Les hommes maîtrisent-ils leur histoire ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
monde la mieux partagée] Or cette capacité d'action qui leur est reconnue obéit à une certain rationalité : c'est le devenir de l'humanité qui dirige leur décision, et non leur caprice et cela, comme le souligne Hegel, même dans les cas où cesgrands hommes semblent n'agir que dans leur propre intérêt.
Ainsi l'homme est doublement dépossédé de sonhistoire : en tant que l'histoire n'est que le fait de quelques uns (homme devant être remplacé par individus) et entant que ces individus eux-mêmes ne sont peut-être pas au principe de leurs actions.
b) les grands hommes au service d'une rationalité supérieure Pour Hegel, il convient de supposer qu'il y a, y compris dans les évènements les plus douloureux (guerres, dictatures) une rationalité à l'œuvre.
En effet l'absurdité n'est pas, pour le philosophie allemand, de ce monde :l'histoire, si elle est pensable, doit avoir un sens.
Les grands hommes sont ainsi ces individus par lesquels l'Esprits'exprime.
[voir « L'histoire philosophique », La raison dans l'histoire (1830)]
Ces grands hommes semblent obéir uniquement à leur passion, à leurcaprice.
Mais ce qu'ils veulent est l'universel.
(...
) C'est la psychologiedes maîtres d'école qui sépare ces deux aspects.
Ayant réduit lapassion à une manie, elle rend suspecte la morale de ces hommes;ensuite, elle tient les conséquences de leurs actes pour leurs vraismotifs et leurs actes mêmes pour des moyens au service de ces buts :leurs actions s'expliquent par la manie des grandeurs ou la manie desconquêtes.
Ainsi par exemple l'aspiration d'Alexandre est réduite à lamanie de conquête, donc à quelque chose de subjectif qui n'est pas leBien.
Cette réflexion dite psychologique explique par le fond du coeurtoutes les actions et leur donne une forme subjective.
De ce point devue, les protagonistes de l'histoire auraient tout fait, poussés par unepassion grande ou petite ou par une manie, et ne méritent donc pasd'être considérés comme des hommes moraux.
Alexandre deMacédoine a conquis une partie de la Grèce, puis l'Asie; il a donc été unobsédé de conquêtes.
Il a agi par manie de conquêtes, par manie degloire, et la preuve en est qu'il s'est couvert de gloire.
Quel maîtred'école n'a pas démontré d'avance qu'Alexandre le Grand, Jules Césaret les hommes de la même espèce ont tous été poussés par de tellespassions et que, par conséquent, ils ont été des hommes immoraux?D'où il suit aussitôt que lui, le maître d'école, vaut mieux que ces gens-là, car il n'a pas de ces passions et en donne comme preuve qu'il n'a pas conquis l'Asie, ni vaincu Darius et Porus, mais qu'il est un homme qui vit bien et a laissé également lesautres vivre.
1.
Hegel fait un double constat
a) Apparemment les grands hommes (ceux qui font l'histoire) semblent n'agir qu'en fonction de leurs passionségoïstes, de leur caprice (selon leur volonté propre mais injustifiée).
b) En réalité ils « veulent l'universel », c'est-à-dire s'efforcent de contribuer à une avancée de l'Histoire en tant quecelle-ci est une manifestation et une réalisation de l'Absolu, de la Raison, de l'Esprit du monde, de l'Universelsupérieur dont les grands hommes ne sont que les instruments.
« Ce sont les grands hommes historiques, expliqueailleurs Hegel, qui saisissent cet universel supérieur et font de lui leur but ; ce sont eux qui réalisent ce but quicorrespond au concept supérieur de l'Esprit.
C'est pourquoi on doit les nommer des héros.
Ils n 'ont pas puisé leursfins et leur vocation dans le cours des choses consacré par le système paisible et ordonné du régime.
Leurjustification n'est pas dans l'ordre existant, mais ils la tirent d'une autre source.
C'est l'Esprit caché, encoresouterrain, qui n 'est pas encore parvenu à une existence actuelle, mais qui frappe contre le monde actuel parcequ'il le tient par une écorce qui ne convient pas au noyau qu'elle porte [...] Les individus historiques sont ceux quiont dit les premiers ce que les hommes veulent [...] Il serait vain de résister à ces personnalités historiques parcequ'elles sont irrésistiblement poussées à accomplir leur œuvre.
Il appert par la suite qu'ils ont eu raison, et lesautres, même s'ils ne croyaient pas que c'était bien ce qu'ils voulaient, s'y attachent et laissent faire.
Car l'œuvredu grand homme exerce en eux et sur eux un pouvoir auquel ils ne peuvent pas résister, même s'ils le considèrentcomme un pouvoir extérieur et étranger, môme s'il va à /'encontre de ce qu'ils croient être leur volonté.
Car l'Espriten marche vers une nouvelle forme est l'âme interne de tous les individus ; il est leur intériorité inconsciente, que lesgrands hommes porteront à la conscience.
»Remarque.
On voit que, pour Hegel, chez les grands hommes passion et réalisation de l'Universel sont liées : chezeux la passion est une ruse de la Raison.
2.
Hegel procède alors à une critique de l'explication traditionnelle (celle des « maîtres d'école ») :
a) Analyse : l'explication traditionnelle- voit à tort dans la passion une manie ;- inverse les rapports de cause à effet, en prenant les conséquences des actes des grands hommes pour les motifsde ces actes..
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