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Les hommes se croient-ils déterminés parce qu'ils se masquent leur responsabilité ou bien se croient-ils libres parce qu'ils ignorent les causes de leurs actes ?

Publié le 27/02/2008

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L'existentialisme est un humanisme, Nagel, Paris, 1946, p. 37). Pourquoi un tel paradoxe ? Sartre explique que la condition humaine est consciente de son origine absurde. Il n'est prédisposé à rien, déterminé en rien au départ de son existence. Son existence est donc comprise comme projet perpétuel qui ne débouche sur rien d'autre que le « néant » (pas de paradis ou d'enfer, seulement la mort). En tant que livré, par le néant, au néant, l'homme est donc, parce que conscient de sa condition, totalement responsable de ses choix et de ses actes. L'homme ne peut ignorer cette responsabilité. Le faire serait tomber dans ce que Sartre considère comme de la « mauvaise foi » : attitude de la conscience faisant mine de se masquer la vérité et responsabilité morale qui lui incombe. La liberté est donc absolue et la nier c'est faire acte de mensonge et non pas d'ignorance.

Épictète, l'un des plus célèbres stoïciens (v. 50 – v. 125), s'est particulièrement intéressé à la question de la liberté humaine (Cf. Ce qui dépend de nous, et aussi Manuels et entretiens). Il fait une distinction fondamentale et préalable entre « les choses qui ne dépendent pas de nous « (corps, biens, réputation, dignité) et « celles qui en dépendent « (opinion, désir, aversion). Ce qui trompe l'humain et le rend malheureux, c'est sa croyance d'un libre pouvoir sur les premières choses, nous dit-il. Ce questionnement philosophique capital sur la nature et les limites de la liberté humaine sera repris tout au long de l'histoire de la discipline. Il met en jeu la connaissance spécifique de l'humain sur lui-même (aspect théorique) mais également la possibilité ou non d'une action morale humaine (aspect pratique). C'est à l'aune même des mensonges et croyances humaines que l'acte de naissance de la philosophie se mesure. Comme interrogation et lutte, contre ceux-ci, pour le vrai et par le raisonnement libre, la philosophie se définit donc comme raison délivrant de la croyance et de l'ignorance humaine. C'est en ce sens que le questionnement sur la liberté et responsabilité humaines est décisif philosophiquement. En effet, la philosophie cherche, par nature, à répondre à la question ici posée : « Les hommes se croient-ils déterminés parce qu'ils se masquent leur responsabilité ou bien se croient-ils libres parce qu'ils ignorent les causes de leurs actes ? «. Cette question, capitale pour le statut même de la philosophie, appelle un traitement spécifique de deux questions sous-jacentes :     *       La philosophie peut-elle délivrer les notions de liberté et de responsabilité humaines de la croyance et du mensonge ?     *       Peut-elle, dès lors, proposer une réponse « une «, positive et déterminée à l'alternative ici posée ?

 

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