Les oeuvres d'art sont-elles des réalités comme les autres ?
Publié le 25/03/2009
Extrait du document
b) La beauté n'est pour autant pas le monopole de l'oeuvre d'art, des choses naturelles peuvent être belles. Certains artistes ont pu voir dans ces beautés naturelles des modèles. Les arts imitatifs consistent précisément à reproduire et non pas à produire. Platon adresse une critique cinglante à l'art. L'art n'est qu'une imitation qui dégrade et qui éloigne davantage de la vérité. En effet, l'art imitatif n'est qu'une copie d'une réalité elle-même copie d'une idée. Il va donc en sens contraire de la philosophie. c) La critique de Platon repose sur une conception idéale de la beauté. Mais, produire de belles choses, ce n'est pas nécessairement reproduire de belles choses. Il y a entre l'oeuvre d'art et la chose représentée une distinction qui tient dans ce que l'artiste met de lui-même dans sa réalisation.
Analyse du sujet:
Il faut commencer, dans ce sujet, par différencier l’œuvre d’art des autres réalités, selon deux points de vue :
Une oeuvre d’art est, avant tout, quelque chose qui est produit par l’homme. A ce titre, elle s’oppose dans un premier tant aux choses naturelles.
- Elle s’oppose néanmoins également aux autres choses produites par l’homme parce qu’elle ne vise pas, à première vue, une utilité quelconque. La fin de l’œuvre d’art est d’ordre esthétique ou d’ordre intellectuel.
Mais, en réalité, ces deux critères ne suffisent pas à faire de quelque chose un œuvre d’art.
Il convient également de remarquer que l’expression « réalités comme les autres « suggère un jugement de valeur. La spécificité de l’œuvre d’art pourrait lui donner droit à un statut particulier. De sorte que, la manière d’envisager une réalité, est ce qui peut lui faire accéder au titre d’œuvre d’art.
Problématisation:
Le sujet nous invite à penser le ou les critères de l’oeuvre d’art et de maintenir à leur égard un regard critique. Il faut se demander : que faisons-nous lorsque nous distinguons une œuvre d’art d’autre chose ? s’agit-il d’une entreprise de simple définition ou d’un jugement de valeur qui produirait une hiérarchie entre les réalités ? Les prix auxquels sont disputées certaines œuvres d’art montrent bien que la reconnaissance que « quelque chose « est une oeuvre d’art instaure une notion de valeur.
1. L'oeuvre d'art est une production esthétique. 2. L'oeuvre d'art n'est pas une réalité comme les autres en vertu de la relation de l'artiste à l'oeuvre d'art.
3. L'oeuvre d'art n'est pas une réalité comme les autres en vertu de la relation du spectateur à l'oeuvre d'art.
«
A priori, on serait tenté de dire qu'une œuvre d'art est une réalité comme une autre.
Il semble en effetévident que, perceptible par nos cinq sens mais également analysable, « décortiquable » par notre raison,l'œuvre d'art ne se différencie pas des autres réalités nous entourant.
Mais l'œuvre d'art, simplereprésentation de la réalité, ne peut-elle pas être considérée comme inférieure aux autres réalités ? D'unautre côté, ne pourrait-elle pas au contraire être une réalité transcendante aux choses, au monde qui nousentoure ? L'œuvre d'art ne peut-elle pas prendre de libertés avec la réalité ? Est-elle de même nature quecelle-ci ? Bref, l'œuvre d'art est-elle une réalité comme les autres ? En premier lieu, on peut dire que l'œuvre d'art est en effet une réalité comme les autres.
Tout d'abord, elle peut à la fois faire appel aux sens et à la raison, caractéristique de chaque chose nous entourant.
Si l'on s'en réfère aux différents types d'œuvres d'art, elles peuvent comme toute réalité être regardées, entendues (musique), goûtées(gastronomie), touchées, senties (composition florale par exemple).
On peut attester de leur réalité par nos cinq sens… mais on peutégalement analyser l'œuvre d'art à l'aide de notre raison.
Le scientifique est bien un spécialiste qui analyse la nature (réalité parexcellence) et ses mécanismes.
De même, l'œuvre d'art peut être analysée par divers spécialistes.
Il ne semble donc pas y avoir dedifférence… Ensuite, l'œuvre d'art relève de la mise en œuvre de techniques, et tout comme la réalisation effectuée par l'artisan, demande du temps.
Il n'y a pas de miracles comme certains pourraient le penser en voyant toujours des œuvres d'art à leur stade final.
En effet on abien souvent tendance à faire des œuvres d'art des mythes (ex : plafond de la chapelle Sixtine, de Michel Ange) mais c'est simplementparce que ce qui se passe dans l'atelier de l'artiste resté caché aux yeux.
C'est ce qu'a d'ailleurs posé Nietzsche.
La réalisation d'uneœuvre d'art s'appuie sur un certain nombre de techniques picturales (clair-obscur, sfumato, impressions de relief, profondeur, trompe-l'œil)tout comme la réalisation d'une chaise demande des techniques à l'artisan.
Enfin, l'œuvre d'art est de même inspiration que la nature (réalité par excellence) : elles ont une origine divine.
En effet selon la Genèse, Dieu crée le monde, il est donc à l'origine de toute chose.
Or chez Platon, la place du poète peut faire un lien entre art et Dieu.En effet pour Platon, le poète est le messager des Dieux, son génie lui vient d'une inspiration divine, ce n'est pas véritablement lui quiproduit mais la puissance divine qui le pénètre tout entier.
