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Les inégalités sociales sont-elles injustes ?

Publié le 15/02/2004

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). Il s'agit évidemment d'une expérience de pensée et non pas d'une situation réelle et historique, qui permet de considérer le problème de la justice en neutralisant les intérêts privés sans pour autant retomber dans des conceptions métaphysiques abstraites. Dès lors, la justice sociale est d'une nature procédurale. Elle n'est pas définie par son contenu mais par une forme : le simple fait de résulter d'une procédure équitable. La situation est comparable à celle d'un jeu: les concurrents acceptent des règles identiques pour tous et sans rien connaître de la manière dont la partie va se jouer et se conclure. La stratégie du «maximin » Mais quel sera, pour l'individu situé dans cette « position originelle », le choix le plus rationnel? Le « voile d'ignorance » exclut que nous connaissions les tendances individuelles. Nul ne sait quelle sera sa nature psychologique et s'il préférera, lorsqu'il sera inscrit au sein de la société, la sécurité ou le risque. Selon Rawls, ce qui est rationnel est d'adopter la stratégie du «maximin ». Il faudrait donc, pour chaque associé, partir de l'hypothèse que c'est son pire ennemi qui aura la possibilité de choisir la place qu'il occupera dans la société.
Les partisans de l'économie de marché estiment que celle-ci ne peut être dite injuste. En effet, selon Hayek par exemple, seule peut être qualifiée d'injuste une répartition effectuée par une personne, mais non ce qui résulte des échanges entre individus, à la condition toutefois que ceux-ci aient un égal accès à toutes les positions, sans privilèges ni discrimination. Mais les plus riches ne sont-ils pas en position de force, et le marché ne leur permet-il pas d'abuser de ce rapport inégal ? Marx va jusqu'à considérer que le profit des propriétaires des moyens de production provient exclusivement de l'exploitation de leurs salariés, c'est-à-dire de la partie non rétribuée de leur travail. Son raisonnement repose sur deux principes. D'une part, il estime que les salariés vendent la totalité de leur force de travail au prix de la reproduction de celle-ci. Or, cette force de travail produit plus de valeur que le coût de sa reproduction. D'autre part, il affirme que le profit des capitalistes ne provient ni du capital investi, ni de la terre et ses richesses (car ces facteurs de la production ne produisent aucune valeur), ni de l'activité des chefs d'entreprises.
Plusieurs contre-arguments ont été objectés à Marx : 1) Les salaires varient, eux aussi, en fonction de l'offre et de la demande. 2) L'argent et les ressources naturelles sont des facteurs de production qui doivent être rémunérés et rapporter du profit, sans quoi ils ne seraient tout simplement pas investis, mais utilisés autrement, ce qui rendrait la production impossible. 3) L'activité des entrepreneurs doit, elle aussi, être rémunérée : le profit, ou la faillite de leurs entreprises, dépend en effet de leur aptitude à orienter leur activité et leurs investissements vers les domaines où le rapport entre l'offre et la demande est temporairement favorable. Mais les libéraux reconnaissent qu'il persiste au sein du marché des situations contraires aux normes de l'économie libérale, par exemple les monopoles. Adam Smith dénonce également le rapport de force inégal entre ouvriers et employeurs, d'autant qu'à son époque les coalitions d'ouvriers sont interdites. Car même si le marché n'impose pas de règles injustes, tout le monde ne s'y présente pas avec les mêmes atouts, avec les mêmes dotations initiales. Celles-ci sont transmises à chacun par le milieu social et culturel dont il est issu. Reste à savoir qui offre le plus de chances de promotion sociale aux moins bien lotis : le marché ou la redistribution des richesses par l'État ? La réponse à cette question constitue sans doute l'un des choix politiques essentiels d'une société. Le débat concernant les limites de l'intervention de l'État dans l'économie ne peut être tranché ni a priori ni une fois pour toutes. Il semble toutefois communément admis que la loi du marché ne peut pas s'étendre à toute la vie sociale, car elle concerne une sphère particulière de l'activité humaine, celle dans laquelle les hommes sont libres de travailler à satisfaire exclusivement leurs désirs individuels, alors que les décisions politiques relèvent de la collectivité. Celle-ci ne peut pas reposer exclusivement sur les échanges économiques. Mais le marché n'entre pas pour autant en opposition avec l'intérêt général. Certains des biens auxquels tout un chacun doit avoir accès, comme les médicaments, sont produits en grande partie grâce à lui. C'est pourquoi une vision unilatérale qui diaboliserait soit l'État, soit le marché, ne semble guère compatible avec le double idéal de nos sociétés : assurer le bien vivre des individus et le vivre bien des citoyens.
 


« société, étant donné qu'il ne peut y avoir d'accord public sur un bien rationnel unique.»John Rawls, La théorie de la justice comme équité Les inégalités sociales ne sont pas nécessairement des injusticesIl peut y avoir une juste inégalité, à condition qu'elle ne contredise pas ces libertés de base et qu'elle ne s'opposepas à l'égalité des chances.

