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Les évènements historiques sont- il par nature imprévisibles ?

Publié le 11/11/2005

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Du récit comme commémoration au récit signifiant, la conscience n'a qu'un pas à faire. L'histoire moderne s'est donc construite comme une entreprise rationnelle, cherchant à dégager les lois des processus historiques. Il y a aurait donc un sens de l'histoire que l'historien aurait à déterminer. On commence par établir les faits et leur logique. Puis on cherche à déterminer l'enchainement causes et les effets  à partir desquels l'on établit quelques grandes lois historiques. La causalité historique est une des théories des facteurs du devenir. Devenir et loi, en ce sens, amène à la conception métaphysique de la nécessité universelle que décrit Spinoza. C'est l'histoire comprise rationnellement au sens de Dilthey. Certains historiens insistent sur la géographie, les autres sur les mentalités, ou sur les structures sociales et les conflits de classes, tels les historiens marxistes. Par exemple, cette théorie du nationalisme qui veut qu'il y ait deux logiques de l'idée de nation (Alain RENAUT.
  • Evénement :

Ce terme vient du latin evenire, se produire. La définition générale de l’évènement le ramène à un élément du devenir dont le surgissement est perçu ou conçu comme  une rupture de sa trame.

  • L’histoire :

C’est le déroulement effectif des évènements qui affectent l’humanité, mais aussi la connaissance de ces évènements articulée dans un récit.

  • Le problème posé par ce sujet apparaît clairement grâce à la définition de termes qui forment l’expression évènement historique. Si l’évènement est surgissement, rupture de la continuité, il est par nature imprévisible : sans continuité on ne peut déduire donc on ne peut induire. Un simple phénomène devient un évènement quand il introduit une variable dans les données, par exemple dans les données spatio-temporelle en physique cantique. Mais l’histoire, en tant que discipline, s’emploie à être conscience du temps : elle ne compile pas seulement les faits (ceci, c’est les calendes des grecs) mais elle relève les dynamiques propres à l’histoire en tant qu’objet de connaissance, c'est-à-dire les lignes de continuité entre les phénomènes. Ici c’est la racine grecque du mot qu’il faut rappeler : histor, celui qui sait. Connaître son histoire c’est s’armer pour l’avenir et éviter le retour du même que l’on ne manque pas noter à chaque nouvelle période. Dès lors, c’est la possibilité même de la notion d’évènement historique qu’il nous faut discuter.

 

« temps humain, qui constitue le premier contenu de la conscience historique.

Quels que soient les progrès de larecherche historique comme « histoire totale » (Fernand Brodel), on ne peut pas dire que celle-ci soit engagée dansce que Kant nomme « la route sûre de la science ».

L'objectivité de l'historien, lorsqu'il dégage la rationalité d'unprocessus historique n'est pas celle d'un scientifique ; Vico faisait remarquer que la différence entre l'histoirenaturelle et l'histoire humaine est que nous avons fait celle-ci et non celle-là.

La méthode scientifique nous permede garantir l'objectivité des faits naturels observés.

Tandis que les faits humains « tombent et ne tombent pas sousle sens » (Marx).

Les sciences historiques et les sciences de l'esprit comprennent des singularités historiques : des évènements comme rupture de la continuité.

On peut donc comprendrerationnellement l'histoire, mais on ne peut pas l'expliquer sur le modèle dessciences de la nature.

Ainsi l'évènement redevient la production d'un nœudsingulier dan l'enchainement des causes et des effets (Boèce, la définition duhasard).

L'évènement, c'est l'accidentel, le signe de la contingence radicaledu temps et de l'amoralité de l'histoire.

Après la Shoah, c'est une évidence :l'humanité ne se déploie pas vers la pleine réalisation d'elle-même, ladynamique du temps ce n'est pas le progrès.

Toute philosophie de l'histoire serapporte alors à la volonté d'établir des notions universales, dont Spinoza amontré l'action néfaste sur la morale et la pensée scientifique.

III. L'évènement comme moyen d'organisation Est-ce à dire l'évènement est irrationnel ? Nous avons dit qu'il est accidentel.En fait, cette accidentalité même désigne à son voisinage un ordre causal quila réintègre dans la trame de la temporalité qu'elle rompt.

Leibniz décritchaque substance comme comprenant virtuellement tout les évènements quiconstitueront sa temporalisation propre dans l'existence, de sorte qu'unentendement les lit d'un seul regard.

S'il est produit par le temps selon uncertain ordre que nous ne pouvons que saisir rétrospectivement, l'évènementà son tour rompt le cours du temps et reconfigure son ordre.

Il le reconfigure,il ne le détruit pas.

Il devient un principe d'orientation dans la durée.

C'est dans la conception chrétienne de latemporalité que l'on trouve l'illustration la plus caractéristique de cette temporalité : l'évènement, c'est l'avènementdu Christ.

Il est pensé comme articulation de la temporalité à l'éternité et avènement de la Loi nouvelle.

On voit bienégalement que chez Rousseau, l'évènement est principe d'organisation : c'est la première clôture qui marque lafondation de la vie civile.

Nous pouvons définir l'évènement historique comme le point saillant permettant au discours historique de constituerdes époques et de scander le temps long.

Il ne cesse de participer de la double nature du surgissement et de cequi, ayant surgi, s'accumule et forme la tessiture même du temps.

La question n'est donc pas de savoir sil'évènement historique et prévisible ou non : cela est une question que l'on posera plutôt à l'astrologie ou à lacartomancie.

La question est de savoir ce qui dans l'évènement historique joue comme principe organisateur de laséquence présente.. »

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