Les limites de la raison
Publié le 30/05/2023
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La notion de limite a une importance d’abord étymologique.
Le terme est en effet tiré du latin
limes qui désignait des fortifications construites sous l’Empire romain ; le terme a donc
logiquement été, par la suite, traduit par « frontière ».
Une frontière n’existe et ne tient son
existence que parce qu’il est possible de passer outre ; il ne s’agit pas d’une borne, d’un mur.
Ainsi de la limite.
La limite désigne alors, pour Kant essentiellement, une démarcation pouvant
être dépassée, la démarcation entre la fin d’un espace et le début d’un autre, une délimitation de
deux champs différents.
En ce qui concerne la raison, bien que le terme soit vertigineusement polysémique, l’on peut la
désigner comme la faculté par laquelle l’homme connaît, juge et agit.
Tous les philosophes voient
dans la raison le propre de l'homme, une faculté supérieur qui commande la connaissance, le
langage, la pensée et même la moralité.
La raison guide l'esprit dans son investigation, elle permet
de donner un sens à l'univers, les concepts permettent de synthétiser toutes les infos qu'on reçoit
ensuite les jugements vont relier entre les concepts pour élaborer une connaissance qui s'oppose
aux folies, aux passions incontrôlées.
Le problème qui m'apparaît en premier, est que pour la raison, la sensibilité, la foi ne sont pas des
concurrents valables, elle va dire : vous avez vos croyances pour moi ce sont des préjugés, vous avez des
sentiments pour moi ce sont des illusions d'essence.
Vous ne m'imposez pas de limites, vous êtes d'autres
données de la réalité, parce que la réalité n'est pas que rationnelle, il y a aussi des choses irrationnelles.
Les sentiments c'est un autre domaine que moi, et c'est un domaine qui n'a même pas les mêmes
prétentions que moi, qui peut pas rentrer en concurrence.
Ainsi, le seul moyen susceptible de limiter la
raison, ce n'est pas d'aller lui chercher des ennemis ailleurs, c'est d'aller chercher ses limites de l'intérieur.
Il faut mettre la raison en crise.
D'où la limiter ? Je pense que le mot important du sujet, ne figure pas tel quel dans le sujet, c'est vraiment
le point de vue, c'est à dire, quel point de vu pour dire cet endroit depuis lequel nous avons le droit de
demander jusqu'où et pourquoi la raison ? Ce n'est pas suffisant d'énumérer les limites de la raison, il faut
montrer que la notion de limites de la raison est pertinente.
Ainsi, d'où faut-il se placer pour poser des
limites à la raison.
Quelle est notre position de juge par rapport à la raison ? Est-ce qu'il faut que ce juge,
grand un, soit lui-même rationnel, il faut que la raison se juge elle-même ? Il faut que je sois intérieur à la
raison, ah oui mais être intérieur à la raison c'est pas suffisant, parce que si la raison se juge elle-même,
elle fait ce qu'elle veut, c'est pas assez critique, c'est pas assez radical.
Alors, est-ce qu'il faut que ce juge
soit extra-rationnel, grand deux.
Oui, mais finalement, grand trois, est-ce que les limites de la raison ne
seraient-elles pas justement le commencement de quelque chose, un moteur plus qu'un blocage ?
I/ Limites intérieures, critique immanente de la raison :
Voilà, premièrement, d'après Kant, il faut juger la raison, faire le recensement de ce qu'elle peut et ce
qu'elle ne peut pas.
Dans ce tribunal c'est la raison qui se jugera elle-même.
Il ne s'agit pas d'aller lui
chercher des ennemis ailleurs, mais à l'intérieur, il va faire une critique immanente, de soi par soi, pas par
un agent extérieur.
Ainsi, La théorie de Kant tient en quelques points : nous ne connaissons pas le monde tel qu’il est, mais
tel que notre esprit peut le concevoir.
Notre jugement est borné par nos cadres mentaux (lui parle de «
schèmes » et « catégories »).
Il ne sert à rien de vouloir extraire la raison pure de son domaine limité de
compétence.
Pas plus qu’il n’est possible à un aveugle de comprendre ce qu’est une couleur, il ne faut
demander à la raison plus qu’elle ne le peut.
Tel est l’esprit du « criticisme kantien ».
Il nous est impossible de concevoir un univers avec des limites.
Inversement, envisager l’univers comme
infini est tout aussi impensable.
En essayant de nous représenter l’infini, nous sommes invariablement
conduits à rechercher une limite située quelque part.
Car notre esprit est incapable de se représenter
l’infini.