Le poète ne sera que médiocre dans tous les autres domaines artistiques,preuve que son génie des mots lui vient d'une force transcendante… Art et nature étant rendus possibles par une même origine divine, iln'y a pas de raison que l'œuvre d'art soit une réalité différente des autres.
A priori donc, l'œuvre d'art apparaît réalité comme les autres.
Perceptible par les sens aussi bien qu'analysable par la raison, relevant de la mise en œuvre de techniques et demandant du temps, étant enfin demême inspiration que la nature (réalité par excellence), le doute sur le lien art / réalité ne semble pas permis aupremier abord.
Pourtant, si a priori il n'y a pas d'hésitation, a posteriori nous pouvons nous demander si l'œuvred'art n'est pas une réalité inférieure aux autres ? Est-elle, comme la réalité, toujours compréhensible par tous ?A-t-elle toujours le souci de la réalité ? Dans une seconde partie, nous poserons donc que l'œuvre d'art est une réalité inférieure aux autres.
Premièrement en effet, l'œuvre d'art n'est pas toujours compréhensible par le commun des mortels, au contraire de la réalité sensible qui a toujours une utilité propre aisément saisissable par tous : la chaise est faite pour s'asseoir, le tableau pour écrire, etc.…L'œuvre d'art n'est pas forcément accessible aux non-initiés, au sens où ils ne pourront pas toujours saisir toute la portée de l'œuvre,peut-être uniquement une faible part.
Certains sont insensibles aux œuvres d'art, qu'il s'agisse de peinture, musique, sculpture, etc.L'œuvre d'art est inférieure au sens où elle ne semble pas avoir d'utilité précise, matériellement parlant.
Elle n'est donc pas à placer sur lemême plan que n'importe quelle réalité, créée pour un usage précis… Deuxièmement, l'œuvre d'art n'a pas toujours le souci de la réalité, au contraire de la réalité qui, par définition, est toujours fidèle à elle-même.
Parfois en regardant une œuvre d'art, on ne parvient pas à saisir ce qui y est représenté.
Certains auront alors tendance àporter sur l'œuvre un jugement expéditif du type « C'est nul… ».
Le surréalisme par exemple a du se voir confronté à bon nombre deremarques de ce genre.
En effet, dans son Manifeste du Surréalisme , André Breton explique que le courant artistique n'a pas pour but de représenter la réalité telle qu'on la voit, mais telle qu'on la perçoit au plus profond de notre être.
Certains peintres comme Miro, pour citerl'art dans un autre registre, ont suscité une grande incompréhension en réalisant des toiles avec un simple trait… voir même un uniquepoint ! En ce sens, l'œuvre d'art a moins de réalité que la réalité, puisqu'elle ne représente pas le monde qui nous entoure véritablement.Cet art n'étant pas même un semblant de recherche d'imitation de la nature, il ne se voit pas conférer grande réalité… Dernièrement, l'art est le plus bas niveau de réalité, selon Platon notamment.
En effet pour lui, selon le classement ontologique vient d'abord tout en haut l'Idée du Bien puis l'Idée des objets, les objets sensibles et enfin seulement les images des objets.
L'ouvred'art représente cette dernière catégorie.
Pour Platon l'artiste est donc un illusionniste augmenté d'un corrupteur.
Illusionniste dans lesens où il n'a pas l'Idée de ce qu'il représente, au contraire de l'artisan, et pourtant il offre cette représentation à la vue de tous.Corrupteur dans la mesure où son œuvre fait appel aux sens et non à la raison, qui est pourtant la réalité suprême : la connaissance dueà la contemplation des Idées par notre âme… Ainsi nous avons compris dans une seconde partie que l'œuvre d'art n'apparaît pas forcément comme une réalité égale aux autres, elle pourrait apparaître inférieure.
N'étant pas toujourscompréhensible par le commun des mortels, n'ayant pas toujours le souci de la réalité, et étant enfin le plus bas niveau de réalité, l'œuvred'art semble alors échapper au jugement initialement porté.
Mais dans quelle mesure l'œuvre d'art ne pourrait-elle pas être, en certainspoints, une réalité qui transcende les autres ? Ne pourrait-elle pas avoir valeur de révélation ? De libération de l'homme ? N'a-t-elle pasdes fonctions qui l'élèveraient au-dessus des autres réalités ? Dans une dernière partie, nous finirons donc par montre que l'œuvre d'art est une réalité supérieure aux autres, qui les transcende.
Tout d'abord, l'œuvre d'art a une valeur de révélation.
Elle nous fait (re)découvrir la vérité de notre quotidien, a une forcedévoilante.
La formule de Klee le résume : « Non rendre le visible mais rendre visible ».
En effet, l'artiste a un accès direct aux choses, ilpasse outre les « signes conventionnels qui nous permettent de définir un objet et de le distinguer pratiquement d'un autre pour laconvenance de la vie quotidienne » (Deleuze).
L'artiste a le pouvoir de réformer notre regard, de nous « faire voir le quotidien sous unnouveau jour » comme l'a exprimé le poète Francis Ponge.
Il nous en donne véritablement l'exemple dans ses poèmes tels « le pain » ou« la bicyclette » ayant pour but de revaloriser, par l'art donc, ces objets du quotidien.
En ce sens, l'art transcende la nature, la réalité,puisqu'il permet de prendre conscience des choses qui nous entourent, et auxquelles nous ne faisions plus vraiment attention, parhabitude… L'art remet au centre de nos préoccupations les réalités triviales, se montrant alors supérieur à elles.
Ensuite, l'œuvre d'art ne se contente pas d'être (au contraire de la réalité), mais elle peut revêtir d'autres fonctions, souvent de.
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