Les hommes se croient-ils déterminés parce qu'ils se masquent leur responsabilité ou bien se croient-ils libres parce qu'ils ignorent les causes de leurs actes ?
Publié le 27/02/2008
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Épictète, l'un des plus célèbres stoïciens (v. 50 – v. 125), s'est particulièrement intéressé à la question de la liberté humaine (Cf. Ce qui dépend de nous, et aussi Manuels et entretiens). Il fait une distinction fondamentale et préalable entre « les choses qui ne dépendent pas de nous « (corps, biens, réputation, dignité) et « celles qui en dépendent « (opinion, désir, aversion). Ce qui trompe l'humain et le rend malheureux, c'est sa croyance d'un libre pouvoir sur les premières choses, nous dit-il. Ce questionnement philosophique capital sur la nature et les limites de la liberté humaine sera repris tout au long de l'histoire de la discipline. Il met en jeu la connaissance spécifique de l'humain sur lui-même (aspect théorique) mais également la possibilité ou non d'une action morale humaine (aspect pratique). C'est à l'aune même des mensonges et croyances humaines que l'acte de naissance de la philosophie se mesure. Comme interrogation et lutte, contre ceux-ci, pour le vrai et par le raisonnement libre, la philosophie se définit donc comme raison délivrant de la croyance et de l'ignorance humaine. C'est en ce sens que le questionnement sur la liberté et responsabilité humaines est décisif philosophiquement. En effet, la philosophie cherche, par nature, à répondre à la question ici posée : « Les hommes se croient-ils déterminés parce qu'ils se masquent leur responsabilité ou bien se croient-ils libres parce qu'ils ignorent les causes de leurs actes ? «. Cette question, capitale pour le statut même de la philosophie, appelle un traitement spécifique de deux questions sous-jacentes : * La philosophie peut-elle délivrer les notions de liberté et de responsabilité humaines de la croyance et du mensonge ? * Peut-elle, dès lors, proposer une réponse « une «, positive et déterminée à l'alternative ici posée ?
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- "Les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent." Spinoza, Ethique, I, Appendice, 1677. Commentez cette citation. ?
- LA LIBERTÉ ET L'ILLUSION "Les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent." Spinoza, Ethique, I, Appendice, 1677. Commentez cette citation.
- Les hommes se croient-ils libres uniquement parce qu ils ignorent ce qui les détermine ?
- Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. l'Ethique, Livre II Spinoza, Baruch. Commentez cette citation.
- Spinoza " Les hommes se figurent être libres, parce qu'ils ont conscience de leurs volitions [actes de volonté] et de leur désir, et ne pensent même pas, même en rêve, aux causes par lesquelles ils sont disposés à désirer et à vouloir, n'en ayant aucune connaissance. " (Spinoza, Éthique, 1675, Appendice de la partie I, trad. Appuhn, GF-Flammarion, 1965, p. 61-62). Commentez cette citation.