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Les oeuvres d'art sont-elles à elles-mêmes leur propre fin ?

Publié le 27/02/2008

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Les oeuvres d'art sont une création de l'artiste. En ce sens, l'art est une production qui se tourne généralement vers le Beau ou au demeurant a une rapport avec la contemplation esthétique ce qui est bien le problème et l'enjeu ici. Etre à soi-même sa propre fin c'est être auto-suffisant, ne pas dépendre d'autre chose que de soit, ne pas être en vue de mais pour soi. Les oeuvres d'art seraient alors autonomes, indépendantes de tout rapport autre que la contemplation esthétique c'est-à-dire la jouissance du beau sans référence à une quelconque utilité. Ce serait alors reprendre une théorie de l'art pour l'art, faisant de l'artiste un homme hors du monde, dans une tour d'ivoire. A cela s'est opposé, l'histoire littéraire en témoigne, notamment l'art engagé. Et c'est bien d'une certaine manière ici l'enjeu ou le débat qui se joue.             En ce sens, si l'art et le beau peuvent à travers les oeuvres d'art peuvent se comprendre comme suffisante en elle-même (1ère partie) rien n'indique pourtant qu'il soit nécessaire de restreindre l'art et ses productions à la simple contemplation (2nd partie) mais dans ce cas ce serait couper l'oeuvre d'art de sa référence au beau ou alors faut-il le redéfinir (3ème partie).

« Dès lors, on peut peut-être objecter à Schopenhauer sa compréhension du kantisme, c'est-à-dire du beau commedésintéressement.

En effet, le beau plaît ici par intérêt et pour l'intérêt le plus fort, c'est-à-dire celui de ladélivrance d'une torture.

Et en ce sens, à travers l'exemple de Schopenhauer, à la question que signifie le fait qu'unphilosophe rende hommage à l'idéal ascétique ? Une première indication en est : qu'il veut se délivrer d'une torture.b) Mais pour Nietzsche si l'art est porteur d'un intérêt c'est bien qu'il est un jeu sérieux comme il le dit dans le Livre du philosophe mais surtout : l'art supplée au dégoût de la vie, il donne du sens et de la beauté à ce qui n'en a pas,il est donc un pouvoir de transfiguration.

L'art est toute création de formes.

Les créations illusoires permettent dedépasser la violence de la vie.

L'illusion artistique se distingue de celle de la métaphysique et celle de science, en cesens elle est celle qui est essentielle à la vie.

L'illusion de l'art est une attitude nécessaire.

L'art est ainsi un moded'être au monde.

Toutefois il ne s'agit pas de nous encourager à vivre dans l'illusion, c'est notre mode d'êtrecourant.

Le surhomme est celui qui dépasse la vie dans l'illusion.

Mais c'est parce que le monde manque de sens quel'art cherche à en produire ou à masquer son absence.

Et d'une certaine manière, l'artiste est comme le névropathecomme le développe Freud dans Ma vie et la psychanalyse : « L'artiste, comme le névropathe, s'est retiré loin de la réalité insatisfaisante dans ce monde imaginaire, mais à l'inverse du névropathe, il s'entend à trouver le chemin duretour et à reprendre pied dans la réalité.

»c) Eliette Abécassis dans Petite Métaphysique du meurtre définit effectivement l'art comme contestataire en son essence, qui est là pour dénoncer, pour « vomir le monde ».

Non pas pour le louer ni pour le décrire, ni pour luidonner sens, ni satisfaire, ni s'évader, ni critiquer etc.

mais bien vomir.

Et c'est en ce sens qu'elle fait référence àNietzsche : « aucun artiste ne tolère le réel.

» C'est pourquoi, même épuré ou classique, « l'art est toujours violent.

[…] « L'artiste n'est pas l'hagiographe mais « l'empoisonneur public ».

» Or c'est bien ce que l'on pouvaitdéjà voir chez Aristote dans la Poétique .

En effet, si l'art est utile pour la cité et l'éducation des citoyens c'est par son côté cathartique.