L'égalité des salaires n'est pas une bonne chose, dans la mesure où elle démotive lessalariés.

Cela dit, l'augmentation des inégalités, pour demeurer juste, doit profiter aux plus faibles. La richesse profite aux démunisOn ne peut plus, en effet, parler de justice si les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en pluspauvres.

Celui qui crée des richesses et touche, par là même, de confortables revenus, améliore le sort des pauvres.En effet, la lutte contre la pauvreté passe par une augmentation des richesses, et non par celles-ci. « Le voile d'ignorance » Neutralité des principes de justice. Sa théorie de la justice se situe dans le courant de pensée de l'individualisme libéral.

L'individu libéral est celui qui sefixe librement ses objectifs et qui tente, selon un « calcul des plaisirs et des peines », de les atteindre. Cependant, contrairement au libéralisme téléologique dont l'utilitarisme est un bon exemple, le libéralisme de Rawlsest, à l'instar de celui de Kant, un libéralisme déontologique : il donne la priorité au juste sur le bien.

La sociétéétant composée d'individus - chacun avec ses propres fins et ses propres intérêts - doit pouvoir être organiséeselon des principes qui ne présupposent aucune conception particulière du bien.

Ici, c'est le juste qui, défini d'unefaçon indépendante, va imposer des contraintes au bien et le limiter.

La conduite de l'individu, si elle est régulée pardes principes ne reposant sur aucune fin particulière, peut poursuivre des objectifs particuliers tout en étantcompatible avec les autres libertés individuelles.

Mais comment est-il possible de dégager ainsi des principes dejustice qui soient neutres sur un plan moral ou métaphysique?Pour le résoudre, Rawls modifie le problème posé par la recherche des principes de justice.

Il ne s'agit plus désormaisd'analyser et de fonder les contenus de ces principes (tâche infinie) mais de décrire la situation qui préside au choixde ces principes.

Comme souvent, une bonne façon de résoudre une question difficile est de la reposer d'une autremanière.

Rawls opère ici une «révolution copernicienne»: l'analyse ne porte pas sur l'objet mais sur les sujets de lajustice.

Que se passerait-il en effet si les individus étaient amenés à choisir les principes de justice ordonnant lacommunauté en ignorant tout de leur position respective à l'intérieur de cette communauté? « La position originelle » Imaginons une situation dans laquelle les membres d'une société débattent sur les principes de justice qui régulentla structure sociale.

Si chacun se présente avec ses conditionnements sociaux et historiques, prêt à user de forceou de ruse pour mieux profiter de la négociation, l'accord unanime est impossible.

Les individus sont soumis àl'hétéronomie* de leur détermination sociale et n'agissent pas comme des êtres libres: ils sont enclins à défendreleurs intérêts privés.

Il faut donc imaginer une autre procédure qui les empêche de tourner le débat à leur profit.Rawls imagine donc une «position originelle» hypothétique, dans laquelle chacun ignore tout de sa place dans lasociété «Je pose que les partenaires sont situés derrière un voile d'ignorance.

Ils ne savent pas comment les différentespossibilités affecteront leur propre cas particulier et ils sont obligés de juger les principes sur la seule base deconsidérations générales » (Théorie de la justice, p.

168). L'individu qui délibère ne sait rien de son statut social, de ses capacités physiques ou intellectuelles, de sesinclinations, de sa psychologie; riennon plus de son idée du bien, de son projet rationnel de vie.

Il juge donc placé sous ce « voile » en situation destricte égalité avec les autres partenaires.

Cette fiction permet de représenter l'égalité des êtres humains en tantque personne morale et les implications de cette égalité.

Dans la mesure où l'individu ne sait pas la place qu'il vaoccuper dans la société, il sera enclin à considérer certaines choses comme étant nécessaires pour mener une viesatisfaisante.

Celle-ci ne peut en effet être menée que grâce à un certain nombre de « biens premiers ».

Parmi cesbiens, Rawls inclut entre autres le revenu, les droits et les libertés de base, et celui qu'il classe en premier, les«bases sociales du respect de soi-même ».Cette «position originelle» joue le même rôle que l'hypothèse de l'état de nature dans les théories du contrat (Locke,Rousseau, Kant...).

Il s'agit évidemment d'une expérience de pensée et non pas d'une situation réelle et historique,qui permet de considérer le problème de la justice en neutralisant les intérêts privés sans pour autant retomber dansdes conceptions métaphysiques abstraites.

Dès lors, la justice sociale est d'une nature procédurale.

Elle n'est pasdéfinie par son contenu mais par une forme : le simple fait de résulter d'une procédure équitable.

La situation estcomparable à celle d'un jeu: les concurrents acceptent des règles identiques pour tous et sans rien connaître de lamanière dont la partie va se jouer et se conclure. La stratégie du «maximin ». »

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