Les faits sont-ils la source de la connaissance objective ? La connaissance scientifique doit-elle ne s'en tenir qu'aux faits ?
Publié le 11/05/2012
Extrait du document
N.B.
On peut si l'on en est correctement informé, introduire en deuxième partie des considérations sur la difficulté qu'il y a de surcroît à « s'en tenir aux faits » (tant pour leur sélection que pour leur interprétation) en fonction des conditions idéologiques dans lesquelles s'effectue nécessairement la recherche scientifique (cf. sujet 4, troisième partie).
— Lectures
• Heinsenberg, L'idée de Nature dans la physique contemporaine
• Bachelard. Le Rationalisme appliqué
— Autres sujets
— Montrer, est-ce démontrer ? (B. 1191)
— Faut-il ne tenir pour vrai que ce qui est démontré ? (CDE. 1988)
— L'expérience familière est-elle le commencement de la science ? (A. 1993)
— L'expérience instruit-elle ? (CDE, 1991)
— Les sens sont-ils la source unique de notre connaissance ? (CDE. 1983)
.....
«
ments.
qui le modifie (de ce point de vue, le fait apparaît comme l'héritier scienti
fique
du" mouvement» aristotélicien).
• On doit opérer une distinction (de,·enue très cla-,sique) entre le fait immédiat ou
empirique - tel que now, le livre la perception quotidienne - et le fait scienti
fique.
tel qu'il est fructueusement observé.
Bachelard a notamment montré com
ment le second.
pour être repéré et productif d'une question nouvelle, doit être
construit.
Cette construction implique l'intervention de multiples facteurs ou don
nées: instruments d'observation initiale (donc, des théories que ces instruments
matérialisent).
connaissances antérieures
en fonction desquelles un événement
semble problématique, outillage conceptuel permettant une première analyse,
montage expérimental qui recompose
''en laboratoire >> le fait à étudier.
..
S'en tenir aux faits signifie au minimum cet ensemble d'opérations lorsqu'on s'inté
resse aux sciences dont les domaines sont propices à l'expérimentation.
On voit
donc que
la simple apparition des faits ou des phénomènes est loin de suffire:
l'esprit lui ajoute beaucoup (ne serait-cc que l'hypothèse) et le savoir ne peut se
constituer que par cette intrication de faits et d'idées.
• Dès que l'on se tourne vers les sciences humaines, la situation acquiert une
autre complexité.
Pour s'en tenir à un seul domaine.
on notera qu'en histoire, les
faits à
étuclier sont par définition absents: on n'en possède que des traces, des
indices.
des récits.
De plus.
on sait qu'il est impossible de s'en tenir à tous les
faits.
dont l'énumération n'aurait guère de sens, et qu'une sélection des faits jugés
intéressants est absolument nécessaire pour élaborer une explication.
Or ici tout
jugement
de fait sous-entend un jugement de valeur: il est ainsi impossible.
pour
de multiples raisons.
de s'en tenir aux faits bruts- et c'est bien pourquoi l'exi
gence d'une objectivité inspirée de celle qu'on espère des sciences de la nature n'a
guère de sens en histoire.
ou.
plus généralement.
dans l'ensemble des sciences
humaines.
• Mais dans les sciences de la nature elles-mêmes.
l'objectivité a évolué relative ment~~ sa première rigueur.
Au sens classique, être objectif implique l'absence de
déformation des faits et des phénomènes.
Mais
que devient cc principe si les faits
et les phénomènes attendus n'apparaissent pas clairement, si toute tentative pour
les repérer perturbe leur déroulement
"normal>>'? Or c'est précisément ce qu'énoncent les relations d'incertitude de Heisenberg pour l'approche des parti
cules.
Les faits.
dans
de telles conditions.
sont d'autant plus «construits>> qu'ils sont supposés (-,tatistiquement): comment donc "s'en tenir>> à ce qu'ils nous
révéleraient pour garantir l'objectivité alors qu'eux-mêmes
se révèlent si mal'?
•
La science moderne fait ainsi à sa manière la vérification, tant dans les sciences
de
la matière que dans les sciences humaines.
du bien fondé du relativisme kan
tien.
Si la Critique de la Raison pure conserve une valeur épistémologique, c'est
notamment parce
que Kant y énonce
- que la nature ne répond qu'aux questions qu'on lui pose avec précision: les
faits
bruh sont muets tant qu'on ne les aborde pas du point de vue d'un problème
à r~soudre ;
- que du« réel" nous ne percevons qu'une version qui correspond il nos struc
tures
de perception ct de pensée (l'aspect nouménal nous échappe définitivement);
-que l'on doit en cons~quence distinguer entre vérité ct réalité.
la première
n'étant qu'une
" image>>, élaborée nécessairement de notre point de vue.
de la
seconde.
• L'é\lJiution des sciences n'a fait que rendre les choses encore plus complexes.
jusqu'il nous contraindre il reconnaître 4ue les faits auxquels nous prétendons nous.
»
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