37 survivants des 1827 délégués qui avaient assistés au précédent.

Vientalors une deuxième phase, un second rôle pour cette police : l’élimination d’un « ennemiobjectif ».

Celui-ci est « défini en fonction de la ligne politique du gouvernement et non par ledésir qu’il a de le renverser », c'est-à-dire les juifs en Allemagne et les bourgeois en URSS.

Lapolice politique troque donc son rôle de découvrir les crimes pour celui de faire arrêter unecatégorie de la population.D’autre part, dans l’élimination des opposants aussi bien que des ennemis objectifs,ou de leur déportation, la police secrète opérait « le miracle de faire que la victime n’avaitjamais existé du tout » en organisant l’oubli, en traitant les déportés comme s’ils étaient déjàmorts,…Autre aspect de la terreur politique, la nomination des fonctionnaires par le sommetet donc par un seul homme.

Ainsi, tout est fait pour qu’il n’y ait pas de véritable hiérarchieentre la masse et le chef qui revendique personnellement l’entière responsabilité de toutesles actions commises par n’importe quel membre de son système.

Comme le résumeHannah Arendt : « la loi suprême de l’état totalitaire c’est la volonté du Führer ».Le but de la terreur politique est donc de créer un homme totalement soumis à l’Etat.Pour cela, la terreur sociale va produire des hommes « esseulés » puisque la propaganden’est jamais aussi efficace que sur un « homme de masse isolé », « seuls des individus isoléspeuvent être totalement soumis ».

En effet, un individu esseulé devient muet.

Or c’est par lafaculté de prendre la parole, de communiquer à autrui ses opinions que l’homme constituele monde comme un espace public, politique.

Dans ce but l’état totalitaire va tenter dedissoudre les structures sociales en commençant par la famille.

C’est dans cette optiquequ’ont été crée les camps de jeunesse.

Ils permettent en enlevant les enfants à la famille, enles endoctrinant, à ruiner l’institution familiale ainsi que la solidarité entre membres decelle-ci, isolant déjà les individus.Toujours dans ce même but, la religion est interdite, ou plutôt détournée au profitdu culte de la personnalité, la délation est récompensée y compris au sein même de lafamille anéantissant encore la solidarité, la spontanéité et provoquant l’abolition de la limiteentre sphère publique et sphère privée.

Car, de part la délation et la sujétion desconsciences à l’autorité, le totalitarisme s’immisce dans les foyers, les portes de maisonsn’offrent plus aucune garantie d’intimité.

C’est ce qu’Orwell dénonce d ans sa vision dutotalitarisme dans 1984 par la formule « big brother is watching you ».Ainsi le but de la domination totale est de transformer l’homme en simple chose,c’est en cela que l’on peut parler des camps de concentration comme de « laboratoires » quifournissent la « vérification théorique de l’idéologie », en plus d’une machine de« fabrication de cadavres ».

Cette transformation s’effectue via trois étapes.

La premièreconsiste à tuer la « personnalité juridique » en privant les individus de leurs droits, en lesconsidérant comme des hors la loi dans leur propre pays.

La deuxième étape est celle quiélime la « personnalité morale » en organisant l’oubli, en interdisant toute solidarité, touteprotestation, en effaçant la ligne de démarcation entre bourreau et victime.

Pour finir, lesatroces conditions de transport vers les camps, le rasage, le port d’une tenue grotesque et latorture conduisent à « l’assassinat de l’individualité ».

Si les conditions différent, c’est bienvers ces 3 étapes que la terreur sociale tend, pas seulement dans les camps de concentrationet pas seulement dans l’Allemagne nazie.Voici donc ce qui est l’essence du totalitarisme, mais, en quoi diffère-t-elle desformes précédentes d’oppression politique telles que le despotisme, la tyrannie et ladictature ?. »

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