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Les mythes ont-ils cessé d'avoir cours ?

Publié le 27/02/2011

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mythes

   DIRECTIONS DE RECHERCHE    • Se demander par rapport à quelle(s) conception(s) une telle question peut avoir sens.    — A la pensée mythique se substituerait un progrès de la raison (perspective éventuellement reprise des « Lumières «), un progrès de la pensée scientifique, s'épanouissant dans des techniques, permettant de devenir maître et possesseur de la nature (et de soi-même), permettant une appréhension transparente du réel.    — Se demander si la conception même de la possibilité d'une société humaine parfaitement rationnelle et régulée, fondée par la science, est une conception rationnelle, scientifique ou idéologique, « irrationnelle «.    Cf. Althusser, Pour Marx (Maspero), pp. 238-239 :    « Seule une conception idéologique du monde a pu imaginer des sociétés sans idéologie, et admettre l'idée utopique d'un monde où l'idéologie (et non telle de ses formes historiques) disparaîtrait sans laisser de trace, pour être remplacée par la science. Cette utopie est, par exemple, au principe de l'idée que la morale qui est, dans son essence, idéologie, pourrait être remplacée par la science ou devenir de part en part scientifique; ou la religion dissipée par la science qui en prendrait en quelque sorte la place; que l'art pourrait se confondre avec la connaissance... «

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« c'est-à-dire d'histoire sans importance car sans attache avec le réel.

Il se peut que le mythe ne contienne pasd'éléments historiques, mais cela n'altère en rien sa fonction. Remarquons pour l'instant que le mythe peut se définir comme un récit tenu pour vrai au sein d'un système de croyances déterminées.

Il apparaît également comme l'expression d'une pensée symbolique, en relation avec latotalité du psychisme humain, l'histoire et les préoccupations communes des hommes.

C'est en ce sens que GastonBachelard disait que « tout l'humain est engagé dans le mythe ». Le mythe peut donc apparaître comme opposé au discours rationnel, ce qui n'en diminue pas l'influence qu'il possède.

Savoir si l'on peut se passer des mythes ne doit pas nous incliner vers un choix qui serait celui du vraicontre le faux, du rationnel contre l'irrationnel.

Il s'agit bien plutôt de comprendre le rôle que joue le mythe pour leshommes.

Comme le note Lévi-Strauss dans son Anthropologie structurale : « Chaque société exprime, dans ses mythes, des sentiments fondamentaux tels que l'amour, la haine ou la vengeance, qui sont communs à l'humanitétout entière ». En un sens, les mythes peuvent servir à donner des réponses toutes faites à toutes sortes de préoccupations, à fournir des explications sur des points obscurs ou même à préconiser des attitudes morales.

De cepoint de vue, le mythe assure une cohésion sociale et culturelle que l'intelligence aurait plutôt tendance àdissoudre.

Se passer des mythes reviendrait alors à mettre en péril un certain équilibre humain.

Mais s'il n'est pasrecommandé (« peut-on » au sens de « est-il permis de ») de se passer des mythes, le peut-on effectivement ? II – La fonction fabulatrice : Bergson et la nécessité du mythe Dans les Deux sources de la morale et de la religion , Henri Bergson entend montrer comment, d'une manière générale, les mythes trouvent leur source dans la vie et ses exigences de perpétuation et de création.

En ce sens, ils'agit bien de faire surgir le mythe comme fonction biologique de l'homme, indissolublement lié à sa manière d'être. Une des deux formes principales de religiosité – qui a recours au mythe – s'exprime dans la religion statique , qui n'est rien d'autre que la manifestation de l'instinct sommeillant en l'homme.

En effet, sur le chemin de l'évolutionbiologique, l'homme correspond à l'émergence de l'intelligence.

Or, loin d'être un pas avant, ce surgissement marqueun coup d'arrêt dans l'évolution.

En proie à la réflexion, l'homme cesse d'agir et de créer pour réfléchir.

L'instinct n'adonc d'autre moyen que de ruser afin d'assurer la pérennité de la vie. C'est ainsi que surgit ce que Bergson appelle la « fonction fabulatrice », mise au service de la préservation de l'espèce.

Les premières croyances religieuses qu'exemplifient les mythes permettent ainsi d'assurer la cohésion de lacommunauté.

Comme le dit Bergson, « la religion est une réaction défensive de la nature contre le pouvoir dissolvantde l'intelligence ».

Si l'homme peut prendre conscience de sa mortalité, la construction de fables et de récitseschatologiques (qui lui assurent la vie dans l'au-delà, par exemple), c'est-à-dire de mythes structurant, lui permetde conjurer cette angoisse. Le mythe apparaît alors comme une fonction naturelle, dont l'efficace ressortit à l'évolution de l'espèce humaine elle-même. III – Le mythe : un problème anthropologique De larges développements ont été consacrés aux mythes dans le cadre de l'anthropologie, c'est-à-dire – étymologiquement – de l'étude de l'homme.

La récurrence des mythes au sein des cultures montre en effet queceux-ci révèlent des préoccupations communes aux hommes telles que la recherche du sens de l'existence, le soucid'expliquer la création du monde (cosmogonies), les origines de la vie ou de l'humanité, le besoin de conjurer lesangoisses des hommes face à une nature hostile, la maladie, la souffrance ou la mort ; songeons encore à la fuitehors du monde ou du temps, la communion avec le divin, etc. Largement constitués par la projection des contraintes économiques, des structures politiques, des règles de la parenté ou des usages sociaux, ils ont une finalité bien établie: de la justification et de la codification desinstitutions politiques ou religieuses aux rites et tabous, en passant par les interdits moraux ou sociaux, voire laconstitution d'une mémoire collective, des généalogies et des événements marquants propres à une culture. C'est à partir de telles constatations que le structuralisme, que représente C.

Lévi-Strauss, à mis au jour la détermination des mythes les uns par les autres, c'est-à-dire le fait qu'ils trouvent en eux-mêmes leur vérité (dansleur structure commune), bien davantage que par leur contexte. Essentiellement, l'interprétation des mythes peut alors suivre deux pistes de recherche : 1° Si les mythes ont un sens, celui-ci ne peut tenir aux éléments qui entrent dans leur composition, mais à la manière dont ces élémentsse trouvent combinés.

En somme, que le récit soit fictif n'est pas un problème : ce qui compte, c'est, par exemple,les rapports que tel mythe suppose entre les hommes et les dieux.

2° Le mythe relève de l'ordre du langage : ilfonctionne grâce à des symboles, qui, d'un sens premier, renvoie à un sens second.

En bref, le mythe n'est pas àprendre au pied de la lettre.. »

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