Les hommes sont-ils faits pour vivre seuls ?
Publié le 11/11/2005
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Comment pourrons-nous définir l’homme ? Nous devons nous poser cette question aux propylées de ce travail, dans la mesure où toute définition de l’homme implique une réponse implicite à la question que l’on nous pose précisément. Si nous répondons qu’il est « un animal politique « comme le fait Aristote, c’est donc qu’il ne peut se suffire à lui-même, qu’il est naturellement porté à rencontrer ses semblables, sans quoi il ne peut vivre. Si nous disons qu’il est un être vivant capable de subvenir seul à ses besoins au moyen de sa raison et non de son seul instinct, c’est donc que nous répondons déjà par l’affirmative au problème que nous n’avons pu encore examiner. Nous nous en tiendrons donc à une définition pour le moment vague, en disant qu’il est un être vivant doté de la raison et du langage. Qu’entendons-nous par « être fait pour vivre seul « ? Quelqu’un dont nous disons qu’il est fait pour vivre seul est quelqu’un qui est soit disposé par ses goûts, ses aspirations personnelles ou ses valeurs à vivre dans la solitude. Dans ce cas, vivre seul est un choix affirmatif, une volonté qui s’incarne dans une action pour la réaliser. Ou au contraire, la solitude est un choix réactif, qui est le résultat d’un refus face à la vie en société. En ce sens, l’homme n’est pas fait pour vivre seul, mais c’est parce qu’il n’est pas fait pour vivre en communauté qu’il en vient à embrasser la solitude. L’archétype de cette attitude réactive face à la solitude est sans doute le personnage d’Alceste, dans le Misanthrope de Molière, lui qui s’écrie « Je hais tous les hommes «. Si nous posons la question « les hommes sont-ils faits pour vivre seuls ? « en vérité nous posons une question sur la nature même de l’homme. Car cette capacité est définitoire de l’humanité : l’être humain est-il cet individu disposé à se passer du commerce de ses semblables, ce qui ferait de lui un être à part dans la création ? Ou est-il au contraire porté vers les autres hommes, et si tel est le cas, par quoi ? Instinct naturel ou intérêt pour sa propre conservation ? La question au centre de notre réflexion sera donc de savoir si la nature de l’homme implique la socialité, ou s’il n’existe pas au contraire chez lui une tentation de l’autonomie qui incarnerait pour lui un idéal de vie.
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Comment pourrons-nous définir l'homme ? Nous devons nous poser cette question aux propylées de ce travail, dansla mesure où toute définition de l'homme implique une réponse implicite à la question que l'on nous poseprécisément.
Si nous répondons qu'il est « un animal politique » comme le fait Aristote, c'est donc qu'il ne peut sesuffire à lui-même, qu'il est naturellement porté à rencontrer ses semblables, sans quoi il ne peut vivre.
Si nousdisons qu'il est un être vivant capable de subvenir seul à ses besoins au moyen de sa raison et non de son seulinstinct, c'est donc que nous répondons déjà par l'affirmative au problème que nous n'avons pu encore examiner.Nous nous en tiendrons donc à une définition pour le moment vague, en disant qu'il est un être vivant doté de laraison et du langage.
Qu'entendons-nous par « être fait pour vivre seul » ? Quelqu'un dont nous disons qu'il est fait pour vivre seul estquelqu'un qui est soit disposé par ses goûts, ses aspirations personnelles ou ses valeurs à vivre dans la solitude.Dans ce cas, vivre seul est un choix affirmatif, une volonté qui s'incarne dans une action pour la réaliser.
Ou aucontraire, la solitude est un choix réactif, qui est le résultat d'un refus face à la vie en société.
En ce sens, l'hommen'est pas fait pour vivre seul, mais c'est parce qu'il n'est pas fait pour vivre en communauté qu'il en vient àembrasser la solitude.
L'archétype de cette attitude réactive face à la solitude est sans doute le personnaged'Alceste, dans le Misanthrope de Molière, lui qui s'écrie « Je hais tous les hommes ».
Si nous posons la question « les hommes sont-ils faits pour vivre seuls ? » en vérité nous posons une question sur lanature même de l'homme.
Car cette capacité est définitoire de l'humanité : l'être humain est-il cet individu disposé àse passer du commerce de ses semblables, ce qui ferait de lui un être à part dans la création ? Ou est-il aucontraire porté vers les autres hommes, et si tel est le cas, par quoi ? Instinct naturel ou intérêt pour sa propreconservation ? La question au centre de notre réflexion sera donc de savoir si la nature de l'homme implique la socialité, ou s'iln'existe pas au contraire chez lui une tentation de l'autonomie qui incarnerait pour lui un idéal de vie.
I.
L'homme est par définition un être qui ne saurait vivre seul a.
L'homme a besoin de ses semblables pour vivre Nous commencerons par répondre négativement à la question posée, car il semble que l'homme a besoin de sessemblables pour subvenir à ses besoins essentiels, de sorte qu'il ne saurait vivre seul.
Pour Aristote, la société est àla fois l'origine et la finalité de l'homme.
En effet, un homme qui ne ferait pas partie de la cité parce qu'il seraitcapable de se suffire à lui-même, serait soit une bête, soit un Dieu, ce qui implique qu'un tel homme n'existe pas.
End'autres termes, la nature humaine exclue radicalement la capacité à vivre seul, de sorte que l'homme n'est pas faitpour la solitude.
Si l'homme n'est pas fait pour vivre seul, c'est parce qu'il est la victime d'une nécessité d'ordrematériel : un individu isolé est strictement incapable de subvenir à ses besoins par les seuls moyens qu'il tire de lui-même.
Seule la société, nous dit Aristote, est capable d'assurer à l'homme ce qui lui est indispensable pour seperpétuer dans son être.
Comme l'écrit Aristote dans La Politique : « Nous en déduisons qu'à l'évidence la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature unhomme politique : si bien que l'homme qui vit en dehors de la cité, naturellement bien sûr et non par le hasard descirconstances, est soit un être dégradé, soit un être surhumain : il est comme celui qu'Homère injurie en cestermes : « Homme sans lignage, sans loi sans foyer ».
(…).
Aussi, celui qui ne peut appartenir à une communauté,ou qui n'en a nullement besoin du fait qu'il est autosuffisant, n'est en rien une partie d'une cité : par conséquent,c'est soit une bête, soit un Dieu ».
b.
L'homme est « un animal politique » : la thèse Aristotélicienne Mais par delà cette nécessité naturelle, qui est la réponse la plus immédiate qui nous vient à l'esprit lorsque nousvoulons défendre la thèse que l'homme ne peut vivre seul, nous dirons que cette impossible autarcie est liée à lanature fondamentalement, intrinsèquement sociale de l'être humain.
L'homme n'est véritablement humain que pourautant qu'il entre en société avec les hommes : bien après Aristote, au XVIIIe siècle, Diderot écrira en pensant àRousseau et en reprenant à son compte l'héritage de la Politique : « Il n'y a que le méchant qui soit seul ».
De ceci il.
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