Que l’on tourne la question dans tous les sens, l’idée d’infini tout comme celle de finitude échappent à
notre entendement… Pour Emmanuel Kant, une telle impasse logique surgit lorsque nous cherchons à
transposer dans l’absolu la notion d’espace qui n’appartient pas à l’univers mais à la structure de notre
esprit.
La raison à des limitations vraiment internes, elle a des cadres de pensées qu'elle ne peut pas changer.
Il y
a peut être des choses auxquelles on ne peut pas penser car elles sont irrationnelles au sens de notre
raison.
Notre raison va avoir du mal à comprendre des choses qui correspondent pas à ses cadres, des
cadres de pensées à priori, cadre de l'identité, de la causalité, du temps et de l'espace.
Par exemple : on ne
peut penser que la table est là et en même temps ailleurs.
Et tant mieux car ça correspond à notre
expérience du monde.
Autre exemple : en micro-physique : une même particule peut être à 2 endroits à la fois, si on divise un
quartz en deux, ces deux parties, vous les éloignez de 100km, ce que vous faites subir à une partie du
quartz se répercute sur la deuxième partie = incompréhensible pour nous, même chose à 2 endroits.
La
raison a une limite parce qu'elle est structurée d'une certaine façon, on ne peut pas sortir de cette structure.
Deuxièmement dans cette critique immanente, Kant aborde cette idée de limite au travers de tout ce qui
existe au-delà de l'expérience :
Pour Kant, la raison ne peut pas connaître les objets métaphysiques, elle se perd dans des délires, des
hypothèses gratuites.
C'est pourquoi, pour la raison, l'expérience est LE lieu de conformité entre ce qu'on
pense et ce qui est.
C'est le lieu de rencontre entre la raison et la réalité.
Pour lui, la limite c'est qu'au delà
de l'expérience, je ne peux rien connaître.
La raison c'est la pierre de touche, rambarde sacrée de
l’expérience.
Kant affirme alors l'impossibilité de tout connaître et de là suggère des limites à la raison.
Il est donc pertinent de donner un exemple de choses que la raison est incapable de connaître et
spécialement d’évoquer la distinction kantienne entre phénomènes et noumènes.
Le phénomène est la
chose telle qu’elle m’apparaît pour moi, la chose dont je fais l’expérience : la raison peut connaître les
phénomènes, car il s’agit d’objet extérieurs.
Kant les définit comme « les images sensibles en tant qu’on
les pense à titre d’objets suivant l’unité des catégories ».
Le noumène, quant à lui, est la chose en soi,
c’est-à-dire indépendamment de tout ce qu’elle est.
Kant définit le noumène comme « des choses qui
soient simplement des objets de l’entendement et qui pourtant peuvent être données, comme telles, à une
intuition, sans pouvoir l’être toutefois à l’intuition sensible ».
La raison ne peut donc faire aucune
expérience du noumène d’une chose et celui-ci demeure inconnaissable, nous ne pouvons donc former
que des jugements purement dogmatiques – donc, pour Kant, à absolument éviter – à son égard.
Finalement, pour Kant, on peut penser dieu, dans notre vie morale, puisqu'on a besoin d'être en progrès,
l'homme a besoin de l'âme et de dieu, donc il a besoin de les penser, pas de les connaître.
Mais pour lui la
pensée c'est de la croyance.
Toutefois ce qu'il y a d'insatisfaisant dans cette première partie, c'est le fait que la raison soit jugée ainsi ne
me convient pas car ce n'est pas juste, pas équitable.
Il y a peut-être des limites qu'elle a et qu'elle ne veut
pas voir seule.
II/ Effectivement, la raison a des limites extérieures.
Il s'agit de sortir de la raison en elle-même, de se
placer dessus en quelque sorte.
Première limite : l'infinité du monde, c'est Hamlet qui le dit « il y a plus de choses dans le monde que dans
la philosophie », le monde est toujours plus riche que ce qu'on peut en dire.
Le monde excède toujours ce
qu'on peut en dire.
Il est infini.
En principe on peut expliquer un phénomène.
Mais la raison ne peut pas
expliquer tout événement.
Expliquer un événement = connaître la position et la vitesse de tous les atomes
de l'univers = impossible juste par la quantité, raison pas assez puissante.
On est ignorant de l'essentiel.
On peut calculer des micro événements et encore schématiquement.
La raison humaine est donc limitée de l'extérieur, comme toute force est limitée, on ne peut pas calculer
quelque chose à l'infini, même les ordinateurs ont une capacité de calcul limitée.
ex : tsunami, difficulté....
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