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Les hommes ont-ils besoin de grands hommes pour faire leur histoire ?

Publié le 14/03/2004

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Sujet : Les hommes ont-ils besoin de grands hommes pour faire leur histoire ? Le grand homme paraît faire l'histoire de son temps Iskander (Alexandre le Grand) est, selon le Coran, celui d'entre les mortels à qui fut donné de découvrir une fois pour toutes les limites du monde. C'est dire si les grands hommes - et surtout les grands conquérants - paraissent avoir modifié à eux seuls, ou presque, le cours entier de l'histoire du monde. On pourrait même estimer, à la suite de Pascal, que la beauté d'une reine d'Égypte ou ses amours avec un général romain ont suffi à déterminer le sens et les modalités de l'histoire humaine. Le grand homme et les circonstances Toutefois, comme l'écrit Hegel, «dans la considération philosophique de l'histoire on doit s'abstenir d'expressions telles que : cet État ne serait pas allé à sa perte, s'il y avait eu un homme qui, etc.». L'apparition de grands hommes dans l'histoire dépend, assurément, des circonstances qui les favorisent. Sans nier le rôle des individus, des grands hommes, il faut se rendre compte que celui-ci n'est possible que dans le contexte des situations sociologiques d'ensemble qui demeurent les grands facteurs déterminants. « C'est à la Révolution, dit Léfebvre, que Napoléon doit son prodigieux destin. » Le coup d'Etat du 18 Brumaire lui-même a des causes générales.

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« Mais cette thèse, selon laquelle la passion est le bras armé de la raison et la réalise à l'insu même des hommes,n'est pas sans difficulté.

Les passions sont par nature tournées vers leur intérêt propre.

Elles se révèlentnécessairement égoïstes puisqu'elles sont des expressions du désir.

Comment passer de l'antagonisme despassions qui centrent l'individu sur son moi propre, lorsque, pour servir son intérêt, il « se projette en un objetavec toutes les fibres intérieures de son vouloir », à la réalisation d'un but caché et inconscient, le triomphe dudroit ?Hegel s'efforce alors de résoudre la difficulté en s'appuyant précisément sur l'élément qui fait problème :l'individualité.

Car ce qui rend la passion active, c'est précisément son individualité.

Celle-ci n'est pasnécessairement opposée à l'universalité du but auquel elle participe.

Ainsi, les motivations toutes particulières,voire purement égoïstes, qui animaient chacun des acteurs de la Révolution française, n'ont pas empêché, bienau contraire, cette révolution de s'accomplir, et, avec elle, le progrès du droit.La collaboration des passions, Hegel la nomme « ruse de la raison », car la raison utilise les passions pourproduire un ordre qui se retourne contre elles.

En effet, la Loi qu'elles permettent d'instaurer a précisémentpour fonction de substituer aux rapports de violence passionnelle les relations de droit, dans lesquelles cespassions sont niées.C'est pourquoi Hegel donne un nouveau sens au mot passion, qui en marquera de manière décisive l'usagemoderne : « Je dirai donc passion, entendant par là la détermination particulière du caractère en tant que cesdéterminations du vouloir n'ont pas un contenu purement privé, mais constituent l'élément moteur et énergiqued'actions générales.

»Ce nouveau sens ne désigne donc plus la souffrance liée au désir, mais l'énergie de la volonté tournée vers unbut commun à d'autres hommes.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: La scène véritable où se joue le malheur humain est l'histoire, dont l'absurdité saute aux yeux.

On ne peut nierqu'elle concentre, en effet, tant de guerres, tant de sacrifices parfois dérisoires, qu'on peut se demander sielle n'est pas une « histoire racontée par un idiot », ainsi que Shakespeare, dans sa pièce Macbeth, définit lavie humaine.C'est pourquoi Hegel déclarait dans un de ses cours de 1830, à propos du déclin des civilisations : « Il estdéprimant de savoir que tant de splendeur, tant de belle vitalité a dû périr et que nous marchons au milieu desruines.

Le plus noble et le plus beau nous fut arraché par l'histoire : les passions humaines l'ont ruiné.

»Or ce sont précisément les passions, causes apparentes de la ruine des civilisations que Hegel s'efforce deconvertir dans ce texte en élément moteur, mais caché, du progrès de la raison.La tâche est difficile car la passion a mauvaise réputation et la philosophie n'a cessé, depuis l'Antiquité, de laregarder « comme une chose qui n'est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise ».

Le mot « passion »désigne en effet cet état où domine le désir, la force incontrôlée des sentiments sur lesquels la raison nesemble pas avoir de prise.

C'est pour ce motif que l'on dit que « l'homme ne doit pas avoir de passion ».Hegel s'oppose à cette conception qui refuse d'accorder une valeur aux passions et cherche, au contraire, àfaire de celles-ci le moteur du progrès de la raison dans l'histoire.. »

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