Il s'agit de purger les passions violentes des individus afin de préserver l'ordre social.

Maisaussi avec la tragédie qui magnifie les caractères des héros de donner des modèles, des exemples à suivre de tellesorte que les valeurs d'une communauté soient montrées en exemple.

La comédie, en insistant sur les défauts et enles exagérant, les rend ridicules et honteux, donc à éviter.

En ce sens s'explique aussi l'intérêt des œuvres d'artdans le champ politique et plus proche de nous c'est ce que l'on peut voir avec le cas de Louis XIV et de sa volontéd'entretenir des artistes afin qu'ils magnifient sa gloire.

Transition : Ainsi, l'œuvre d'art semble ne jamais être à elle-même sa propre fin.

Mais moins que de savoir ce à quoi sert uneoeuvre d'art l'intérêt de leur production est la contemplation esthétique c'est dire alors de faire référence à ce quiest beau, or le beau se réduit-il au jouissif, à l'utile ou à l'intérêt ? Et comment sortir alors de la subjectivité de cequi pourrait faire le beau si l'œuvre d'art n'est pas à elle-même sa propre fin ? III – L'œuvre d'art comme expression du beau : redéfinition de l'esthétique a) En effet, faire dépendre le beau ou la valeur d'une oeuvre d'art de son utilité ou de sa jouissance c'est risquer dene pouvoir obtenir un critère unique du beau et de nécessairement le relativiser.

Et cela d'autant plus que si lesœuvres d'art doivent donc plaire ou satisfaire les exigences du public c'est alors faire de l'artiste un hommedépendant.

De ce point de vue, on peut relier avec attention l'un des Petits poèmes en prose ou Spleen de Paris de Baudelaire , le huitième, « le chien et le flacon » : « Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville et le chien, en frétillant de laqueue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s'approche etcurieusement son nez humide sur le flacon débouché ; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi,en manière de reproche.

Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairéavec délices et peut-être dévoré.

Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez aupublic, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusementchoisies.

»b) Plus sérieusement, pour arriver à déterminer ce qu'est le beau ou ce qui est, Kant a construit progressivement dans la Critique de la faculté de juger des définitions du beau en les affinant au fur et est à mesure pour arriver à cette définition : « Est beau ce qui est reconnu sans concept comme objet d'une satisfaction nécessaire.

» Kantsépare radicalement le Beau du Concept.

Par cette définition que Kant a produit il faut voir alors que le beau estl'objet d'une satisfaction désintéressée et jugée comme universelle.

Le beau n'est donc pas l'utile, le bon, l'agréable,ni même nécessairement le parfait.

L'œuvre d'art est à elle-même sa propre fin.

Le beau proprement dit nous éloignede nos désirs.

Il est lié à une satisfaction désintéressée : « le goût est la faculté de juger un objet ou un mode dereprésentation par la satisfaction ou le déplaisir d'une façon toute désintéressée.

On appelle beau l'objet de cettesatisfaction.

»c) Le beau est donc l'expression de liberté de l'homme, de l'artiste, et c'est en ce sens que l'imagination estréellement créatrice.

Et il revient bien au génie artistique comme le dira Kant dans le paragraphe 48 de la Critique de la faculté de juger : le génie est celui qui a la capacité de produire des œuvres d'arts qui plairont universellement.

Ainsi, comme il le dit au §43 : L'art est la production par liberté, c'est-à-dire par un libre arbitre quimet la raison au fondement même de ses actions ; même si le génie est celui par qui la nature donne ses règles.

Ence sens alors l'universalité esthétique est universalité sans concept.

Quand je juge un objet beau, j'attribue àchacun le sentiment que j'éprouve devant l'objet.

Cette universalité est de droit et non de fait.

Cette universalitén'est pas logique : « Est beau ce qui plaît universellement et sans concept ».

Est beau donc ce qui est l'expressiond'une harmonie entre l'entendement et l'imagination : il s'agit d'une finalité sans fin, car le beau est à lui-même safin : « La beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans la représentation d'une fin.

»Le beau est à lui-même sa propre fin.. »

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