Les mots sont-ils des étiquettes collées sur les choses ?
Publié le 27/02/2008
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Nous utilisons, dans le langage courant, les mots pour désigner les choses. Grâce aux mots, chacun peux faire comprendre à tous autres ce qu’il a vu, décrire les choses telles que chacun puisse les reconnaître. Mais les mots sont-ils pour autant des étiquettes colées sur les choses ? On peut en effet le penser, vu le caractère premier des mots. Mais les mots ne sont-ils pas issus de la pensée, n’y a-t-il pas médiation entre la chose et le mot ? Si les mots ne sont pas les étiquettes collées aux choses, que sont-ils ?
«
Proposition de plan.
1.
Ne peut-on penser, dans un premier temps que les mots sont bien les étiquettes collées sur les choses ?
· Les mots, dans une première approche, désignent les choses.
Ils permettent aux hommes de nommer uniformément les objets qu'ils rencontrent : « La connaissance des mots conduit à la connaissance deschoses.
» Platon.
· Selon Platon, dans cet extrait, le mot est bien rattaché à la chose.
L'idée des mots comme étiquettes des choses est d'ailleurs une idée qui connut sont plus grand développement au cours dumoyen âge.
· Mais l'idée des mots comme étiquettes posées sur les choses peut aussi avoir une consonance négative, mettant en évidence le manque d'informations que donnent les mots, en rapport avecl'objet qu'ils désignent.
« Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettescollées sur elles.
Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l'influence du langage.Car les mots (à l'exception des noms propres) désignent des genres...
Et ce ne sont pas seulement lesobjets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme qui se dérobent à nous dans ce qu'ils ontd'intime, de personnel, d'originalement vécu.
» Henri Bergson, Le Rire .
· Nous voyons ici avec Bergson l'usage de l'expression des mots comme étiquettes mise en accusation d'incapacité de dire ce que sont les choses.
Le mot est imprécis, ne recouvre quepartiellement l'objet, l'information est alors imparfaite.
· Pourtant, les mots sont tout de même autre chose que de simples étiquettes, non informatives qui plus est.
Les mots signifient, indiquent, informent.
Si ce n'est de la chose, de quoi renseignent-ils ?
2.
Le fait que les mots soient issus de la pensée n'empêche-t-il pas le mot de « coller » à la chose ?
· Bergson accuse les mots d'imprécision, en ce qu'ils ne permettent nullement de connaître la chose.
Si on peut s'accorder sur ce point avec Bergson, les mots ne pouvant dire parfaitement cequ'est la chose elle-même, il n'empêche que les mots peuvent faire connaître.
« Or, puisque selon leur définition, les noms ordonnés dans le discours sont les signes des concepts, il estmanifeste qu'ils ne sont pas les signes des choses elles-mêmes ; car en quel sens peut-on comprendreque le son de ce mot pierre soit le signe d'une pierre si ce n'est en celui-ci : que celui qui entend ce moten infère que celui qui parle a pensé à une pierre ? », Hobbes, Léviathan .
· Le problème posé par Hobbes est assez explicite : le mot ne désigne pas la chose, mais le concept que nous en avons.
Il y a alors une différence de fait : l'idée de l'étiquette collée ne peutsignaler la chose, mais signifier ce que l'on en sait, ce que l'on en pense.
Le mot signifie la pensée etnon la chose.
· Il existe donc un écart entre mot et chose qui empêche, absolument, de pouvoir dire que le mot est collé à la chose, et qu'il recouvre toutes les informations nécessaires la concernant.
3.
Que sont les mots, s'ils n'ont pas ce rôle d'étiquettes ?
· Nous avons pu voir que le concept de mot comme étant une étiquette collée à la chose mettait en avant l'incapacité du mot à dire ce qu'était la chose.
En accord avec cela, nous avons pu,ensuite, déterminer une fonction du mot visant à signaler la pensée plutôt que la chose elle-même.
· Le mot ne colle pas à la chose.
Il décrit une pensée, un concept, issu de l'expérience que l'homme peut avoir de al chose, de sa rencontre avec elle .Lorsque Bergson accuse le mot de servird'étiquette collée aux choses, il met en avant le fait que l'on confonde souvent l'un avec l'autre.
· Mais, en effet, le mot ne permet pas de connaitre la chose.
Il faut le prendre pour ce qu'il est : signifiant de la pensée, et non des choses.
Les mots ne sont pas des étiquettes collées sur leschoses si l'on admet leur impossibilité de décrire la chose.
· Mais, bien entendu, la conceptualisation que l'on a est une tentative de correspondre à la chose. On tente, tout de même, par les mots de désigner la chose.
« Un mot n'est pas la chose, mais un éclair à la lueur duquel on l'aperçoit.
» Diderot..
»
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